OPINIONS - Tribunes des partis politiques - Viva n°383 (novembre 2025)
2 novembre 2025 - Mis à jour le 14 novembre 2025
Associations : ça ne tient plus
Le 11 octobre dernier, le mouvement associatif organisait une journée nationale de mobilisation. Passée inaperçue face à une séquence politique grand-guignolesque qui a saturé l’espace médiatique, elle dénonçait pourtant avec justesse les difficultés de structures essentielles pour notre vie quotidienne. En 2024 la France comptait 1,3 millions d’associations avec environ 15 millions de bénévoles dans des champs aussi différents que la solidarité, la protection de l’environnement, la jeunesse, la culture, le sport… Le « milieu associatif » vient en complément du service public et permet à chacun·e de s’épanouir dans les activités de son choix. C’est aussi un secteur économique important avec près de 2 millions de salarié·es (9 % de l’emploi salarié), y compris dans des quartiers délaissés par l’économie conventionnelle. Pourtant les associations souffrent en silence de la crise budgétaire : 45 % déclarent une diminution de leurs subventions. En cause directe, les baisses des dotations de l’État, couplées parfois aux diminutions de celles des collectivités fragilisées par leurs baisses de recettes. Pendant ce temps, la dissolution de juin 2024 et l’instabilité politique qui s’en est suivie aurait coûté entre 15 et 20 milliards (source OFCE). Avec des ressources en baisse et face à une cette instabilité, les associations n’ont aucune visibilité sur leur avenir, gelant les nouveaux projets autant que les recrutements. Pour qu’une société « tienne », les associations doivent pouvoir vivre, y compris avec une part d’argent public. À chaque crise historique elles ont su répondre à de nouveaux enjeux pour continuer à « faire société ». Des défis majeurs sont devant nous : solitude, petite enfance, santé mentale, addictions, protection de l’environnement... Faire plus avec moins ne sera pas possible. Soutenir les associations, c’est soutenir notre démocratie et prendre soin de notre capacité à vivre ensemble. À Villeurbanne comme ailleurs.
Nous contacter : assistant.groupeLE@mairie-villeurbanne.fr
Groupe Les écologistes
Face au pillage des services publics, un autre modèle est possible
Après les EHPAD et les crèches, vient le tour des pompes funèbres de faire l’objet d’une enquête journalistique –
« Les Charognards » – publiée le 17 octobre dernier et qui alerte sur l’exploitation outrancière et cynique de la mort, profitant de la vulnérabilité des familles et des proches endeuillés. 3 milliards d’euros, soit le montant annuel largement amassé par deux principaux groupes privés détenus par des fonds d’investissement. Comment ? Par la mise en œuvre méthodique de pratiques commerciales immorales et une « pression du chiffre » infligée sur les employés de ce système. Les témoignages sont glaçants, les conséquences sont irréparables. Ce type d’industrialisation poussé à l’extrême doit nous interroger. Au fond, quel modèle voulons-nous ? La logique marchande doit-elle systématiquement devenir la norme, quitte à mettre de côté les personnes les plus précaires et les plus isolées d’entre nous ? En réalité, cette question a déjà été tranchée à Villeurbanne en faisant le choix de maintenir un service public funéraire qui n’a pas à dédommager d’actionnaires, mais qui se met justement au service de nos concitoyens dans l’accompagnement, dans la sobriété de l’offre et la démarche écologique. Cela a d’ailleurs été rappelé par notre groupe lors du dernier conseil municipal en soulignant la baisse de plusieurs tarifs pour garantir à chacun des obsèques empreintes de dignité et de respect pour les défunts. Une preuve par l’exemple que la sauvegarde et la modernisation de nos services publics, en dépit des restrictions budgétaires de l’Etat, sont une réponse humaniste face aux dérives des privatisations excessives. Si ce modèle de solidarité et de cohésion sociale est souhaitable, il doit plus que jamais être défendu pour permettre plus de justice sociale et d’égalité entre les femmes et les hommes. Notre groupe restera mobilisé sur cet enjeu essentiel.
Nous contacter : assistant.groupeSCV@mairie-villeurbanne.fr
Groupe Socialistes et citoyen·ne·s villeurbannais·e·s
Les drogues sont un problème de santé publique !
Malgré la vidéosurveillance et les effectifs de police mobilisés à Villeurbanne, nous constatons toujours du trafic et de la consommation de drogues dans notre ville. Chassés du Tonkin, ils se déplacent désormais vers le quartier de Cusset et le parc de la Commune. Voir ce problème uniquement sous l’angle sécuritaire ne le solutionne pas : les trafics se déplacent. Il faut donc aller à la racine du problème. La consommation de drogues est un problème de santé publique, une addiction dont les causes et facteurs de risque sont complexes et résultent souvent d’une interaction entre plusieurs éléments (environnementaux, génétiques, psychologiques). C’est une situation à envisager globalement sur ses causes (troubles en santé mentale, souffrance au travail, absence de perspectives, discriminations…) et sur les politiques de réduction des risques. Certaines sont déjà testées en Europe et en France. A Genève, depuis 20 ans, une salle de consommation a permis d’éradiquer la transmission du VIH et de faire drastiquement diminuer la mortalité par overdose. La même chose est constatée à Paris et Strasbourg, avec notamment la diminution par trois des seringues abandonnées dans la rue. L’agence de l’Union Européenne sur les drogues propose également des « réponses sanitaires et sociales » distinctes de la répression. D’une part, la prévention pour tous·tes ou ciblée : au sein de la famille, à l’école, en milieu professionnel et dans l’environnement, pour
« faire du choix sain l’option la plus aisée ». Elle propose également de
favoriser la réinsertion sociale, professionnelle et par le logement, de consommateurs souvent marginalisés, auxquels on pourrait ajouter les « petites mains » du deal, souvent eux-mêmes victimes de plus gros trafiquants. Enfin, la légalisation nationale du cannabis permettrait aux consommateurs de sortir de leur isolement pour demander de l’aide, et libérerait du temps pour des enquêtes de police et de justice vers des trafics de drogues à plus haut risque.
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !
Ode au parlementarisme
Nous n’étions pas de ceux qui contestaient l’utilité de l’article 49.3 de la constitution. En engageant sa responsabilité, le Premier ministre faisait valoir le soutien d’une majorité parlementaire à ses orientations. Il permettait d’éviter les blocages parlementaires quand il était utilisé avec parcimonie. Au fil des années, son usage de plus en plus systématique reflétait la dévitalisation de l’Assemblée nationale, entre députés godillots de la majorité et oppositions stériles. L’éclatement de l’Assemblée aura eu raison du 49.3. Le choix du Premier ministre de ne pas y recourir est un signal fort. Il fait peser sur les députés la pleine responsabilité de la fabrique de la loi. C’est un renversement heureux que cette reconnaissance de la prééminence du parlement sur le gouvernement. Cela oblige les députés à retrouver le goût du débat et du compromis. La Ve République a rendu les parlementaires incapables de travailler, habitués qu’ils sont à une configuration dans laquelle un bloc majoritaire impose ses vues à une opposition minoritaire. Les IIIe et IVe Républiques faisaient la part belle au parlementarisme. Si les gouvernements étaient instables, cela n’a jamais empêché le parlement de fabriquer la loi, de réformer structurellement le pays ou de procéder à des avancées sociales majeures (laïcité, scolarisation, droits sociaux, Union européenne, processus de décolonisation…). Les députés vont-ils se rappeler qu’ils ont été élus pour examiner des textes de loi, en débattre et les amender ? Ou se plaisaient-ils à n’avoir pour seule fonction que d’appuyer sur un bouton pour dire s’ils validaient ou non le gouvernement ? Le débat budgétaire vient de commencer, en commission, à l’heure où nous écrivons ces lignes. On va pouvoir discuter des propositions : exit tax, défiscalisation des pensions alimentaires, taxe Zucman, rétablissement de l’ISF... Pour chacun de ces choix, qu’on les soutienne ou qu’on les combatte, ils résulteront de l’accord d’une majorité de députés.
Jonathan Bocquet
Groupe Cercle Radical et Place Publique
Tuées parce que Femmes !
Dans le monde, une personne est tuée toutes les 10 minutes parce qu’elle est une Femme ou une Fille. En France, c’est tous les 3 jours qu’une Femme meurt sous les coups de son conjoint ou de son ex. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 129 féminicides ont été recensés depuis janvier. Ces faits extrêmes s’inscrivent dans un continuum de violences faites aux Femmes : en 2023, le Ministère de l’Intérieur a enregistré plus de 271 000 victimes de violences conjugales, 319 tentatives de féminicide et 773 suicides de Femmes victimes de violences. Pourtant cette même année, près de la moitié des affaires de violences conjugales étaient classées sans suite. L’État n’arrive pas à protéger les Femmes. Le sort des victimes est souvent désastreux : ensemble, police, justice et médias dissuadent les victimes de porter plainte. Questions humiliantes, minimisation des faits, inversion de la culpabilité : à ce titre le procès des viols de Mazan a montré toute la violence du système à l’encontre des Femmes qui demandent justice. Autrice d’une thèse de doctorat de sociologie de l’ENS de Lyon sur cette question, Margot Giacinti dénonce un échec systémique : « la justice et les médias contribuent à dépolitiser les féminicides en les réduisant à des drames individuels » alors que ces crimes reflètent « une société où les hommes se croient en droit de disposer du corps et de la vie des Femmes ». Pendant ce temps, des essayistes réactionnaires tentent de renverser la situation, s’alarmant des “excès de #MeToo” : le problème serait la libération de la parole des Femmes, et non l’impunité des auteurs de violences. Le combat est engagé, il ne faut rien lâcher : soutenir les associations, exiger des résultats des pouvoirs publics. Briser le silence, croire les victimes. Comme le rappelle Margot Giacinti : « Le féminicide n’est pas une fatalité. C’est le résultat d’un
système. Et les systèmes, on peut les renverser ». Le 25 novembre, nous serons toutes et tous mobilisé•es dans la rue !
Groupe Communistes et Républicains
Enfin un lieu en hommage à Samuel Paty !
Après cinq ans d’attente, Villeurbanne a enfin rendu un hommage à la hauteur de Samuel Paty. Enfin, en effet, car après « le temps de l’émotion » qui avait été avancé par l’exécutif en 2021, et les multiples rebondissements autour de l’identification du lieu le plus approprié, et notamment le premier choix l’année dernière qui avait dû être retiré car l’espace était en fait déjà nommé, nous commencions à croire que cela ne se ferait pas sous ce mandat… Aussi l’esplanade devant l’École Nationale de Musique (ENM), nous semble correspondre à ce qui pouvait être attendu en termes de centralité, d’espace et de symbolique du lieu. En effet, bien qu’il ne s’agisse pas d’un établissement d’enseignement secondaire dépendant de l’Éducation nationale, la renommée de l’ENM et son fort rayonnement répondent selon nous aux critères attendus d’un tel hommage. Comme l’a dit le conteur danois Andersen «là où les mots manquent, la musique parle», espérons que le message de la musique soit un gage de concorde afin qu’un acte tel que celui qui a coûté à Samuel Paty, en portant gravement atteinte à nos libertés, à la dignité humaine et à nos valeurs républicaines, ne se produise jamais à Villeurbanne. Si le combat pour la liberté d’expression et l’accès à une connaissance éclairée est celui de tous et pas uniquement des enseignants, c’est l’occasion de rappeler le rôle de certaines organisations : bien évidemment la Licra mais également d’autres moins connues comme « les Racines de demain » qui œuvrent en faveur de la laïcité, de la lutte contre tous les racismes et l’antisémitisme et surtout en faveur d’une citoyenneté partagée. Sur un sujet mémoriel assez proche, nous serions ravis de connaître prochainement le lieu qui devrait être retenu pour planter un arbre en l’honneur d’Ilan Halimi.
Nous contacter : assistant.groupeVP@mairie-villeurbanne.fr
Les élus d’opposition du Groupe Villeurbanne progressiste