OPINIONS - Tribunes des partis politiques - Viva n°378 (avril 2025)
28 mars 2025
Pour que vive la liberté artistique et scientifique
Chaque jour, l’actualité internationale nous apporte son lot de sidérations, mélange de vives tensions géopolitiques et d’annonces dramatiques de régimes autocratiques toujours plus nombreux. Certaines de ces annonces consistent à attaquer les libertés de création et de recherche. Mais il n’est pas besoin d’aller chercher hors de France et dans l’actualité récente de telles menaces. Par exemple, depuis 2021 Laurent Wauquiez attaque systématiquement la soi-disant élite citadine et artistique, évidemment « woke », de notre Région. Depuis, il manie la tronçonneuse budgétaire à l’endroit des équipes et lieux artistiques ou des associations environnementalistes. Aux États-Unis ou en France, la rigueur budgétaire se concentre d’abord sur les pratiques artistiques et scientifiques. C’est révélateur de ce qui gêne les politiques autoritaires et anti-écologiques : d’une part les pratiques culturelles et les imaginaires qui permettent de penser un autre monde, sensible, nourri de solidarité et d’analyses sur nos vies actuelles ; d’autre part les faits établis par des démarches scientifiques rigoureuses, qu’elles relèvent des sciences humaines, de la nature, ou du climat. Culture et Science sont bien les deux faces d’une même pièce : celle de la résistance à des idéologies d’un autre temps. Artistes et scientifiques restent les artisans d’une liberté jamais complétement acquise. C’est aussi pourquoi, à Villeurbanne, nous renforçons les liens avec les collectifs artistiques et scientifiques, nous consacrons des budgets importants à l’Éducation Artistique, Culturelle et Scientifique (EACS). La Fête du Livre Jeunesse, ce premier week-end d’avril, rappelle à quel point ce combat concerne aussi les plus jeunes. Face au « bon sens commun » univoque, nous répondons par la diversité des esthétiques, des opinions, sans les confondre avec les savoirs établis... Face aux prisons dans lesquelles on enferme les auteurs, nous réaffirmons la liberté d’expression, de recherche et de conscience.
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Groupe Les écologistes
Construire mais pas à n’importe quel prix
Avec 574 permis de construire équivalent logement en 2024, Villeurbanne tient la barre malgré les fortes turbulences du marché immobilier. Certes le nombre de permis de construire est en recul, mais il reste très honorable, si l’on compare avec les autres villes de la métropole de Lyon. Parmi ces 574 équivalents logements, 164 seront des logements sociaux, soit 35%. Cette donnée est là encore conforme à nos orientations programmatiques telles qu’inscrites dans le plan local de l’habitat – réactualisé à l’occasion de la modification n°4 du PLU. Pour bâtir une ville équilibrée et qui reste accessible aux ménages modestes et très modestes, nous estimons qu’il faut viser un tiers de logement social, un tiers de logement abordable en bail réel solidaire et locatif intermédiaire et un tiers de logement libre. Mais c’est là que le bât blesse et que l’absence totale de politique publique du logement portée par Emmanuel Macron aggrave chaque année un peu plus la crise du logement. Non, le logement n’est pas un produit comme les autres et le marché ne peut être la main invisible de la politique du logement. Au contraire, ne rien faire produit des dégâts sociaux et environnementaux majeurs. La recherche universitaire corrobore les observations de terrain : les logements neufs à vendre à Villeurbanne sont trop chers. Selon l’étude conduite par Yann Miot, urbaniste et chercheur à l’université Gustave Eiffel, seuls 20% des ménages les plus riches (8ème décile de revenus de la population) peuvent acheter un T3, et pour un T4 ou un T5, il faut appartenir aux 10% les plus riches. Une situation intolérable. C’est pour cette raison que nous appelons à un véritable encadrement des prix du foncier dans les grandes métropoles, à l’image de l’encadrement des loyers. C’est le seul moyen pour faire durablement baisser les prix et permettre aux familles de vivre en centralité. A défaut, elles sont obligées de la quitter, entraînant là encore des coûts très élevés individuels et collectifs, financiers, écologiques et sociaux.
Groupe Socialistes et citoyen·ne·s villeurbannais·e·s
Pas d’égalité sans fonctionnaires !
Vous croisez les 2 500 agent·es de la Ville dans les écoles, les équipements sportifs, les bibliothèques, les EHPAD, les parcs ; et à ces agent·es visibles s’ajoutent ceux et celles qui soutiennent le bon fonctionnement de la municipalité. C’est à ces visages que nous devons l’application de nos politiques publiques. Cette reconnaissance n’est cependant pas suffisante : c’est pourquoi, durant ces 6 années de mandat, nous nous attelons à répondre aux besoins concrets de nos fonctionnaires sur plusieurs points. La rémunération bien sûr, avec la création d’un salaire minimum de 1 632 € nets qui concerne 60% des personnels et notamment les femmes. Nous construisons l’égalité en permettant le travail sur 4 jours, ce qui évite des temps partiels qui échoient majoritairement aux femmes, mais aussi en créant de la donnée sur les inégalités qui touchent les personnes handicapées, celles perçues comme non-europénnes, ou encore sur les discriminations LGBTQI+phobes ; nous proposons d’ailleurs un plan d’action concerté avec les personnels. En réduisant le remboursement des arrêts maladie des fonctionnaires, c’est aussi le service public et les citoyen·nes qu’agresse le gouvernement Bayrou. N’a-t-il pas retenu les leçons de la pandémie de Covid19 ? Faire travailler des personnes malades est le meilleur moyen de propager les virus. Ce sont les avantages du privé que l’on devrait aligner sur ceux du secteur public, et non l’inverse. Cette attaque n’est cependant pas surprenante, car dans la lignée des discours contre le fonctionnariat. Ces critiques oublient cependant que c’est grâce au service public que les inégalités sont les plus diminuées dans notre pays : la redistribution liée aux prestations sociales y contribue à hauteur de 23%, mais ce sont surtout les service publics rendus en nature (éducation, santé, logement...) qui y participent à 50%. Selon l’INSEE, après redistribution, l’écart entre pauvres et riches est de 1 à 3 contre 1 à 18 avant.
Vive le service public !
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !
L’Europe, le combat démocrate
Il y a un an, nous écrivions ici : « L’UE, confrontée à sa propre survie, est encore un nain géopolitique. Elle doit mener une véritable politique étrangère pour la paix et la sécurité. Il en va de notre avenir commun ». La volonté d’une Europe forte a toujours été au cœur de notre engagement politique, car c’est à ce niveau-là que se joue l’avenir de notre modèle républicain, social et écologique. En France, les élections européennes ont vite été oubliées, à la faveur d’une dissolution menant à une crise politique nationale. On aurait pourtant dû s’attarder sur les alertes formulées par Raphaël Glucksmann sur les menaces qui planaient sur notre souveraineté et les enjeux d’affirmation d’une puissance européenne. La coalition des autoritarismes et des populismes du monde entier menace le système international. En France, les soi-disant patriotes et souverainistes révèlent leurs vrais visages : des trumpoutinolâtres. L’Europe se réveille brutalement d’un sommeil sous dépendance américaine. La solidarité européenne s’affirme enfin à travers un emprunt commun. Avec lui, la remise en cause des règles de l’orthodoxie financière et de la frugalité qui avaient jusque-là prévalu en Europe. Les ratios de déficit et de dette ne peuvent plus être les règles du jeu d’un continent qui joue sa survie. Et puisqu’il faut agir vite, nos dirigeants européens doivent comprendre qu’il faut arrêter les « petits pas » qui caractérisent la politique de la Commission depuis des décennies. L’heure n’est plus au consensus mou. Mais quel gâchis et quel temps perdu ! Fallait-il que la guerre soit à nos portes ? Quel aveu d’inconscience et d’inconséquence de la part de nos dirigeants, capables de débloquer 800 milliards d’euros du jour au lendemain pour les investissements militaires alors qu’ils n’ont jamais su mettre autant pour faire face à l’urgence écologique. N’est-il pas question là aussi d’intérêts vitaux et de la survie des européens ?
Jonathan Bocquet
Groupe Cercle Radical et Place Publique
« Plus jamais ça » : un slogan plus que jamais d’actualité d’un siècle à l’autre !
Dans son discours à la tribune de la Chambre des députés du 15 mars 1907, Jean Jaurès affirmait haut et fort : « Il faut sauver les Arméniens ! ». Il avertissait alors le monde de la tragédie qui s’annonçait dans l’Est anatolien, qui se traduira par l’un des premiers génocides du XXe siècle. C’est ainsi qu’entre 1915 et 1917 les deux tiers d’Arméniens vivant sur le sol turc - hommes, femmes et enfants - ont été assassinés par déportations, famines et massacres opérés par le « Comité Union et Progrès » (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes Turcs ». Ce génocide jamais reconnu par ceux qui le perpétrèrent est aujourd’hui commémoré à partir de la date du 24 avril 1915, et à Villeurbanne le 23 avril devant le Mémorial de la Place Mendès-France. Le XXe siècle a connu plusieurs génocides - au point d’être qualifié par
certains historiens de « siècle des génocides » - dont celui moins connu des Herrero et des Nama en Namibie exterminés respectivement à 80 % et 50 % par le colonisateur allemand entre 1904 et 1908, puis le génocide des juifs et des tziganes perpétré par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et celui des Tutsis par les Hutus du Front Patriotique Rwandais en 1994. N’oublions jamais que le génocide, qui se caractérise par l’intention de détruire intégralement ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux, selon l’énoncé de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU en 1948, est toujours le fruit combiné ou non du racisme et du nationalisme ethnique souvent associé à la notion de
« purification ethnique ». L’actualité récente qui voit l’accélération de l’arrivée au pouvoir de gouvernements nationalistes d’extrême-droite voulant qui rayer d’un trait de plume des pays, qui déplacer des populations entières pour créer des « riviera », doit nous alerter sur l’urgence de lutter contre le poison de cette idéologie mortifère si nous nous ne voulons pas que le XXIe siècle ne ressemble au siècle l’ayant précédé !
Groupe Communistes et Républicains
Antisémitisme : trop c’est trop !
En septembre dernier, nous nous indignions suite à des actes antisémites à Villeurbanne et nous alertions sur une possible aggravation de la situation. Malheureusement de tels faits se sont reproduits avec une violence de plus en plus désinhibée. Récemment deux agressions ouvertement antisémites ont eu lieu en une semaine, l’une dans le quartier Bonneterre et l’autre dans celui des Gratte-Ciel. Si ces actes sont insupportables et les auteurs doivent être sévèrement sanctionnés, le problème est plus profond. Il s’installe ici comme en France, un antisémitisme du quotidien décomplexé, alimenté et attisé par un certain discours politique… disons-le franchement celui que ressasse LFI, dont la seule stratégie est le chaos et l’importation du conflit israélo-palestinien à des fins bassement électorales. Si le maire a, à juste titre, condamné tous les faits graves qui se sont produits à Villeurbanne, LFI est membre de la majorité municipale et une telle situation politique ne peut qu’entretenir une certaine ambiguïté. Comment se fait-il qu’au début de l’année, une exposition ait pu se tenir à la Maison du Livre de l’Image et du Son de Villeurbanne, dépeignant un tableau totalement partial du conflit israélo-palestinien, omettant sciemment d’évoquer le pogrom du 7 octobre et appelant ouvertement à la destruction d’Israël ? Comment se fait-il que l’équipe municipale ait pu tolérer un tel événement ? Est-ce un dérapage ? Aucune réponse n’a été apportée. Par gêne, par volonté de ne pas froisser ? L’indignation et les communiqués de circonstance ne suffisent plus. Force est de constater que la rhétorique ignoble de l’extrême gauche fait le lit d’un nouvel antisémitisme et que sans mesures fortes il ne pourra que prospérer. Ce climat nous inquiète, nous attriste et nous met en colère. Il constitue un outrage à la mémoire de cette ville, à ce qui a fait sa richesse et sa diversité. Il met à mal des années d’engagement au service du dialogue et du partage.
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Les élus d’opposition du Groupe Villeurbanne progressiste