Tribunes des partis politiques - Viva n°337 (novembre 2020)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Encadrement des loyers : une mesure de justice sociale

Lors du conseil du 5 octobre, la Métropole a demandé à l’État d’expérimenter l’encadrement des loyers sur Villeurbanne et Lyon. Ce dispositif a été prévu par la ministre du logement Cécile Duflot en 2014 et a été précisée dans la loi ELAN. Cette mesure est nécessaire pour limiter l’indécente augmentation des loyers à Villeurbanne qui ont connu des augmentations de 65 % en 10 ans. Cela concerne notamment les petits logements : 450 € par mois pour un T1 de
18 m² ! En pratique, cette démarche visera à mieux encadrer les hausses de loyer sur une période de 5 ans, afin que les loyers ne dépassent pas 20 % du niveau de loyer médian constaté dans le quartier. Il ne s’agit donc pas de diminuer les loyers, mais bien de limiter leur l'augmentation. Cette mesure permettra de lutter contre la libéralisation du secteur locatif, qui a vu se multiplier la découpe des logements en petites surfaces et les plateformes de location touristique. L’encadrement des loyers n’est pas la seule solution à la crise du logement que nous connaissons, mais il est une première réponse qu’il faudra associer à d'autres mesures ; par exemple la production de logements locatifs sociaux, l'accession sociale à la propriété avec l'Organisme foncier solidaire… C’est l’affirmation forte du droit à un logement digne, dont le loyer n’empêche pas les autres dépenses contraintes (alimentation, énergie…), un logement proche d’équipements publics, de parcs ou jardins, tout simplement un logement pour vivre. Bien sûr, nous veillerons aux moyens déployés pour garantir l’efficacité de cet encadrement des loyers, avec la création d'une brigade métropolitaine de contrôle. Nous serons aussi attentifs aux résultats de cette expérimentation, pour évaluer ses effets concrets pour les locataires comme pour les propriétaires et investisseurs. Cette mesure est un signal fort de début de mandat pour nous, Écologistes. Elle marque notre engagement à répondre aux préoccupations majeures des Villeurbannais·e·s, en gardant comme boussole la lutte contre les inégalités sociales et environnementales.
Aurélie Loire
Groupe Les écologistes

Un programme pour nos écoliers

À Villeurbanne, l’épanouissement des enfants et leur place au cœur du projet éducatif, sont des priorités municipales depuis longtemps. Dans le mandat précédent, le maintien d’une organisation de semaine à quatre jours et demi a été assumé, après concertation, dans l’optique de la réussite éducative et de l’articulation entre les temps dans la classe et les activités périscolaires et extrascolaires. La montée en qualité des activités périscolaires est un enjeu fort du mandat 2020-2026, de même qu’une accélération des enseignements artistiques et culturels en lien avec les équipements et associations de la ville. Nous veillerons à ce que ce mandat soit à la hauteur des attentes de la communauté éducative (élèves, enseignants, parents), en investissant dans le patrimoine bâti (création de nouvelles écoles mais aussi travaux d’entretien et d’amélioration du cadre des bâtiments existants) mais aussi dans les moyens humains. Il s’agira de réduire la précarité des emplois d’animation périscolaire afin de permettre une meilleure stabilité des effectifs, et de tisser plus de liens entre les enfants et ces intervenants.  La sécurisation des abords des groupes scolaires sera également l’objet d’une attention très vive de notre part car trop d’incivilités ou d’activités gênantes ont été rapportées par les personnes qui accompagnent les enfants. Grandir dans un espace serein doit être un droit pour les adultes de demain. Enfin, si les écoles de notre ville sont construites dans un cadre urbain, dont nous voulons accentuer la végétalisation, rappelons que des milliers de petites Villeurbannaises et de petits Villeurbannais découvrent au cours de leurs scolarité le château municipal de Chamagnieu, dans l’Isère. Nouveauté : cette ressource pour l’éducation à l’environnement et des classes vertes depuis des générations d’écolières et d’écoliers a pu servir cet été pour accueillir des familles qui n’auraient pu partir autrement.
Groupe Socialistes et citoyen.ne.s villeurbannais.e.s

5G, leur monde et le nôtre

Le groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !
est fier de s’associer à la demande de moratoire sur la 5G portée par des élus de toute la France et par notre maire, Cédric Van Styvendael. Cette technologie pose de nombreux problèmes : potentiellement dangereuse pour la santé, anti-démocratique, anti-écologique, elle mériterait un large débat national. Réfléchir avant d’agir, discuter et argumenter, voilà la voie vers laquelle nous voulons porter ce sujet. La réponse de l’Elysée ne s’est pas faite attendre. Emmanuel Macron a caricaturé ses opposants et n’a pas encore répondu sur le fond du sujet. Pourtant, à l’heure où les citoyens sont exhortés à agir pour diminuer leur emprunte carbone, proposer une technologie énergivore est un non-sens. La convention citoyenne pour le climat l’a rappelé : le passage de la 4G à la 5G augmentera la consommation énergétique de 30%, pour une utilité incertaine. Les nouvelles bandes hautes fréquences sont d’ailleurs différentes de celles de la 3G et de la 4G,  et on ne connaît pas leurs effets à long terme sur la santé. Aucun rapport sanitaire sérieux n’existe pour prouver leur innocuité, si ce n’est une étude du comité scientifique de l’UE prévenant de conséquences biologiques, de problèmes de santé et de sécurité qui demeurent inconnus.La 5G nous est imposée au nom du progrès et de l’impératif de compétitivité entre les pays. Être concurrentiel, rester dans la course à la production est le seul horizon qui nous est proposé. S’il est vrai que l’arrivée du chemin de fer ou d’internet ont largement contribué à l’amélioration de notre qualité de vie, quels bénéfices tirerons-nous de la 5G ? Aujourd’hui, il est temps de réfléchir collectivement à ce qui signifie le progrès humain et à ce que nous devons mettre en œuvre pour le faire advenir. Si ce débat nous est refusé par le gouvernement, portons-le localement et faisons vivre la démocratie à Villeurbanne !
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !

Construire et rénover la démocratie partout, mettre en œuvre une 6e République

La démocratie est en crise profonde, dans le champ politique comme dans le champ entrepreneurial pour plusieurs raisons. Une crise de la représentativité liée à la structure de la 5e République qui donne un pouvoir inconsidéré au Président de la République et aux présidents des collectivités territoriales. Une impossibilité pour les citoyen·ne·s de peser dans le débat politique entre deux élections malgré des dispositifs (tels que le référendum national ou local) qui, bien, que peu contraignants, ne sont que peu accessibles à une initiative proprement citoyenne. Une désagrégation de l’espace public, lieu où le débat public et l’échange politique, social et culturel peuvent avoir lieu. Cette désagrégation est alimentée par l'immédiateté des échanges et le primat d’une expertise faussement dépolitisée dans le débat public, laissant penser que les citoyen·ne·s sont dans l'incapacité de se forger une opinion et d’agir. La déshérence de notre système judiciaire, saturé, marqué par d’importantes inégalités d’accès comme de traitement, alimente la défiance croissante de la population vis à vis de son système démocratique, dont la justice est le garant. Les Gilets Jaunes ont par leur réappropriation d’un espace public et politique généré la tenue d’un grand débat multipliant ainsi les paroles citoyennes. Il convient de permettre aux citoyen·ne·s de participer, d’être acteurs·trices volontaires de pratiques citoyennes, non seulement localement mais à toute échelle. C’est grâce à la réalisation de ces deux objectifs que la pratique politique peut être renouvelée, les institutions réoxygénées, et que les pouvoirs politiques dans leur ensemble peuvent être re-légitimés. L’avènement d’une 6e République respectant une séparation stricte des institutions politiques, des pouvoirs, et une meilleure prise en compte des citoyen·ne·s et de leurs initiatives dans l’équilibre des forces politiques, est une urgence démocratique.
Groupe Génération.s

Du mauvais usage de la laïcité

La loi contre le « séparatisme » doit être présentée le 9 décembre, en référence à la loi de 1905. Cette dernière, relative à la séparation des Églises et de l’État, est l’un des fondements du droit de la laïcité. Ériger la laïcité en vade-mecum à tous les maux de notre société, tout en dévoyant sa définition, est contreproductif ; pour ne pas dire irresponsable.
La laïcité est avant tout la garantie de la liberté. Elle sépare les Églises de l’État et libère les premières ainsi, et rend neutre le second. L’État et ses représentants, même lorsqu’il y a une délégation de service public, se doivent d’être neutres, sans qu’une intervention supplémentaire du gouvernement soit nécessaire. La République garantit aussi le libre exercice et la libre organisation des cultes. La laïcité n’est donc pas une atteinte, comme cela est envisagé actuellement, aux libertés publiques. L’État laïque est neutre et impartial, il ne peut donc pas décider de la légitimité d’une pratique, ni demander aux associations d’avoir pour but « d’unir la nation ».
La laïcité ne peut pas non plus être honnêtement invoquée par le gouvernement lorsqu’il veut rendre la scolarisation obligatoire dès 3 ans. Cela rendrait obligatoire le financement public des écoles maternelles, même lorsqu’elles sont privées – sous contrat. Nous considérons que l’État laïque et les collectivités n’ont pas à subventionner un enseignement privé, non soumis à l’obligation de neutralité et parfois confessionnel. De même la liberté des parents d’éduquer leurs enfants selon leur conviction ne peut être remise en cause.
Les radicaux et Place publique n’ont eu de cesse d’alerter sur ce subventionnement public des écoles privées.
L’idéal laïque est, celui de la liberté de conscience, de l’égalité des droits, et de l’universalité.
Utiliser la laïcité, dans un sens contraire aux principes et valeurs qu’elle porte, ne résorbera en rien la fracture avec ceux qui combattent le projet républicain ; bien au contraire.
Katia Buisson,
Cercle radical et Place publique

 

Pour le maintien des activités industrielles de General Electric sur Villeurbanne !

L’annonce est tombée comme un couperet : la Direction de General Electric s’apprête à supprimer via un PSE (Plan dit de « Sauvegarde » de l’Emploi) 285 emplois sur les 470 que comptent le site de Villeurbanne - soit plus de la moitié de l‘effectif - pour délocaliser la production et la R&D de sa filiale Grid Solutions SAS spécialisée dans les équipements pour les réseaux électriques (disjoncteurs de haute tension) en Italie, en Inde, et en Chine. Si une telle mesure s’appliquait, ce serait plus de 110 ans d’un savoir faire industriel  aujourd’hui mondialement reconnu qui serait amené à disparaître au profit d’une logique purement financière, et ce au détriment d'une véritable politique industrielle au service des besoins et de l'indépendance énergétique du pays.En effet, alors qu’il est partout question de "relocaliser" la production et les emplois, et que l'heure est plus que jamais à la transition écologique, il serait totalement aberrant, absurde, et à contre courant que tout un pan de l’activité de General Electric relevant du domaine des énergies renouvelables soit délocalisée. Cela d’autant plus qu’il n’y a aucun fondement économique pour procéder à ladite délocalisation d’une production et d’ingénierie « haut de gamme » dont les coûts sont très largement comparables à ceux existant en Italie, et qui ne souffre pas de concurrence directe et sérieuse en provenance d’Inde ou de Chine qui soit susceptible de menacer la production industrielle du site de Villeurbanne sur un marché mondial en pleine expansion. Aussi, notre groupe communiste demande l’application d’un moratoire de ce PSE au profit d’un examen sérieux des alternatives portées par l’intersyndicale CGT/CFDT/CFE-CGC permettant de maintenir la pérennité et le développement du site de Villeurbanne avec le soutien des pouvoirs publics, comme le stipule le vœu adopté à l’unanimité lors du Conseil municipal du 12 octobre dernier.
Cyril Hauland Grønneberg
Groupe Communistes et Républicains

 

Manque d'ambition sur la 5G pour Villeurbanne

« Villeurbanne a toujours été une terre d’avant-garde ». Nous partageons avec M. le Maire ce constat et même ce souhait ; Villeurbanne a toujours été une terre du progrès. Il n’est qu’à voir l’ensemble architectural des Gratte-Ciel, bientôt centenaire, pour s’en convaincre. En signant le manifeste, avec d’autres responsables politiques verts et insoumis, appelant au moratoire du déploiement de la 5G (JDD du 15/09/20), le Maire est peut-être d’avant-garde aux yeux des bien-pensants pour qui la 5G sert à « regarder du porno sur (son) téléphone, même dans l’ascenseur en HD » (E. Piolle 05/07/20), et qui, se disant, ont une vision pour le moins dégradante des citoyens, mais en aucun cas cela ne déploie une vision de progrès pour notre ville. Quand ce texte indique que « l’on donne (...) les clés d’un pouvoir de prévision et de contrôle social à des géants du numériques » cela met sous le tapis que c’est déjà largement le cas ; et le meilleur des moyens d’échapper au « monde meilleur » d’Orwell ce n’est pas de rester dans l’archaïsme technologique mais au contraire de donner les moyens aux citoyens de s’en emparer et de leur faire confiance. Bien sûr qu’il faut un contrôle sanitaire, environnemental et citoyen du progrès mais il passe davantage par la confiance donnée aux citoyens, aux entreprises de s’en emparer, que par l’empêchement d’y accéder. Le groupe Villeurbanne Progressiste porte une conception du Progrès à l’initiative des habitants sur leur territoire, avec les moyens d’y parvenir. En cela nous nous inscrivons dans la tradition de Villeurbanne mais aussi dans son avenir. Bien sûr, toute technologie nouvelle doit être évaluée, mais elle ne peut l’être dans la caricature, le dogmatisme et en pensant à son seul électorat ou ses seules alliances politiques. Car ce faisant nous ne ferons de Villeurbanne une terre d’avant-garde que pour les tenants du "c’était mieux avant" ! Villeurbanne a toujours été une terre de progrès et notre groupe portera haut cette ambition et sa réalisation.
Groupe Villeurbanne progressiste

 

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