Tribunes des partis politiques - Viva n°338 (Décembre 2020, janvier 2021)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Hommage à Samuel Paty - L'école : un lieu d’expression de la laïcité à préserver !

L’assassinat d’un enseignant est un drame universel. En 2012 à Toulouse comme en 2020 à Conflans, dans un pays où la liberté d’expression et l’exercice de la pensée critique sont des valeurs essentielles, le choc dépasse la seule communauté éducative. Samuel Paty portait ces valeurs dans ses enseignements et cela lui a coûté la vie. L’hommage national qui lui a été rendu doit ouvrir une réflexion sur le rôle de l’école de la République et ses valeurs fondamentales. Les lieux d’éducation sont essentiels pour éviter de tels actes commis par des fanatiques. L’ambition d’éducation, pour toutes et tous, dans le respect des opinions et des croyances, doit être plus forte que l'abattement.
L’union nationale a malheureusement vite été rompue par le gouvernement. Ses accusations au sujet d’éventuelles indulgences, voire de responsabilité de partis politiques ou même du corps universitaire, sont indignes : lutter contre les discriminations n’est pas soutenir les terroristes. La laïcité est garante de la liberté de conscience, d'expression mais aussi de caricaturer. Elle est une valeur essentielle pour la liberté et l’égalité. Elle permet l’accueil de toutes et tous, en particulier au sein de l’école de la République, lieu du refus de toutes les exclusions et de tous les obscurantismes. Renforçons les heures d’Enseignement Moral et Civique (EMC), au lieu de les réduire, comme l’a fait ce gouvernement, pour favoriser l’expression et le débat avec les élèves.
Les enseignants et tous les personnels des établissements scolaires ont tout notre soutien pour cette terrible épreuve qui s’ajoute aux difficultés sanitaires. Faisons leur confiance pour porter ces combats, sans dogmatisme. Selon Célestin Frenet, célèbre instituteur et pédagogue, l'apprentissage de l'esprit critique, le souci de la justice sociale, et la garantie de la neutralité sont compatibles. Notre école doit appliquer son conseil : « La morale ne s’apprend pas, elle se pratique ».

Jacques Vince pour le groupe Les écologiste
Groupe Les écologistes

Les conditions de travail : un sujet toujours aussi brulant

La crise sanitaire démontre que notre société ne peut pas fonctionner avec la croissance économique comme seule indicateur. Les plans sociaux explosent, des milliers de sous-traitants sont menacés, le climat social se dégrade. Si nous comptons 5,1 millions de personnes aisées avec un revenu moyen de 3470 euros mensuels après impôt nous constatons que le nombre des personnes tombant sous le seuil de pauvreté a progressé Villeurbanne en mesure les effets effets : la suppression de nombreux emplois sur le site d’Alsthom viendra s’ajouter aux 17 000 chômeurs déjà inscrits et 6800 bénéficiaires du RSA, il nous faut donc continuer ce travail d’accompagnement aux personnes les plus éloignées de l’emploi et appuyer les initiatives telle que Territoire Zéro Chômeur. Le chômage des jeunes est un enjeu que l’on ne peut  ignorer. La formation professionnelle doit être valorisée, les diplômes mieux reconnus ; le plan de relance comporte un volet formation :
nous devrons rester vigilants sur son application et appuyer les initiatives telles que Territoire Zéro chômeur.  Le télétravail doit être davantage déployé dans les conditions qui préservent de l’isolement et maintiennent le temps collectif. Des moyens significatifs doivent être affectés dans les métiers en tension. Les soignants ont été applaudis pendant le confinement mais cela ne suffit pas, les hôpitaux n’ont pas eu des aides à la hauteur des attentes. Des engagements en matière de revalorisation salariale dans le secteur sanitaire doivent être tenus : d’autres métiers méritent cette même attention : les travailleurs des transports, des commerces, de la gestion des déchets, et bien d’autres. Le décret de reconnaissance du COVID 19 comme maladie professionnelle doit être publié. On ne saurait oublier le monde de l’éducation où les salaires ne sont pas à la hauteur de leurs compétences et des attendus de la mission des enseignants. Mais il faut aussi préserver le droit des travailleurs au-delà de nos frontières :
il s’agit de concrétiser l’engagement de la présidente de la commission européenne qui a lancé une consultation pour des salaires minimums équitables dans l’UE.
Groupe Socialistes et citoyen.ne.s villeurbannais.e.s

De General Electric à l’hôpital public, les sacrifiés de l'Elysée

Le 13 avril 2020, le Président de la République déclarait qu' « il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » Alors que nous sommes privés de nos libertés pour la seconde fois en moins d'un an, où en est-on du plan massif censé
« rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française » ? Nous en sommes encore loin. Si une prime a bien été versée à certains secteurs productifs, elle représente une goutte d'eau dans l'océan des promesses non tenues. Depuis 2017, il y a eu 8 500 suppressions de lits d'hôpitaux, dont
3 400 en 2019. D'autres sont toujours planifiées, comme au CHU de Caen ou à l'hôpital psychiatrique du Vinatier. Pour aller aux urgences, il faudra bientôt payer un forfait de 18 € ! Où est passée la gratuité de notre système de santé ? Les caissier•ère•s, les paysan•ne•s, les ouvrier•ère•s, les enseignant•e•s ; aucune de ces professions pourtant essentielles n'a vu ses conditions de travail s'améliorer.
C'est même tout l'inverse : le système productif français se dépouille de ses meilleurs éléments sans que l’État n'y trouve rien à redire. À Villeurbanne, le plan de licenciements et de délocalisation décidé par la direction de General Electric entérine la démission du gouvernement face à la transition énergétique. A Gerzat, le refus de nationaliser Luxfer, qui produit des bouteilles d'oxygène pour le secteur médical, confirme son abandon de nos entreprises stratégiques.
La crise sanitaire et sociale nous impose de réfléchir au modèle de société que nous voulons. Faut-il réagir à ce qui nous prend au dépourvu, ou planifier pour permettre notre résilience ? Mettre en concurrence les peuples, ou bien miser sur l'entre-aide ? Abandonner les exclus de la mondialisation, ou compter sur la richesse d’une France cosmopolite ?
Planification, solidarité, protection sociale : voilà ce qu'il nous faut mettre en place.
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !


La laïcité ne doit pas être instrumentalisée

Inquiétude face à l’instrumentalisation de la laïcité par ceux, de tous bords, qui ont le projet politique de diviser les citoyens afin d’affirmer leur pouvoir. Il faut expliquer et non jouer sur les colères et les peurs. De même, à ceux qui disent qu’ « il faut s’exonérer des lois de la paix », nous répondons qu’il faut protéger l’État de droit. Notre République est fragile. Elle n’est pas si ancienne. Dans notre pays, nous avons la chance d’avoir une Constitution qui, dans son article premier, garantit nos droits et nous permet de vivre ensemble : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Notre République est laïque : elle organise la séparation des religions et de L’État. L’État est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n’y a pas de religion d’État. Les lois sont celles de la République laïque. Notre République est laïque : chacun est libre de croire ou de ne pas croire. « Elle permet la libre expression de ses convictions dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public. » La laïcité est faite pour nous rassembler car elle garantit la liberté, l’égalité et la fraternité. Tous ceux qui l’utilisent pour nous diviser remettent gravement en cause les principes de la République. Nous ne devons pas renoncer à nos libertés au nom de la sécurité. Le combat premier et urgent que nous avons à mener est de rétablir l’égalité dans notre pays, partout et pour tous, car c’est dans le sentiment d’inégalité et d’injustice sociale que naissent les colères, justes, légitimes mais que d’autres instrumentalisent non pas pour rétablir l’égalité et la justice mais pour attiser la haine et les divisions.
Groupe Génération.s


Dérapage « global » sur la sécurité

2020 s’achève. Espérons que 2021 soit l’année du déconfinement, du vaccin, du plaisir retrouvé des terrasses, du sport collectif et des dîners en famille. Pour cette dernière tribune de l’année, j’aurais souhaité exposer les projets municipaux et parler de l’assemblée citoyenne, de l’université populaire, des jurys citoyens... Bref, j’aurais voulu parler des avancées que l’on prévoit de mettre en œuvre en matière de démocratie locale. A la place, la proposition de loi dite de
« sécurité globale » nous oblige à consacrer notre tribune à une alerte. Nous sommes de cette gauche qui n’a jamais eu peur de défendre les forces de l’ordre. Nous sommes résolument pour la garantie de la sécurité. L’insécurité, ce sont les plus fragiles qui y sont les plus exposés. Et c’est parce que nous prenons au sérieux le sujet de la sécurité que nous veillons scrupuleusement aux principes qui sous-tendent l’évolution des règles et des moyens mis en œuvre en la matière. Le rapport préparatoire à la loi vise la sortie des questions sécuritaires du domaine régalien.
Il préconise le transfert de missions à la police municipale, le recours à la sécurité privée et parle explicitement de « sous-traitance ». Doit-on s’en remettre à on ne sait quelle start-up de la sécurité ? Déresponsabilisation de l’Etat, remise en cause de la liberté d’informer, etc. Domaine au cœur du pacte républicain, il revient aux citoyens de décider collectivement de l’équilibre idéal entre sécurité et liberté dans notre société. La crise sanitaire a mis au cœur des débats la question de l’équilibre entre liberté et sécurité. Toute la problématique est de savoir où l’on place le curseur entre responsabilité collective, contraintes nécessaires et libertés individuelles. Enième loi sécuritaire – qui s’ajoute à la dizaine de lois votées en moins d’une décennie et qui n’ont même pas toutes le temps d’être appliquées, encore moins évaluées – la loi
« sécurité globale » sacrifie les libertés sur l’autel de la sécurité.
Jonathan Bocquet
Groupe Cercle Radical et Place Publique

 

La laïcité, sœur jumelle de la liberté !

L’horrible assassinat de Samuel Paty et l’atroce crime terroriste d’un fanatique islamiste perpétré à Nice ont plongé la France dans la stupeur et l’effroi. Après le soutien aux familles des victimes, aux enseignants et aux usagers de l'école publique, ainsi qu’aux catholiques qui ont été visés, il nous faudra continuer à défendre sans relâche et sans concession la laïcité telle qu’elle a été instaurée par la loi du 9 décembre 1905 et dont nous fêtons le 115e anniversaire, afin de conjurer le poison de la haine et de la division, tout en favorisant la concorde républicaine et la paix civile. Rappelons que cette laïcité à la française permet de croire ou de ne pas croire, d’avoir une religion ou de ne pas en avoir, mais aussi de pouvoir en changer et de critiquer toutes les religions... avec ou sans caricatures ! Rappelons également que le principe de laïcité est contraire au communautarisme, et ne permet de subventionner aucun culte. Rappelons enfin que que notre Constitution proclame que « les hommes naissent libres et égaux en droits », ce qui veut dire égalité des droits de tous et toutes, et ce sans distinction d'origine, de religion, de conviction, ou d'orientation sexuelle. En plus de cette défense de la laïcité, il nous faudra également reconquérir les « territoires perdus » de la République, dans lesquels le terrorisme tente de s’implanter et prospérer. C’est pourquoi nous soutenons la démarche de la centaine d’élus locaux qui avec le « Collectif Territoires Gagnants » réclament que 1% des 100 milliards d’euros du plan de relance soit affecté au sauvetage des zones sensibles en voie de paupérisation accélérée, soit 1 milliard d’euros réparti en priorité vers le monde associatif culturel à destination des jeunes, les aides humanitaires d’urgence, la création de centres médicaux et maisons de santé, la mobilisation des acteurs de l’emploi, le reste étant consacré aux médiateurs, à la lutte contre l’illettrisme et la mobilité.
Groupe Communistes et Républicains

Crise sanitaire : la Ville doit prendre toute sa part

La crise sanitaire et les conséquences économiques et sociales qui en découlent constituent un précédent sans équivalent. Malgré des mesures courageuses et contraignantes qui ont fait leurs preuves, et la perspective prometteuse d’un vaccin, nous sommes toujours contraints de vivre avec le virus. Le gouvernement a œuvré pour garantir au mieux la santé publique. Bien sûr, il est facile d’affirmer qu’il aurait fallu faire autrement tout comme il n’est guère responsable de réclamer des mesures fortes pour les dénoncer dès qu’elles sont mises en place. Mais dans une crise comme celle-ci, où même les scientifiques affichent leurs divergences, il est difficile d’exiger des responsables politiques qu’ils détiennent la vérité et qu’ils décident avec une vision exacte à long terme. Ce qui devrait inciter les « y’a qu’à faut qu’on » à la plus grande humilité. La stratégie choisie par la France est d’ailleurs celle de la plupart des pays européens. Mais au-delà des mesures sanitaires pour contrer la propagation du virus, le gouvernement œuvre depuis des mois pour maintenir l’activité économique et les emplois qui lui sont liés : plan de relance irrigant l’ensemble de l’économie, activité partielle et divers dispositifs d’aides financières (prêts garantis par l’Etat, fonds de solidarité, plan jeunes…) permettant aux entreprises en difficulté d’éviter de réduire leurs effectifs. Si les collectivités territoriales ont été en première ligne depuis le mois de mars dernier, elles doivent aussi s’engager pour prolonger cette politique de soutien à l’économie.
La Métropole de Lyon commence timidement à annoncer quelques mesures, parfois plus gage de bonnes intentions que d’actions réelles, et il revient aussi à Villeurbanne d’œuvrer pour un dispositif de soutien au tissu économique et associatif. Nous prenons acte des annonces et engagements du maire. Les intentions sont louables mais nous serons attentifs à leur concrétisation et nous attendons des actions fortes et efficaces .
Groupe Villeurbanne progressiste

 

 

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