OPINIONS - Tribunes des partis politiques - Viva n°372 (septembre 2024)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Soutenir l’École publique, laïque et républicaine 

Près de 13 000 enfants retrouvent le chemin de nos écoles villeurbannaises. Face à la complexité de nos sociétés et aux enjeux de cohésion sociale, l’école publique est un repère stable et essentiel qui permet à chaque enfant, indépendamment de son milieu d’origine ou de ses besoins, d’apprendre et de s’épanouir selon ses envies ou ses talents. Pourtant, notre système scolaire est un de ceux qui entretient le plus les inégalités sociales. Ces vingt dernières années, la ségrégation scolaire s’est accentuée partout. Essentiellement parce que coexistent deux écoles, l’une gratuite souffrant d’un manque flagrant de moyens humains et pédagogiques, l’autre payante mais financée aux trois quarts par de l’argent public. L’école publique voit ainsi s’éloigner certaines familles qui, à condition d’en avoir les moyens, préfèrent un système qui choisit ses élèves, sans subir de contrôle quant à l’usage des financements publics. Ce « séparatisme scolaire » entretient la défiance envers les institutions et valeurs de la République. « La République fait l’école, l’École fera la République » disait Ferdinand Buisson. Cela devrait contraindre l’État à redonner confiance en une école publique exigeante et accueillante. À Villeurbanne, c’est cette confiance qui nous guide. L’éducation est le premier secteur d’investissement. C’est aussi une restauration de qualité et accessible, des temps périscolaires et des projets éducatifs variés. Pourtant, nous pourrions faire encore plus. La loi oblige les collectivités à verser aux écoles privées sous contrat un forfait pour tout élève de maternelle et d’élémentaire. Pour plus d’équité sociale et éducative, notre majorité a annoncé la remise à plat du calcul du forfait villeurbannais, bien supérieur à la moyenne. Cette décision sera accompagnée d’un temps de dialogue avec les établissements concernés. Pour défendre les services publics et la justice sociale, vous pourrez toujours compter sur les écologistes. 
De la maternelle au lycée, bonne rentrée !
Groupe Les écologistes

 

Respecter la démocratie 

Au moment où cette tribune est rédigée, après six semaines de « trêve olympique » imposée, la politique nationale reste suspendue aux lèvres d’Emmanuel Macron, champion incontesté du déni politique, refusant de reconnaître la victoire du Nouveau Front Populaire (NFP). La dissolution de l’Assemblée nationale, énième caprice macronien, a failli porter l’extrême-droite au pouvoir. Une fois encore, le « barrage républicain » a tenu face au péril brun, sans pour autant proposer d’issue durable à ce qui s’apparente à une crise de régime.  La Ve République est mise à rude épreuve dans cette séquence qui aura eu le mérite de déplacer le cœur pouvoir au Parlement, laissant espérer un exercice moins autoritaire du pouvoir. Le chef de l’État reste le garant de l’unité de la Nation et de la crédibilité des institutions :
Emmanuel Macron doit faire respecter l’issue d’un scrutin qui a réuni plus des deux tiers des inscrits, notamment dans les quartiers populaires où la participation a remarquablement augmenté. La victoire du NFP traduit l’aspiration du peuple français à plus de justice sociale, à la dignité du travail, du logement, à la revitalisation des services publics notamment de la santé, à la lutte contre les discriminations, le racisme, la xénophobie, les LGBT-phobies… La gauche et les écologistes ont su s’unir autour d’un programme clair et crédible capable de répondre à ces attentes. Quelle que soit la composition des prochains gouvernements, les propositions du NFP devront servir de base de négociation entre les forces républicaines représentées au Parlement. Les collectivités, notamment les communes, incarnent des pôles de stabilité qui donnent sens et crédibilité à l’action publique. En ces temps d’incertitudes, il serait irresponsable de les fragiliser : nous serons particulièrement vigilants à ce que le budget des communes ne serve pas de variable d’ajustement du prochain budget de l’État. 
Groupe Socialistes et citoyen·ne·s villeurbannais·e·s

 

Pas de République sans services publics !

Une éducation (presque) gratuite, un système de santé accessible, des transports en commun performants : ces services publics font tant partie de notre quotidien qu’on en oublierait à quel point ils sont exceptionnellement fragiles. Depuis des décennies, les gouvernements du marché « libre et non faussé » rivalisent en effet d’imagination pour les détruire à coup d’austérité. Sans services publics, la promesse républicaine d’égalité est vaine. Si on leur doit encore la moitié de la réduction des inégalités sociales, cette situation se dégrade : d’après le collectif « Nos services publics », le reste à charge en frais de santé à proportion de revenus est trois fois plus élevé pour les 10% les plus pauvres que pour les 10% les plus riches ! Cette situation n’est pas acceptable. Seuls des services publics pourront répondre aux besoins actuels et futurs, et forment un rempart solide contre les inégalités et la pauvreté. Comment pourra-t-on former les citoyen·es de demain, sans école de qualité partout ? Quelle réponse au vieillissement de la population apportera le secteur privé, si ce n’est celle du profit décrite dans Les Fossoyeurs de Vincent Castanet ? Comment espère-t-on rénover les millions d’immeubles et de maisons, sans investissements publics massifs ? C’est parce que nous pensons que les services publics constituent le cœur des liens tissés dans notre société que nous avons choisi d’investir fortement pour les villeurbannais·es. Nous avons lancé la construction de nouvelles écoles, parcs, jardins, crèches, équipements sportifs, là où le besoin s’en faisait sentir et en discutant avec les habitant·es. Pour anticiper les bouleversements climatiques en cours, nous investissons dans la rénovation thermique des bâtiments, la désimperméabilisation des sols, ou encore des mobilités qui ne sont pas dépendantes du pétrole.Nous faisons notre part pour maintenir et créer de nouveaux services publics. C’est dorénavant à l’État de faire la sienne !
 Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !

 

Vacances pour tous, un combat hélas toujours d’actualité

L’été qui s’achève a été riche en événements. Les jeux olympiques, en particulier, ont offert une respiration festive et rassembleuse. Mais tout le monde n’a pas pu profiter des vacances. Pourtant, l’accès au temps libre est un droit reconnu. Avec les congés payés en 1936, sous le front populaire, émergent l’éducation populaire et les colonies de vacances, qui ont démocratisé l’accès aux loisirs. Des millions d’enfants ont ainsi pu découvrir de nouveaux horizons, contribuant à la formation de citoyens éclairés et engagés.Malgré ces avancées, l’accès aux vacances est encore inégalitaire. Selon l’INSEE, plus d’un enfant sur dix est privé de vacances pour des raisons financières. Cela concerne donc plusieurs millions d’enfants français. Cette réalité creuse les inégalités dès le plus jeune âge, privant ces enfants d’une expérience enrichissante, essentielle pour leur développement personnel. Face à cette situation, notre ville ne reste pas inactive. Chaque année, avec « Vivez l’été », des activités gratuites sont proposées à tous, notamment à ceux qui ne partent pas. Les centres sociaux, maisons de quartier et associations locales se mobilisent pour faire jouer, danser, nager, et pour proposer des sorties culturelles, créatives, festives. C’est un véritable souffle de vacances, au cœur même de nos quartiers. Il faut aller plus loin : il est temps de garantir un véritable droit aux vacances pour tous les enfants. D’abord en facilitant les déplacements en train, à l’image du pass rail allemand. Mais aussi créer un « pass colo verte », généraliser les chèques-vacances, rendre le BAFA gratuit. Enfin, un plan d’investissement massif est nécessaire pour l’accessibilité et l’isolation des bâtiments des colonies de vacances. Nous soutenons la mise en œuvre de ces mesures, pour garantir à chaque enfant des moments de découverte et d’évasion, quel que soit le revenu de ses parents. Réaffirmons notre engagement : les vacances ne doivent pas être un luxe, mais un droit pour tous.
Jonathan Bocquet, président du Groupe Cercle Radical et Place Publique

 

Libération de Villeurbanne : le combat pour les idéaux de la résistance et du CNR plus que jamais d’actualité !

Il y a 80 ans débutait l’insurrection de Villeurbanne du 24 au 26 août 1944, amenant la population villeurbannaise à rejoindre le bataillon Carmagnole de la FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - Main d‘Œuvre Immigrée, d’obédience communiste) et leurs camarades de l’UJJ (Union de la Jeunesse Juive d’obédience également communiste) et de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) pour tenter de chasser les Allemands et libérer la ville. Ayant refusé de laisser la population civile sans défense face à l’armée allemande et aux forces auxiliaires du régime de Vichy, et ce alors que les mouvements de résistance intérieure avaient reçu l’ordre de quitter Lyon dès avril 1944, les FTP sont restés de facto le seul mouvement de résistance véritablement présent dans l’agglomération lyonnaise, bien avant les opérations de débarquement alliées intervenues en Normandie et en Provence en juin et août 1944… Trop faiblement armés face à une Wehrmacht toujours bien présente malgré l’avancée des alliés, et faute de soutien conséquent des forces proches de l’agglomération, ils devront finalement se résoudre à quitter la ville après avoir négocié l’absence de représailles contre la population, et attendre le 2 septembre pour que les FTP du groupe « Barbusse » n’entrent à nouveau dans la ville pour la libérer définitivement. La commémoration de ces événements nous renvoie inévitablement au programme des « Jours heureux » porté par le CNR (Conseil National de la Résistance), qui a su résolument tourner le dos à la funeste politique réactionnaire et collaborationniste du régime de Vichy renvoyée aux poubelles de l’histoire, et faire entrer la France dans la modernité d’une République sociale authentique. Mutatis mutandis, après plus de 40 ans de coups de butoir de politiques néolibérales destructrices ayant conduit à la résurgence du poison de l’extrême-droite, c’est aujourd’hui au défi de son urgente refondation que le programme du Nouveau Front Populaire est tenu de répondre !
Groupe Communistes et Républicains

 

Un contexte d’antisémitisme inquiétant à Villeurbanne

Nous avons découvert en août, avec stupéfaction et indignation, que des individus s’étaient livrés à des dégradations de plaques de rues, célébrant des personnalités au motif qu’elles étaient de confession juive. Ce genre d’acte à caractère ouvertement antisémite n’est hélas pas nouveau sur Villeurbanne et s’est intensifié depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre contre Israël. Il est nécessaire de rappeler que l’antisémitisme est un délit puni par la loi, et celle-ci doit être respectée à Villeurbanne. Quelle que soit la position des uns et des autres sur le conflit israélo-palestinien, cela ne justifie en rien ces dégradations ni aucune autre forme d’actes qui n’ont rien d’autre qu’un caractère antisémite. Malheureusement de telles actions ne sont pas le fruit du hasard et s’inscrivent dans un contexte national extrêmement tendu. Depuis des mois l’extrême gauche et notamment La France Insoumise souffle sur les braises et certains de ses membres attisent la haine. Alors que l’ensemble de la France vivait dans l’euphorie des JO et que les athlètes ont fait preuve d’un fair play extraordinaire, un député LFI avait osé déclarer que la délégation israélienne n’était « pas la bienvenue » aux JO de Paris. Une députée européenne LFI élue en juin dernier, n’hésite pas à afficher ses positions « pro Hamas », et à ce sujet une cinquantaine de députés Renaissance ont saisi le Procureur de la République pour « provocation à la haine raciale » et « apologie du terrorisme ». Ce climat nauséabond ne doit pas gagner Villeurbanne. Pourtant les actes auxquels nous avons assisté en sont des symptômes inquiétants. Ils constituent en plus un outrage à la mémoire qui, dans notre ville, a fait l’objet de célébrations constantes et œcuméniques, et ce depuis Charles Hernu, Gilbert Chabroux et Jean-Paul Bret. Laisser effacer une part de notre histoire commune est toujours délétère et laisse la porte ouverte à de nouveaux actes commis par les extrêmes d’où qu’ils viennent. Notre ville est diverse, c’est ce qui fait sa richesse, et elle doit le rester dans le respect des uns et des autres. 
Groupe Villeurbanne progressiste

A lire aussi