Tribunes des partis politiques - Viva n°328 (novembre 2019)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté : aller au-delà des effets d’annonce

En 2018, le gouvernement a présenté la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.
Si les intentions de ce plan sont louables, elles sont souvent contradictoires  avec les décisions gouvernementales mises en place depuis deux ans et demi : suppression des contrats aidés, réduction de l’allocation logement, mise en difficulté des bailleurs sociaux, désindexation des retraites sur l’inflation, durcissement des règles d’indemnisation chômage… La France s’est couverte de jaune et de nombreux services publics comme les services d’urgences, les sapeurs-pompiers, les enseignants se sont mis en grève car ils manquent cruellement de moyens.
Aujourd’hui, en 2019, la prévention et la lutte contre la pauvreté sont plus que jamais une priorité. La métropole de Lyon s’est portée candidate pour être un territoire démonstrateur de la stratégie nationale. Notre groupe soutient avec vigilance cette démarche : l’engagement  d’une  politique  déterminée  de  sortie  de  la  pauvreté est indispensable. Nous avons participé à la concertation autour de la déclinaison de ce plan au niveau du Grand Lyon. Au final, ce sont 50 mesures concrètes qui seront financées sur l’agglomération : la mise en place d’une équipe pour repérer et accompagner les familles vivant à la rue, l’accompagnement social renforcé des jeunes majeurs issus de l'aide sociale à l’enfance, le financement de projet associatif de lutte contre la précarité… Ces actions sont mises en œuvre pour la période 2019 – 2021.
Lutter contre la pauvreté, c’est donner à chacun les mêmes chances. La solidarité  est une nécessité humaine et politique, c’est un des facteurs clé de l’équilibre Républicain. L’urgence sociale nous impose la réussite de ce plan, c’est aussi au niveau national que les actes devront permettre de lutter efficacement contre ce fléau. Pour le moment, le compte n’y est pas.
Groupe Socialistes et apparentés

Ne pas laisser confisquer l’écologie

Pour ma génération – Une génération consciente dès son plus jeune âge que les ressources n’étaient pas infinies et que notre mode de vie actuel n’était pas compatible avec la sauvegarde de notre écosystème – pour cette génération, l’écologie n’a jamais été une option ; elle a toujours été une évidence. L’urgence environnementale, nous avons grandi avec. C’est peut-être pour ça que je ne comprends pas qu’un parti préempte cette thématique comme si c’était sa propriété et son jouet.
La respiration dans la ville, la revégétalisation, la place des modes doux, la consommation locale et responsable, la sobriété énergétique, la réduction des déchets notamment plastiques, les technologies propres sont autant d’impératifs. Ce ne sont pas des thèmes de campagne : ce sont des postulats sur lesquels doivent être élaborés tous les programmes quel que soit les camps.
Ceux qui veulent confisquer l’écologie et en faire un thème électoral n’ont rien compris au message porté par les jeunes qui défilent pour sauver la planète.
Au-delà des dispositifs et des mesures tournés vers la préservation de la biodiversité et de la qualité de l’air, l’écologie est avant tout un cadre d’action publique. Compte tenu des enjeux, il ne peut pas y avoir de politique municipale qui ne soit pas résolument écologiste.
Nous n’avons pas attendu 2019 pour nous en convaincre. L’écologie politique, les radicaux en parlent depuis longtemps. Faut-il rappeler que l’écologie municipale est née à La Rochelle avec le maire radical de gauche Michel Crépeau ? Nous ne donnons pas de leçons si ce n’est celle de dire que ceux qui s’engagent sincèrement pour l’écologie n’ont pas le droit d’en faire un thème politicien.
Une fois l’impératif écologique admis, il convient alors de dire comment on le décline localement et avec quelles ambitions doit s’articuler la transition. Les radicaux ont fait le choix du modèle républicain, de l’exigence de justice sociale, du soutien à l’innovation.
Groupe Radical Génération Ecologie et Citoyens


Renouvellement urbain

Le renouvellement urbain est le terme générique donné par l’État pour favoriser « la transformation en profondeur les quartiers classés prioritaires ». Ces quartiers sont des quartiers « qui présentent une forte concentration de ménages en difficulté sociale et économique » et qui en conséquence cumulent de nombreuses autres difficultés : absence de commerces, faible déserte de transport en commun, écoles primaires délaissées ! Villeurbanne compte
6 quartiers classés prioritaires sur les 37 de
la Métropole, soit bien plus que le prorata de la population.
De notre analyse, il s’agit là de l’échec le plus clair de la municipalité sortante qui n’a pas su mettre en œuvre tous les moyens décrits dans la politique de la ville : désenclavement des quartiers, diversification de l’habitat, déconstruction...
D’autres villes comme Reims ont fait mieux, car avec 20 % d’habitants en plus et 4 quartiers prioritaires, Reims a obtenu de l’État 3 fois plus de budget pour la rénovation urbaine et a désenclavé les quartiers par la venue du tram, a démoli des tours pour améliorer la mixité sociale et créer des espaces verts de qualité.
Nous devons constater que la mairie de Villeurbanne, qui n’hésite pas à prendre parti contre la Métropole par exemple dans la politique de vente d’HLM, n’a jamais revendiqué de façon forte, l’urgence du désenclavement des quartiers St-Jean, les Buers voire les Brosses.
Une solution rapide que nous avions proposée est un téléphérique entre L.Bonnevay (centriste et créateur des HLM publics) et
La Feyssine : ce n’est pas très cher, c’est rapide
à déployer et c’est très développement durable. Pour faire plus, il est nécessaire de prévoir un tram qui traverse le canal depuis les Buers, jusqu’à Vaulx-en-Velin en passant par St-Jean, mais là il est nécessaire de déconstruire quelques immeubles et d’y associer la création d’espaces publics. Mais il aurait fallu le prévoir à l’avance pour reloger progressivement les habitants et prévoir les nouveaux commerces qui pourraient s’appuyer sur ces projets.
Hervé Morel,
Groupe centriste UDI


Projet Grandclément : pour un quartier qui préserve le climat, et offre des prix accessibles à tous !

Le quartier de Grandclément connaît depuis des années une mutation très rapide, essentiellement avec des opérations de promotion privée et des prix qui peuvent dépasser 5000€/m2. Nous souscrivons au choix de la ZAC pour la suite de l’aménagement, afin de maîtriser la composition urbaine et d'impliquer les promoteurs dans
le financement des équipements, parcs et espaces publics. Le futur parc de 3,5 ha sera un élément central du projet, véritable poumon vert et lieu de détente qui fournira un îlot tempéré lors des canicules à venir. Nous approuvons aussi la mixité prévue entre activités économiques et habitat et souhaitons que tous les équipements publics nécessaires figurent au projet. Cependant, nous visons une ambition plus forte sur plusieurs points. La désimperméabilisation des sols doit aller au-delà des 5 ha où l’aménagement prévoit l’infiltration des eaux pluviales. Ce choix permet de lutter contre les îlots de chaleur et de préserver la ressource en eau par un meilleur rechargement de la nappe phréatique. Sur la qualité de l’air, qui se dégradera avec le futur quartier, imaginons par exemple des secteurs sans voiture, avec moins de stationnement individuel au profit de places en auto-partage sur la voirie, et avec un accompagnement à la mobilité non polluante (offres TCL ou Vélo’v les premiers mois…). En matière d'énergies renouvelables, outre le réseau de chaleur, l’énergie solaire doit être mieux exploitée, notamment sur les toitures des bâtiments industriels (sheds), avec des panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques. Nous proposons aussi que les bâtiments à construire ou réhabiliter soient économes en ressources « matières », avec l'emploi de matériaux recyclés ou biosourcés, qui, non seulement, ont un faible impact environnemental mais contribuent au développement de filières locales. Ce projet doit être un véritable éco-quartier exemplaire sur le plan environnemental mais aussi social, en offrant du logement accessible aux ménages de toutes catégories.
Béatrice Vessiller,
Groupe Rassemblement citoyen EELV-FDG


La ville en mode dégradé

J’ai vécu 36 ans à Villeurbanne.
J’ai connu une ville agréable à vivre, bigarrée avec de grands ensembles,  des zones pavillonnaires, de vieilles demeures.
Une ville  avec  une multitude d’espaces verts, des jardins privatifs aux terrains en friche qui offraient des trous de verdure.
L’ensemble donnait un côté  poétique à certains quartiers et tellement éloigné de la grisaille et de l’aspect minéral de Lyon et de la torpeur des communes périphériques.
Une ville qui comptait de nombreux petits commerces et  des marchés animés.
Une ville avec ses quartiers populaires, à une époque où ce terme ne signifiait pas encore délinquance, communautarisme, zone de non droit.
Cet environnement urbain disparate faisait  
de  Villeurbanne un lieu insolite.
Malheureusement force est de constater que tout cela a disparu.
Bien sûr on ne peut pas mettre une ville sous cloche ni arrêter les progrès d’un urbanisme prédateur. Cependant depuis 30 ans la ville a été complétement défigurée.
C’est devenu le terrain de jeu des promoteurs qui affichent des programmes séduisants sur le papier qui aboutissent dans la réalité à des cités dortoir.
Les occupants les plus chanceux y accéderont via le logement social, les autres via un crédit sur 30 ans. Ce bétonnage a été massif. De vastes programmes immobiliers ont succédé au moindre terrain vague, et les pavillons seront bientôt aussi peu nombreux dans la commune que les pandas en Chine. Villeurbanne est devenue une ville « moderne » mais elle a perdu sa singularité et ressemble à tous les espaces urbains périphériques du monde. En prime nous avons gagné les problèmes des grands centres urbains : laideur, nuisances sonores, incivilités, délinquance, trafic de drogue. Bref que du bonheur ! Cette  évolution négative se poursuit car la Métropole veut absolument densifier la ville afin de se transformer en mégalopole. A ce rythme-là nous serons bientôt plus des Villeurbannais mais des New-yorkais blafards !
Stéphane Poncet,
Groupe Rassemblement national

À l'heure où nous bouclons ce magazine, les tribunes du Groupe Communistes et républicains et du Groupe Les Républicains-Changeons Villeurbanne ne nous sont pas parvenues.

 

A lire aussi