OPINIONS - Tribunes des partis politiques - Viva n°368 (mars 2024)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

De l’activité physique pour toutes et tous

On ne peut que s’en réjouir : en France, l’activité physique est en forte augmentation depuis 2018. À Villeurbanne, le succès des Foulées en atteste. Cette année, plusieurs courses sont complètes depuis des semaines et près de 5000 personnes vont participer à cette manifestation. Fête populaire qui permet de courir ou marcher, pour le loisir ou la compétition, les Foulées constituent un événement fédérateur, intergénérationnel et écoresponsable qui illustre le dynamisme de notre ville pour favoriser l’activité physique de proximité. Car l’activité physique, comme une alimentation de qualité, a un effet direct sur la santé. Elle réduit de 20 % le risque de certains cancers, de 60 % celui de maladies cardiovasculaires et permet de soulager les symptômes des maladies chroniques, y compris mentales. Si l’activité physique la plus accessible est le déplacement à pied ou à vélo, ou l’utilisation des escaliers, il est de la responsabilité des collectivités d’aménager la ville pour rendre les pratiques plus variées, plus ludiques. À Villeurbanne de nombreux dispositifs et équipements se déploient comme le programme En forme à Villeurbanne, la Maison sport-santé, la mise à disposition d’éducateurs sportifs pour les activités scolaires ou le soutien financier aux associations… La facilité d’accès des équipements sportifs de proximité permet une diversification des pratiques, selon les âges et les envies. C’est pourquoi la ville investit dans la rénovation et la création de ces équipements (Arago, Perrin, Iris...) : en 2027, on en comptera plus de trente. 2024 s’annonce « sportive ». Les Jeux Olympiques et Paralympiques mettront en lumière les plus célèbres des sportifs. Mais de nombreux chantiers (pas olympiques) sont devant nous : les écarts de pratiques entre femmes et hommes, la prévention des violences sexistes et sexuelles, l’adaptation des équipements aux personnes en situation de handicap et la durabilité des grands événements sportifs aux impacts climatiques encore trop élevés.
Sébastien Chataing 
Groupe Les écologistes

 

Adieu Robert Badinter

Un géant s’en est allé, laissant derrière lui une œuvre vertigineuse. Ce géant, c’était Robert Badinter, illustre juriste devenu Garde des sceaux puis président du Conseil constitutionnel et, avant tout, un infatigable militant humaniste La République n’avait aucun secret pour Robert Badinter. Lui qui l’avait connue au crépuscule, il aura passé sa carrière à la délester de ce qu’elle avait de plus injuste et sanglant en abolissant courageusement la peine de mort et en dépénalisant l’homosexualité. Lucide sur ce que la République pouvait faire de pire, il a su la porter à son zénith. Robert Badinter a été de ceux qui ont su ramener la République sur le chemin de l’idéal et a redonné foi en une utopie au fondement de notre engagement. Nous, élus d’une République qu’il a contribué à faire mûrir, tâcherons d’être dignes de son héritage, et poursuivrons ses combats avec responsabilité devant l’immensité de la tâche. Face à nous soufflent les vents contraires d’une extrême-droite sans complexe et d’une classe dirigeante sans boussole. Il faudra redoubler d’humanité pour faire face à la guerre, la barbarie, l’injustice, le racisme et l’antisémitisme, autrement dit la haine de l’Autre qui semble faire un retour triomphant. Robert Badinter, qui a théorisé le pardon comme voie d’apaisement et nous a appris à préférer le pouvoir réparateur de la justice plutôt que l’impasse de la vindicte. Nous partageons la douleur face au vide immense que Robert Badiner laisse dans le cœur de ses proches et de toutes celles et ceux qui l’admiraient. Si la décision revient à sa famille, nous formons toutefois le vœu qu’il puisse un jour reposer au Panthéon aux côtés des grands hommes et grandes femmes de la Nation. En gage de notre reconnaissance, nous plaidons pour que Villeurbanne dispose d’un lieu public baptisé en son honneur.
Adieu Monsieur Badinter, et surtout, merci.
Groupe Socialistes et citoyen·ne·s villeurbannais·e·s


Femmes sans-domicile : rendre visibles les invisibles 

Le 8 novembre 2023, une centaine de femmes et d’enfants ont investi le CCVA de Villeurbanne. Elles nous ont une nouvelle fois rappelé le dénuement dans lesquels trop d’entre elles vivent. 14 000 personnes seraient sans-domicile dans la Métropole de Lyon, dont 150 enfants d’après le collectif Jamais Sans toit. Manque de logement, hausse du prix de l’immobilier, pauvreté et inflation croissante : de plus en plus de personnes n’arrivent plus à se loger. La situation des femmes est moins bien connue. Craignant les violences liées à leur genre, 90% des femmes vivant dans la rue en ayant déjà été victime (harcèlement, coups, prostitution), elles se rendent invisibles et échappent d’avantage au regard des services sociaux. Pour les femmes exilées, c’est pire. Elles cumulent d’autant plus de vulnérabilités qu’elles n’ont pas de droit de séjour. Avec la crise du logement, de moins en moins de droits, le renforcement de la xénophobie et des lois anti-migrants, et enfin sans aide institutionnelle, comment ces femmes et leur famille pourraient-elles trouver une stabilité ? Il leur est d’autant plus difficile de sortir de la rue et des logements de fortune, sans moyens et droits forts octroyés par la loi. Il faut donc prévoir des politiques d’accueil et d’hébergement d’urgence, mais aussi régler les problèmes qui mènent à ces situations. L’État doit financer massivement la création de logement social ; il doit réquisitionner le logement privé et diminuer son coût ; il doit investir dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ; il doit accueillir les personnes exilées. Cette prise en charge nationale n’existera pas sans lutte collective. C’est celle de collectifs comme Solidarité entre Femmes à la rue qui a permis rendre visible la situation de plusieurs centaines de personnes, ce qui a aboutit à l’ouverture de logements provisoires dans la Métropole de Lyon. Nous avons besoin de leur combativité pour continuer à faire respecter les besoins et droits de tous et toutes.
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !

 

L’Union contre les nationalismes et les impérialismes

La guerre et l’occupation qui frappent l’Arménie sont malheureusement reléguées au second plan médiatique. Les conflits armés se multiplient, notamment aux portes de notre continent. Et à chaque fois, le risque d’oublier une guerre, quand une autre se déclenche. L’Ukraine a remplacé, sur nos écrans et dans nos journaux, l’invasion du Haut-Karabakh. La Palestine ferait presque oublier, à son tour, la guerre russe. Les souffrances de l’Arménie montrent ce que nous coûte encore l’impérialisme soviétique. L’Azerbaïdjan était l’une des premières républiques démocratiques et laïques, avant l’invasion soviétique. Et à la dislocation de l’URSS, ce sont les fiertés nationales qui ont été exaltées, allant jusqu’aux violences ethniques et à la guerre. Dans l’immédiat, il nous faut être uni dans un soutien infaillible au peuple arménien face à l’invasion, décidée par un dictateur, et subie, comme toujours, par les populations civiles. Villeurbanne s’honore en n’oubliant pas le lien et l’amitié profonds qui nous unissent à l’Arménie. Les plaies d’un peuple ami ne s’oublient pas. Une délégation municipale s’y était rendue en 2021, prouvant l’importance de ce témoignage d’amitié. Il n’est pas de rencontres humaines, de partages et de soutien qui soient superflus. En avril 2024, une seconde délégation fera ce voyage. Évidemment, la mobilisation villeurbannaise ne suffira pas. Notre bonne volonté pèse peu face aux conflits armés. La coopération décentralisée ne peut pas se substituer au corps diplomatique, elle ne peut pas interférer dans les relations entre États. La capacité d’agir pour assurer la défense et la paix, sur notre continent et à ses portes, ne se décide pas ici. Pourtant confrontée à sa propre survie, l’Europe est encore un nain géopolitique. C’est pourquoi nous voulons une Union européenne forte et diplomatiquement crédible. L’Union doit avoir une véritable politique étrangère. Elle doit être capable d’agir pour la paix et la sécurité. Il en va de notre avenir commun.
Frédéric Vermeulin
Groupe Cercle Radical et Place Publique

 

Logement : état d’urgence sociale !

70 ans après l’Appel de l’Abbé Pierre, la Fondation du même nom a rendu son 29ème rapport sur le mal logement, comme elle le fait chaque année. Et une nouvelle fois, le constat est accablant, avec 330 000 personnes sans abri dont 3 000 enfants, plus de 8 000 personnes dont l’appel au secours n’est pas pourvu par le 115, et 2,6 millions de ménages toujours en attente d’un logement social... En faisant le choix de faire entrer le logement locatif intermédiaire (accessible à moins de 5 % des demandeurs) dans les quotas de logements sociaux imposés aux communes à hauteur d’au moins 25 % par la loi « SRU » (Solidarité et Renouvellement Urbain) initiée par le ministre communiste Jean-Claude Gayssot en 2000, le nouveau gouvernement de Gabriel Attal fait le choix d’une nouvelle attaque frontale contre le logement social de plus en plus réduit à la portion congrue. Résultat, alors que 70 % de la population y est éligible, la pénurie de logement social amène les Préfectures à loger uniquement les personnes en état de très grande difficulté, ce qui fragilise la vie sociale des quartiers populaires qui se ghettoïsent. Pour répondre à une demande croissante, le Parti Communiste Français estime qu’il faudrait mener une politique visant à construire 250 000 nouveaux logements par an et en rénover 700 000 de plus, rétablir l’aide à la pierre, et aller la constitution d’un grand Service Public du Logement social doté de tous les moyens financiers et de maîtrise foncière nécessaires, afin de contrer la logique funeste de marchandisation et de financiarisation du secteur du logement social. A rebours de la logique de la loi anti-squats qu’il a naguère portée, nous demandons à Guillaume Kasbarian, nouveau ministre du logement, de prendre des mesures pour répondre à la crise de saturation des structures d’hébergement d’urgence en réquisitionnant les logements et bâtiments vides pour loger les personnes actuellement à la rue, et en relançant immédiatement la construction de logement social.
Groupe Communistes et Républicains


Pas de répit pour le Lieu de Répit

La création du Lieu de Répit pour les personnes atteintes de la maladie d´Alzheimer et leurs aidants fut voté à l’unanimité du conseil municipal en 2010 sous le mandat de Jean-Paul Bret. Cette forme d’accueil a été considérée à l’époque comme une structure innovante en termes d’accompagnement des malades et a également été un modèle pour de nombreuses structures qui souhaitaient développer un accueil similaire. Le service proposé va d’ailleurs au-delà du simple accompagnement et relève d’une réelle relation avec le personnel qui ne saurait être retrouvée ailleurs. En effet, les partenaires sont composés de psychologues, de médecins et d’assistantes sociales… Pourtant après des années d’accompagnement des familles, et malgré un taux d’occupation de 80 % en fin d’année 2023, l’équipe municipale a choisi de profiter du départ à la retraite de la directrice de cet établissement pour organiser la fermeture de ce lieu, exemplaire d’une politique gérontologique. Pire, il est expliqué que la fermeture se justifierait par des coûts de fonctionnement trop élevés. L’argument est un peu cocasse quand on sait que l’équipe municipale n’hésite pas à augmenter les dépenses de fonctionnement de façon inconsidérée et ne cesse de vanter son programme d’investissements pour un meilleur service public.
Nous opposant à la fermeture de ce lieu, nous avons déposé un vœu lors du dernier conseil municipal afin que le sujet soit réétudié et la fermeture repoussée.
Malheureusement, la majorité n’a rien voulu savoir et a rejeté ce vœu, confirmant ainsi la fermeture. C’est regrettable, car cela aurait permis au président de la Métropole de Lyon ainsi qu’à la directrice générale de l’Agence régionale de santé de rendre leur avis sur le sujet, puisque tous deux ont été saisis par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités il y a moins d’un mois.
Ce dossier est loin d’avoir été traité d’une manière satisfaisante et ce ne sont pas les quelques réponses balbutiées par le maire et son adjointe, visiblement gênés, qui sont pour nous rassurer.
Groupe Villeurbanne progressiste

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