Tribunes des partis politiques - Viva n°334 (juin à août 2020)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Préparer l’après

Incertitudes. Ce mot est sans doute le plus approprié à la période que nous traversons. L’état d’urgence sanitaire est proclamé jusqu’en juillet. Nous sommes face à une triple crise (sanitaire, économique et sociale) qui nécessite de la responsabilité et sans doute des changements importants dans notre approche des sujets.
Pour les membres de notre groupe, la priorité doit être la santé de nos concitoyens. Mais il convient également de répondre à l’urgence sociale partout où la crise a mis en évidence les situations de pauvreté et d’inégalités. La solidarité doit intervenir pour que vivent décemment celles et ceux qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaître. Il faut inventer et consolider, au plan national et local, des protections collectives, des politiques qui permettent de concilier impératifs sanitaires et justice sociale.
La crise a illustré, en dépit du dévouement de son personnel, la fragilité de l’hôpital public. Sur ce domaine, comme pour bien d’autres, il est nécessaire de mettre fin à une approche fondée sur la seule austérité budgétaire et le respect de critères économiques qui n’ont jamais fait preuve de leur efficacité. Il est temps de rappeler que toute dépense de l’argent public n’est pas synonyme de gabegie mais d’investissement social, que la solidarité fiscale est un élément de cohésion sociale. Comment réclamer des moyens humains et matériels pour la santé, pour les Ehpad, pour l’école… sans accepter que les dotations engagées soient considérées comme des dépenses d’investissement humain.
Les élus de notre groupe défendent une société solidaire où l’humain doit être le premier critère qui compte. Pour construire cette société solidaire, la puissance publique, nationale ou locale, doit pouvoir agir pour répondre aux priorités économiques et sociales. Personne ne sait ce que sera demain. Reste à ce que la réponse à la crise soit solidaire. C’est l’espoir que nous partageons avec vous.
Groupe Socialistes et apparentés

 

Mai 2020

Ce mois de Mai restera gravé chez tous, chez les militants, avec l'absence du défilé pour la fête du travail, même si chacun a mis pancartes et chiffons rouges au balcon, même si avec les distances réglementaires certains se sont réunis... il n'y a pas eu de défilé !
11 mai : le déconfinement, plus besoin d' ”autorisation” pour circuler. Le retour à l’école pour les enfants se prépare et  retour au travail pour les parents. Pourtant l’inquiétude légitime des militants  Communistes de Villeurbanne et de nos concitoyens se fait jour. Une fois encore l’incurie du gouvernement fait rage, lequel transfère ses responsabilités aux communes notamment pour la rentrée scolaire sans octroyer de moyens supplémentaires. Dans ce transfert de responsabilité, beaucoup de parents ne savent plus quoi faire. Ce choix cornélien, entre la scolarité de leurs progénitures en mode dégradé et la santé de leurs enfants voire de toute la famille ne fait qu’aggraver le sentiment d’angoisse et d’incertitude.
La période aura été propice à la réduction des droits des salariés. Impossibilité de faire fonctionner correctement les institutions représentatives du personnel, droits aux congés rognés, télétravail non encadré qui conduit les salariés à des surcharges de travail, droit de retrait rendu quasi interdit et pour couronner le tout, il est annoncé qu’il va falloir travailler plus, lors de la reprise, sans augmentation de salaire. Autrement dit travailler gratuitement. De plus, la non reconnaissance systématique du COVID 19 en maladie professionnelle dédouane les employeurs de toute responsabilité et démontre un peu plus où penche la balance de nos gouvernants face à cette pandémie.
Seule la redistribution de la richesse créée par le travail sur les salaires permettra à notre nation, nos régions, nos départements, nos communes d’être mieux en phase avec les aspirations de nos concitoyens.
Défendons nos salaires contre les actionnaires !
Groupe Communistes et républicains

Plus que jamais, le droit aux vacances pour tous !

Chaque année, des milliers d'enfants n'ont pas l'occasion de quitter leur ville ni d’accéder à des loisirs de qualité dans le cadre de leurs vacances scolaires. Avec la perte de pouvoir d'achat et les restrictions de déplacement liées à la crise sanitaire, il est à prévoir que cette situation s’aggrave cet été. Combien de familles vont faire l'impasse sur leurs vacances ?
Comme chaque année, la ville assurera des animations dans les quartiers, comme la caravane des sports ou les animations en pied d’immeuble, avec évidemment des précautions sanitaires renforcées. Mais quid des colonies, des camps de vacances et des accueils de loisirs qui risquent de ne pas pouvoir ouvrir ?
Pour les plus petits, rien n’est plus discriminant que les vacances : l’accès, la durée, la destination, le mode d’hébergement marquent autant de différences et d’inégalités. Cela n’est pas à prendre à la légère. Les vacances représentent un temps important de socialisation et d’émancipation, particulièrement chez les plus jeunes. De même, ce temps entre deux périodes scolaires est aussi l’occasion de redonner confiance, dans un autre environnement, à des élèves décrocheurs.
Un bord de mer, un coin de campagne ou la montagne assurent un dépaysement physique et mental, permettant l'ouverture à l’autre, la découverte ou tout simplement le repos. Ce sont des temps et des lieux d’évasion et d’épanouissement, où ils font l’apprentissage de l’autonomie et de la vie en groupe.
La réduction de l’activité des camps de vacances, des colonies et des centres de loisirs menace les associations jeunesse et d’éducation populaire ainsi que leurs salariés. C'est pourquoi il est vital d’accompagner ces structures face à la crise et de pérenniser leurs moyens pour rendre effectif le droit aux vacances, à la culture, aux loisirs et au sport.
Nous devons tout faire pour garantir le droit aux vacances, particulièrement pour les jeunes, et pour accompagner un maximum de familles vers des vacances de qualité.
Groupe Radical Génération Ecologie et Citoyens

Démocratie en danger : une reprise urgente

Le 1er tour du scrutin municipal et du scrutin métropolitain a eu lieu le dimanche 15 mars 2020.
Débattre de l’intérêt de son maintien ou non n’a plus de sens maintenant. Le passé est passé.
Un comité d’expert a fourni au gouvernement les éléments pour prendre une décision.
La vie a été ralentie. Elle reprend petit à petit son rythme normal dans un contexte particulier que personne ne peut nier.
Il faut maintenant permettre à toutes les collectivités de reprendre le cours normal de leur vie et donc permettre à la démocratie de s’exercer.
De nombreux conseils municipaux ont été élus et sont maintenant rentrés dans l’exercice de leurs fonctions. Revoter serait revenir sur la légitimité de ces élections. Quand une seule liste était présente, la déligitimer serait un non sens.
A Villeurbanne et dans la Métropole, il faut aussi que le deuxième tour ait maintenant lieu.
Il en va de la commande publique et des projets d’investissement.
Il en va de la représentativité de notre collectivité dans les écoles, les collèges, la SVU et tous les organismes où notre commune est représentée.
Il en va aussi du budget de notre collectivité, de son amendement le cas échéant par une nouvelle équipe, de la gestion du personnel municipal et de son suivi.
Le temps viendra ultérieurement de l’analyse des choix politiques bons ou mauvais qui ont été faits au niveau national par le gouvernement d’Edouard Philippe et le Président de la République Emmanuel Macron. Si ces choix ont été faits au détriment de la population ou sans l’en informer, ils auront à en répondre devant nos institutions. C’est le rôle donné au parlement par la Constitution, et plus tard aux historiens par notre société.
Groupe Les Républicains – Changeons Villeurbanne

Le monde d’après

Chacun a sa petite idée sur les conséquences de la crise sanitaire en cours. Qu’en sera-t-il vraiment ?
Il faut « relocaliser l'industrie », entend-on fréquemment. Mais nous avons, semble-t-il, oublié les raisons qui ont conduit aux délocalisations : le coût du travail pour l’essentiel. Sommes-nous prêts à sacrifier une partie significative de notre pouvoir d’achat afin de payer plus cher des produits à nouveau fabriqués en France voire en Europe ? Rien n’est moins sûr !
Naturellement, certaines fabrications stratégiques seront relocalisées et au minimum celles des masques de protection voire de quelques médicaments, mais fabriqués en France, ils coûteront plus chers.
L’autre écueil à la relocalisation est que de nombreux pays vont tenter cela, en espérant vendre à leur voisin. Il y aura donc de nombreux perdants à la relocalisation, sauf s’il s’agissait d’une planification concertée par l’Europe. Toutefois, les égoïsmes ambiants, voire les nationalismes agiront contre une nouvelle coordination européenne.
« Il faudra renationaliser », entend-on de par ailleurs. Certes, cela sera peut-être nécessaire dans quelques cas pour retarder des faillites, mais l’État actionnaire est presque tout le temps un mauvais stratège. Il a tendance à imposer des règles populaires comme des prix modérés, mais bien souvent elles conduisent à des faillites au moins financières. C’est un peu ce que fait l’État français avec EDF en imposant un tarif réglementé de l’électricité bien en deçà de la moyenne européenne … et EDF va très mal sur le plan financier.
Il est probable bien au contraire, surtout si l’Europe ne peut ou ne veut pas réguler les marchés, que la mondialisation s’accélère, car les grands groupes tenteront de diversifier leur approvisionnement et donc de délocaliser dans plusieurs pays pour être moins tributaires d’une nouvelle crise sanitaire.
Notre plus grand espoir réside donc dans une réponse coordonnée de l’Europe. Citoyens, il est nécessaire de réfléchir à plus long terme pour l’avenir des futures générations.
Hervé Morel,
Groupe centriste UDI

Confinement et inégalités scolaires

Durant les 8 semaines de confinement, les classes ont été vides, mais les enseignants ont mis en place une continuité pédagogique, afin de garder le lien avec leurs élèves et leur permettre de continuer des apprentissages. Mais derrière cette « école à la maison », se cachent des situations très diverses, faisant ressortir de nombreuses inégalités entre élèves. D'une part, chaque enfant ne dispose pas d'un espace calme, pour faire ses devoirs et d'un jardin pour l'activité physique. D'autre part, les inégalités sont importantes dans l'accès au numérique, selon les territoires et les catégories sociales : 71 % des familles les plus modestes ont un ordinateur contre 91 % au sein des 20 % les plus aisés.
Les apprentissages quels qu’ils soient, et surtout en temps de confinement, reposent notamment sur les parents. Leur rôle dans l’accompagnement aux devoirs s'est renforcé. Or, ils n’ont pas la même maîtrise des codes scolaires, ni le même accès aux ressources culturelles.
La décision du gouvernement de laisser le choix aux parents de remettre leurs enfants à l'école ou non est discutable pour le bien des enfants et l’égalité : elle aurait dû faire en sorte que chaque élève renoue avec l'école, à temps partiel et dans de petits groupes.
D'autant que la coupure prochaine des vacances d'été, accentuera encore un peu plus les inégalités : dans les familles les plus favorisées, les compétences scolaires des enfants continueront à progresser, ce qui sera plus compliqué  pour les enfants des milieux plus modestes. Par exemple, c’est traditionnellement pendant l’été que les progrès en lecture d’élèves de CP sont très corrélés avec leur origine sociale.
Enfin, il est impératif que des activités éducatives, sportives, culturelles et de loisirs soient proposées aux enfants et aux adolescents cet été à Villeurbanne. Sans remplacer les apprentissages et la sociabilité perdus pendant le confinement, les vacances d'été peuvent et doivent donner l'occasion de découvertes et curiosités éducatives nouvelles.
Zémorda Khelifi
Groupe Rassemblement citoyen EELV-FDG

Macron, le rempart le plus sûr contre la réussite

A l'heure où vous lirez ces lignes, nous saurons ce qu'il en est de la décision prise sur la tenue (baclée) ou pas du second tour des élections municipales et métropolitaines ; souhaitons que la raison conduira à refaire ces deux tours à la rentrée prochaine. N'attendons rien du côté du droit qui ne prévoit pas grand chose dans cas de figure, sauf à définir que l'élection municipale est un bloc, une élection unique sur 2 tours espacés d'une semaine selon l'article L 227 du code électoral.
Ici à Villeurbanne, la majorité de gauche est plutôt heureuse de son sort, un résultat acquis avec 70% d'abstention mais peu importe, on passera bien vite sur ce petit détail qui n'a d'importance que pour les autres. Il faut dire que JP Bret est surtout occupé à régler ses comptes avec ses anciens amis ; c'est OK Coral (à peine moins brutal) à la mairie !
Quant à la sincérité du scrutin, beaucoup s'assoient dessus. Pourtant, le Royaume-Uni, plus rigoureux, vient de reporter d'un an ses élections municipales. De toutes façons, quelle que soit la solution retenue, elle sera bancale. Faut-il se résigner car on s'achemine vers une suspension progressive de la légalité normale ? Dans cet exercice, le gouvernement nous aura montré l'étendue de son amateurisme tout au long de cette période qui restera un échec lamentable dans les annales historiques de la vie démocratique française. Un gouvernement guidé par un chef dont l'idéal repose sur la surface des choses, c'est sa com'. Il a du talent ... pour ça.
Ses erreurs de diagnostic, surtout sur la crise sanitaire, sont légion et nous en payons le prix fort. Nous sommes soumis depuis trop longtemps à une élite (ou prétendue telle) de plus en plus éloignée qui n'a su que confisquer le pouvoir et pour qui tout le projet politique se résume à adapter l'économie (par exemple) et la société à la mondialisation dont nous sommes les perdants = pour rappel la gestion lamentable des masques.
Michèle Morel,
Groupe Rassemblement national

 

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