Tribunes des partis politiques - Viva n°329 (Décembre 2019, janvier 2020)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Pour une mobilisation nationale contre la précarité

Un étudiant s'est immolé par le feu devant le CROUS de Lyon, le 8 novembre dernier. Son geste désespéré doit nous interpeller collectivement quant à la précarité de nombreux étudiants mais aussi d’une part importante de nos concitoyens. La précarité augmente dans notre pays. Les politiques gouvernementales conduisent à fragiliser encore davantage certaines catégories de nos concitoyens, notamment les classes populaires, les jeunes, les demandeurs d’emploi.
Concernant les étudiants, au moins 20% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté selon une enquête de l'Insee. Beaucoup parmi eux, issus des milieux populaires, n’ont d’autres ressources que les bourses dont le nombre se réduit et sont obligés de travailler pour financer leurs études, leur logement, leur vie quotidienne. En s’appuyant sur des arguments biaisés, en laissant croire que la majorité de ceux qui en disposent pouvait s’en passer, le gouvernement a baissé les aides personnalisées au logement. Cette décision a touché de nombreux jeunes mais aussi leur famille.
Les demandeurs d’emploi ne sont pas non plus épargnés par les politiques gouvernementales. Là aussi, les nouvelles règles d’indemnisation, appliquées depuis le 1er novembre, ont des conséquences immédiates : réduction de la durée d’indemnisation, baisse du montant des allocations, conditions toujours plus strictes pour pouvoir bénéficier des allocations… Plus de 40 % des demandeurs d’emploi sont touchés.
Face à une politique qui met à mal l’équilibre social de notre pays, il faut rappeler que la précarité n’est pas une fatalité. La combattre est une question de volonté politique. Les solutions doivent à la hauteur des enjeux : un plan d’urgence contre la précarité étudiante, l’annulation des baisses d’allocation chômage, le développement de la formation des chômeurs et des salariés. Une mobilisation générale est indispensable pour s’attaquer à la précarité.
Groupe Socialistes et apparentés

Avec l'artistique pour bagage !

Des formes les plus classiques aux plus audacieuses, la culture et les arts nous aident à mieux respirer, à mieux nous comprendre, à nous émanciper au sens le plus exigeant du mot. Pour les artistes comme pour nous-mêmes, l'Etat et les collectivités locales doivent jouer leurs rôles pour que dans ce domaine, si particulier et si peu pris au sérieux, chacun ait la plus belle des chances de devenir, selon son souhait, artiste professionnel ou simple amateur éclairé...
Depuis des décennies, la ville de Villeurbanne a œuvré dans ce sens pour favoriser l'accès à la culture et accueillir notamment l'art contemporain ; certains aiment à rappeler les expositions dans la mairie, les symposiums du temps d' ”Octobre des arts”, les acquisitions d'œuvres qui ont démarré sa ”Collection”. Quelques exemples de structures accueillant artistes et tous publics (et la liste n'est pas exhaustive!) : l'Urdla depuis 1978 invite les habitants à découvrir la lithographie d'art en organisant expositions, lectures conférences, stages ; l'Institut d'Art Contemporain ouvert aux groupes scolaires ; la Maison du Livre, de l'Image et du Son, avec son arthotèque dont le fonds d'œuvres circule chez l'habitant ; le Rize ''source de mémoires'' programme expositions et animations gratuites destinées à tout public ; l'Ecole Nationale de Musique d'Art dramatique et de Danse, ouverte prioritairement aux jeunes de la commune ; les Ateliers Frappaz qui invitent gratuitement aux spectacles de rue. Sans oublier tous les établissements socio-culturels investis par les habitants développant des projets participatifs.
Des lieux pour une offre populaire ! De mémoire de militants, l'action culturelle et artistique s'est toujours inscrite dans les programmes de notre parti. Alors, en ces temps, davantage tournés vers l'économie et la gestion, laissons toute sa place aux artistes professionnels et amateurs éclairés qui contribuent à apporter leurs visions sensibles dans une ville qui bouge.
Groupe Communistes et républicains

Le goût de la nuance

Dans le débat public, les positions nuancées ne sont pas audibles. Complexité rime avec fragilité. Quel que soit le sujet, il faut accuser. Quel que soit le procès, celui qui ne condamne pas ardemment est aussitôt suspect. La nuance même est coupable.
C’est l’âge des humeurs. Qui ne crie pas n’a rien à dire. Et l’affirmation péremptoire fait le tour du monde dix fois plus vite que l’argumentation rigoureuse. Chacun se rengorge du bon mot de celui qui pense comme lui. Et malheur à qui voudrait apporter la contradiction. La caricature est la nouvelle grammaire politique.
Il n’est pas opportun d’être un modéré. On pourrait le comprendre. Lorsque surgissent dans l’actualité, de la manière la plus aigüe qui soit, l’expression de la souffrance individuelle ou collective et les conséquences de conditions d’existences précaires, la modération peut apparaître comme insupportable. L’époque est tragique et elle réclame des changements profonds. La pondération pourrait être le signe d’une naïveté : celle consistant à sous-estimer l’urgence et la gravité des enjeux.
Pour autant, quand succèdent aux indignations les contre-indignations, qui a le temps de regarder en face les racines des faits divers ? Qui peut sans cynisme, accepter l’émotion sans se résoudre à ne voire que l’émotion ?
L’enchaînement des colères mène paradoxalement à vider les événements de toute leur gravité. Il n’y a plus de place pour le débat politique car il n’y a plus de vision historique globale. Ne s’enchaînent plus que des épisodes lacunaires, traités trivialement et sans pudeur, et sans que ne puisse en être saisi de morale.
L’âge des idées semble révolu face à la parcellisation de la pensée et à l’étiolement de la vie publique. Ne s’expriment plus que les radicalités politiques. Implacablement, les oppositions se font de plus en plus brutales. Si le degré de civilisation d’une société se mesure à sa capacité de maintenir sa violence interne au niveau le plus bas possible, alors que dire de notre société.
Groupe Radical Génération Ecologie et Citoyens

Écologie et développement durable

Si ces deux termes sont souvent associés, ils correspondent à des analyses politiques assez différentes.
Un écologiste est, dans son sens premier, un scientifique spécialiste de l’écologie. C’est aussi plus fréquemment interprété comme un partisan de l’écologie politique. Le développement durable est une conception de la croissance économique dans une perspective pérenne. Ces deux concepts considèrent que la planète a des ressources limitées et que nous devons les préserver. Souvent l’écologie s’oppose à la croissance : « vers une société post-croissance » peut-on souvent lire dans les projets politiques. Or notre train de vie et surtout notre qualité de vie dépendent fondamentalement de la croissance. Cette croissance est notamment indispensable si l’on veut améliorer la qualité de vie du plus grand nombre. Seul un développement durable fournira à l’essentiel de la population mondiale une qualité de vie au moins égale à ce que nous connaissons en France !
La santé est un élément clé de la qualité de vie. C’est aussi un point fort coûteux et tous les progrès en santé, notamment dans le traitement des maladies graves ont été obtenues avec de hautes technologies comme l’IRM. Pire si nous arrêtons notre croissance nous ne pourrons plus donner d’espoir aux patients souffrant des maladies orphelines (sans traitements efficaces) ou rares.
Nous avons donc besoin de développement économique pour améliorer la qualité de vie du plus grand nombre, mais ce développement doit être durable, pour préserver les futures générations. Dans le passé, cela n’a pas toujours été le cas, loin de là, mais les industries peuvent fort bien être non polluantes et surtout s’inscrire dans un recyclage intense des ressources naturelles. La science nous enseigne, qu’il faut de l’énergie pour tous les procédés de recyclage, mais une production d’énergie 100 % renouvelable est tout à fait possible grâce au soleil. Le développement durable est donc indispensable pour que les générations futures vivent aussi bien que nous.
Hervé Morel, Groupe centriste UDI

L’égalité femme-homme, un combat du quotidien !

Dans une période où médiatiquement le sujet des rapports femme-homme est mis sur le devant de la scène, où les langues se délient et les femmes osent parler, il est nécessaire de se questionner sur l'action de la ville en matière d’égalité femme-homme et sur les pistes d’amélioration indispensables.
Pour réduire les inégalités qui perdurent entre les deux genres dans les différents domaines sociétaux, les leviers sont importants : le travail, les formations, les salaires, la vie associative, politique ou sportive, la présence symbolique dans l’espace public (un effort important a été fait pour donner des noms de femmes aux nouvelles rues ces dernières années)…
Les violences économiques, symboliques, physiques ou verbales s’accroissent et c’est contre toutes qu’il faut lutter.
Les dernières enquêtes réalisées en 2017 attestent que si une majorité de personnes rejettent les opinions qui reflètent la supériorité d’un genre sur un autre, c’est dans le rôle dévolu aux femmes et aux hommes que les préjugés sont les plus vivaces. En cela, la lutte contre les préjugés, les stéréotypes est un axe primordial pour faire évoluer les mentalités et cela commence dès le plus jeune âge.
La Ville peut agir sur deux pistes : d’abord sur sa politique interne des ressources humaines. Les femmes ne doivent pas subir le temps partiel et doivent pouvoir accéder aux postes à responsabilités. Rappelons que depuis le 5 novembre, les femmes travaillent "bénévolement". Ensuite, sur les actions tournées vers l’extérieur, la ville doit soutenir financièrement, de manière plus importante les associations qui militent pour l’égalité femme-homme et rendre cet axe prioritaire dans les projets de ses partenaires.
L’égalité femme-homme doit être un axe structurant de la politique municipale de Villeurbanne. Une transition est à engager pour que changent les représentations et pour permettre de penser une égalité dans la différence car comme le disait Simone de Beauvoir : « Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au système masculin ».
Olivier Glück, Groupe Rassemblement citoyen EELV-FDG

A qui sait comprendre, peu de mots suffisent…

Nous allons connaitre d'ici mars des surenchères extraordinaires de certains politiques, soudain réveillés, pour nous promettre et nous garantir, enfin, sécurité, paix sociale, harmonie des peuples et le bonheur de vivre ensemble. C'est l'habitude classique de nos adversaires mais je vous rassure bien vite, ça ne durera que le temps de la campagne électorale !
Plus grave et c'est le sujet principal : par électoralisme ou ignorance, bien des maires ont laissé s'installer une forme de communautarisme dans leurs communes. Certaines études très sérieuses retracent l'ingérence du Qatar en France dans plusieurs grandes villes, prônant un islam intégral qui accompagne l'individu musulman de la naissance au décès, correspondant à une sorte de zone grise locale que l'on peut nommer islam politique.
Il est là le problème majeur (en attendant des listes communautaristes aux prochaines élections). Vous devez remercier ces collectivités dont l'aveuglement ou l'attitude parfois trouble ont laissé faire. Exemple : une association européenne de femmes musulmanes (proche des Frères musulmans) achète à Bagnolet un immeuble entier, mis en location et transformé en centre afin de leur prodiguer des conseils sur le couple dans une ambiance musulmane et religieuse.
Les maires, pas tous coupables, ne sont pas suffisamment au fait de ces financements qataris, très sophistiqués. Il n'y a pas aujourd'hui de coordination assez forte entre le maire et les services de l'Etat. Par exemple, ces valises illégales d'argent liquide ont transité entre la Suisse et Château-Chinon pour alimenter l'institut européen des sciences humaines. Au moins 140 projets religieux en Europe sont ainsi aidés par le Qatar. L'exemple italien est très intéressant. En 2017, les associations musulmanes ont signé avec le ministère de l'Intérieur et l'Etat une charte de respect des valeurs républicaines. Elles ont l'obligation de préciser quel imam officie et le prêche doit être fait en italien, les financements transparents. C'est pourtant simple !
Nos bons vœux vous accompagnent pour 2020.
Michèle Morel, Groupe Rassemblement national

À l'heure où nous bouclons ce magazine, la tribune du Groupe Les Républicains-Changeons Villeurbanne ne nous est pas parvenue.

 

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