OPINIONS - Tribunes des partis politiques - Viva n°366 (décembre 2023-janvier 2024)
4 décembre 2023
Surconsommation et souffrance au travail : les deux faces d’un même symptôme
Aujourd’hui, la vitesse et la surconsommation sont devenues la norme, accentuant nos impacts environnementaux et sociétaux. Nos rythmes de vie sont soumis à une accélération continue liée à un monde dit « moderne » largement numérisé. Le numérique devrait nous faciliter la vie, les gains de productivité devraient nous dégager du temps pour nous-mêmes et nos proches : c’est l’inverse qui se produit. L’instantanéité de nos envies à bout de clic a des conséquences directes sur notre environnement et notre bien-être. Pourtant, les commandes depuis l’autre bout du monde sont souvent évitables. Dans la mesure de nos moyens, essayons de consommer en privilégiant les produits biologiques, durables et locaux, les marchés de producteurs et les petits commerces pour faire plaisir tout en réduisant l’empreinte environnementale et en soutenant l’économie locale. Cette course effrénée pour produire plus et livrer toujours plus rapidement conduit à des conditions de travail indignes à l’autre bout du monde et ont ici un impact négatif sur notre santé au travail (stress, épuisement professionnel...). La réduction du temps de travail, la semaine de 4 jours et une culture d’entreprise axée sur le bien-être des salarié•es sont des exemples concrets de la manière dont nous pouvons améliorer la santé au travail. Du «Black Friday» jusqu’à la « trêve des confiseurs », comme le chante Alain Souchon, « on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires ». C’est pourtant l’occasion d’une transformation significative pour celles et ceux qui ont déjà l’essentiel : offrir du temps, de l’attention, des cadeaux faits mains, ou des dons à des causes (humanitaires, environnementales...) plutôt que des objets «jetables» et superflus. En privilégiant l’essentiel et la qualité sur la quantité, le lien et la générosité sur le prêt-à-jeter, nous pouvons bâtir une société plus durable et plus solidaire.
Joyeuses fêtes et très belle année 2024 à toutes et tous !
Zémorda Khelifi - Groupe Les écologistes
Trafic de drogues : le ministère ne répond plus
Les fusillades survenues début novembre dans le quartier du Tonkin ont ravivé les inquiétudes des habitants et de l’ensemble des Villeurbannais. Ce ras-le-bol généralisé a même conduit à des actions citoyennes, certes courageuses, qui invitent au sursaut. Si depuis 2020, la Ville a renforcé ses propres effectifs policiers, investi dans la vidéosurveillance et dans un poste de police mobile au Tonkin, elle ne peut à elle seule apporter la réponse policière adaptée aux violences liées aux trafics de stupéfiants. L’État doit être en première ligne, avec l’appui des collectivités ; pas l’inverse. Villeurbanne a pourtant accédé à toutes les demandes formulées par les autorités locales : Ville, Préfecture et Parquet jouent pleinement le jeu de la coopération. Le silence du ministère de l’Intérieur se fait aussi pesant que le manque de moyens chronique dont pâtit tout le nord-est lyonnais. Fin novembre, 300 000 habitants se partageaient un seul commissaire sur une zone qui en compte normalement trois. La Préfecture a reconnu que la situation est enracinée et n’a pas tardé à mener des actions coup-de-poing pour démanteler des points de deal et renforcer la présence policière (CRS) au Tonkin, des mesures saluées par les élus et riverains associés à la démarche. Nous restons toutefois dans l’attente de solutions pérennes, comme le classement du Tonkin comme « quartier de reconquête républicaine », avec à la clé des effectifs policiers dédiés, ou encore la dépénalisation du cannabis qui reçoit un soutien citoyen et politique indéniable. Ces deux options ont été balayées par Gerald Darmanin, sans pour autant proposer d’alternative ou de palliatif aux manques pointés par le maire de Villeurbanne. Depuis 2020, nous avons pu compter sur une remarquable implication citoyenne autour des questions de sécurité et de tranquillité. La municipalité valorise la connaissance des acteurs et actrices de terrain pour adapter ses moyens d’action dans une recherche constante de vivre-ensemble au sein de chaque quartier villeurbannais.
Groupe Socialistes et citoyen•ne•s villeurbannais•e•s
Au Sénat, 210 personnes en cours de radicalisation xénophobe
Il y a 40 ans, 32 personnes ont parcouru plus de 1 000 kms entre Marseille et Paris lors de « La marche pour l’égalité et contre le racisme ». Leurs revendications d’alors font toujours écho aujourd’hui : faire cesser les crimes racistes, dénoncer les brutalités de policier•es envers les jeunes d’origine maghrébine, mais aussi le droit au logement, au travail, à l’éducation. Bref, une égalité réelle entre tous•tes les citoyen•nes et plus de droits pour les personnes étrangères. C’est pourtant l’augmentation des discriminations sur fond de xénophobie qui est prévue dans la n-ième loi sur l’immigration portée par G. Darmanin. Établissement de la double peine, renforcement de l’amalgame entre étranger•es et délinquance, OQTF systématiques, retrait du titre de séjour en cas de non-respect des « principes de la République » : rien que ces mesures semblent tout droit sorties d’un tract du RN. Les trouvant certainement trop laxistes, la droite sénatoriale n’a fait que rajouter l’obscénité à l’indécence. Elle a confirmé la radicalisation de LR, en allant puiser directement dans le programme de l’extrême-droite. La seule mesure présentée comme « humaniste », qui accordait un titre de séjour d’un an pour les travailleur•euses des métiers en tension, a été supprimée. Les sénateur•ices ont voté la suppression de l’aide médicale d’Etat, avec l’aval du ministre. Rappelons que celle-ci permet que chacun•e ait accès aux soins de santé. La supprimer est non seulement immoral, mais c’est surtout stupide : protéger la santé des individus, c’est protéger celle de tout le monde. Auraient-ils oublié l’épidémie de Covid ? Nous savons pourtant bien qu’une autre voie est possible : renforcer le droit du sol, lutter contre les discriminations comme nous le faisons à Villeurbanne, régulariser les personnes sans papier, prendre en charge les exilé•es… Les personnes qui quittent leur pays le font toujours dans la douleur et par obligation. Les accueillir dignement, c’est notre devoir d’humanité.
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !
Parlons de notre santé mentale
C’est un sujet de plus en plus présent, mais ça n’est pas forcément un bon signe. La santé mentale des Français se dégrade considérablement depuis ces dernières années et il s’agit là d’un réel problème de société. Les plus jeunes d’entre nous sont d’ailleurs les plus touchés. De la leur parcours scolaire effectué à distance à l’exacerbation d’un sentiment d’éco-anxiété, en passant par les difficultés grandissantes d’insertion sur le marché du travail, le présent et l’avenir sont pour beaucoup plus brouillés que jamais. Et depuis plusieurs mois, les articles de presse sur les décrochages, burn-out se multiplient. Encore un signal d’alarme pour interroger notre rapport au travail. De plus, il n’est pas contestable que le cercle vicieux de la pauvreté s’enclenche lorsque celle-ci provoque des souffrances psychiques telles que la dépression, les addictions ou des troubles anxieux. Prendre soin des plus fragiles, c’est contribuer à l’amélioration de leur bien-être dans tous les sens du terme. A l’échelle d’un pays, plus on trouve des inégalités de revenu, plus on constate des troubles psychiques en proportion de la population. Enfin l’accès aux soins en matière de psychiatrie est à l’image de l’hôpital public d’aujourd’hui : en manque de moyens, de professionnels et d’humanité pour accueillir dignement chaque personne. On compte aussi un psychologue pour 13 000 habitants quand il y a un médecin généraliste pour 300. Villeurbanne s’est notamment emparée du sujet avec son Contrat local de santé mentale. Car pour prendre soin de soi il ne faut pas tomber dans le piège de l’individualisation des troubles psychiques : les causes et les leviers d’actions sont collectifs. C’est de la structure et du fonctionnement de notre société que dépendent en très grande partie les individus et leur comportement. Il est donc essentiel de rebâtir des politiques sociales d’envergure pour renforcer nos communs.
Groupe Génération.s
Historique
Il s’agit peut-être de la décision la plus importante de la ville depuis près de 100 ans. À l’époque, Villeurbanne, confrontée à une crise du logement, a mis en œuvre la construction des Gratte-Ciel en créant la Société Villeurbannaise d’Urbanisme, société à capital public et privé, préfigurant d’un demi-siècle les sociétés d’économie mixte. Il faut mesurer l’intuition et le courage de Lazare Goujon, de créer un centre-ville à vocation sociale : logements, théâtre, piscine (et même, dans le projet initial, un stadium). Très sévèrement critiqué à l’époque pour ces énormes investissements, son audace fait aujourd’hui la fierté des villeurbannais, pas seulement pour la prouesse architecturale mais bien pour leur dimension urbaine structurelle : près de 1500 logements et 150 commerces. 100 ans après, la question de l’avenir de ce patrimoine se posait puisque le bail qui liait le centre-ville à la SVU prenait fin. Or, la ville n’a ni les moyens ni la vocation d’assurer la gestion de ces locaux. Mais attendre la fin du bail, c’était prendre le risque de céder cet ensemble hors du commun au plus offrant sans réelle maitrise son usage à venir. Voilà ce qui a motivé la municipalité, pleinement consciente de l’importance politique et historique de ce moment, à mener des études d’opportunités approfondies avec un objectif simple : conserver la vocation sociale et commerciale du centre-ville.La refonte des statuts de la SVU et l’intégration des Gratte-Ciel au capital de la SVU permet de pérenniser ce patrimoine et sa vocation sociale. Il déploie la capacité de financement de la ville à travers cet outil stratégique qu’est la SVU. Stratégie d’urbanisme, enjeu de mixité sociale, diversité et dynamique économique, développement commercial, seront autant d’objectifs poursuivis à travers cet acteur dont la ville s’affirme comme actionnaire majoritaire. Nous nous félicitons que cette opération historique ait été votée à l’unanimité du conseil municipal.
Facebook @CercleRadicalVilleurbanne
Jonathan Bocquet
Groupe Cercle Radical et Place Publique
Pour la paix maintenant !
Depuis les actes terroristes et barbares des commandos du Hamas contre des centaines de civils israéliens le 7 octobre dernier, nous assistons impuissants à la riposte aveugle et vengeresse du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou qui sous prétexte d’éradiquer le Hamas par la loi du talion, applique la politique de la terre brûlée sur le territoire de la bande de Gaza. Résultat comme on le sait, une population civile qui se retrouve sans eau, sans nourriture, sans électricité, et confrontée à « un cauchemar humanitaire sans fin » selon les propres paroles d’Antonio Gutterres, Secrétaire Général de l’ONU, qui peine à faire valoir l’application d’une « pause humanitaire » pour acheminer toute l’aide nécessaire à la population gazaouie martyrisée, à défaut d’un cessez-le-feu auquel la France a fini tardivement par souscrire. Contre cette spirale infernale et mortifère de la violence, il n’y a pas d’autre choix que de faire appliquer le droit international, en vue d’une solution de paix juste et durable, en application des résolutions de l’ONU qui sont jusqu’à présent toutes restées lettre morte avec, en premier lieu, la reconnaissance d’un Etat palestinien viable aux côtés d’un Etat israélien. Nul doute que le chemin sera certainement très long pour arriver à un tel résultat quand on sait que chaque jour nous éloigne d’une perspective d’un règlement politique du conflit faute d’interlocuteurs valables prêts à sortir de l’impasse et négocier une solution de paix. En attendant, il nous reste à ne pas tomber dans le piège de la prétendue « guerre de civilisation » à laquelle les extrémistes de tout bord cherchent à nous assigner, et qui nous conduit invariablement à l’exacerbation de l’antisémitisme ou au racisme anti-musulman sur notre sol. Pour notre part, nous ne pouvons qu’appeler avec le PCF à participer à l’émergence d’un grand mouvement populaire pour la paix et la justice en lien avec toutes les associations oeuvrant en ce sens.
Groupe Communistes et Républicains
La SVU c’est les Gratte-Ciel
Les Gratte-Ciel constituent le centre symbolique et monumental que Villeurbanne se donne dans les années 30, comme un geste politique et architectural en réponse à la volonté hégémonique de Lyon. Mais plus qu’un projet urbain, c’est également une vision de la ville qui s’incarne dans ce centre-ville révolutionnaire, construit autour du logement abordable et non plus simplement des bâtiments publics. Et pour gérer cet ensemble, la société villeurbannaise d’urbanisme (SVU) fut créée. Si nous souhaitons maintenir cet esprit qui anime notre ville, il est important de ne pas dénaturer le rôle de la SVU. Or le bail emphytéotique arrivant à terme, réfléchir au devenir de la SVU relève autant du projet de centre-ville, que d’une vision d’ensemble pour l’identité de Villeurbanne. Loin d’envisager, de manière qui pourrait peut-être sembler orgueilleuse, une structure pour les cent prochaines années, nous souhaitons tout de même conforter l’œuvre du maire de l’époque Lazare Goujon ainsi que l’identité même de la ville. C’est pourquoi nous avons voté le projet de restructuration de la SVU lors du conseil d’octobre dernier. C’était à la fois une nécessité pour préserver l’esprit d’origine, mais également une opportunité d’adapter cette forme de gestion quasi centenaire aux contraintes nouvelles d’aujourd’hui. Forte de son nouveau statut, elle demeurera majoritairement publique et pourra également participer à la création de toute société qui s’inscrirait dans le cadre plus large de son objet social. Si des questions restent encore en suspens sur ce dernier point comme sur le rôle que jouera la SVU dans les différents projets d’aménagement urbains, nous prendrons toute notre part dans la représentation qui nous est réservée au sein de ses instances décisionnelles, afin de suivre de près son évolution, et ses perspectives.
Groupe Villeurbanne progressiste