Voyage artistique à l'hôpital des Charpennes

Théâtre, poésie, chanson, rire et danse ont rythmé pendant trois ans le quotidien de l’hôpital des Charpennes avec Le voyageur debout. La compagnie est intervenue auprès des résidents et résidentes une fois tous les quinze jours, de septembre 2019 à décembre 2022, hors confinement, avec des créations originales et des artistes invités.
La compagnie le voyageur debout

La compagnie Le voyageur debout publie un livre pour retracer trois années de résidence artistique

Pendant trois ans, Marie-Emilie Nayrand, Jean-Luc Bosc et Sandrine Gelin ont enfilé des dizaines de costumes différents pour aller à la rencontre des résident.e.s de l'hôpital des Charpennes. Tantôt factrices, tantôt musiciens, clowns, compteur.se.s ou magicien.ne.s, les artistes de la compagnie Le Voyageur debout ont proposé des spectacles dans les chambres et les espaces communs, accompagné les soignants et fait entrer l'art sous toutes ses formes à l’hôpital.

Une autre forme d'écoute

Pour la comédienne Sandrine Gelin, cette résidence a apporté bien plus que du spectacle aux résident.e.s de l’hôpital des Charpennes : “l’artistique est au cœur de nos créations bien sûr, mais on s’est rendu compte qu’on apportait aussi une autre forme de présence et d’écoute aux personnes que l’on rencontrait”. Les saynètes, imaginées à partir des indications du personnel soignant, ont amené les artistes à interagir directement avec les patient.e.s, à donner à manger à certains, à leur apporter le courrier, à les accompagner dans le jardin ou dans la salle d’animations.  “Pour les pièces ou les concerts dans les parties communes, les résidents et résidentes se préparaient un peu comme s’ils sortaient au théâtre, c’était comme une respiration dans le quotidien”, raconte-t-elle.

Et dans les chambres, les oreilles des comédien.ne.s étaient toutes ouvertes pour recueillir les témoignages, heureux ou non. Marie-Emilie Nayrand a notamment imaginé un “Troc de souvenirs”, échangeant des anecdotes personnelles avec les patients dont elle enregistrait les paroles - avec leur accord bien sûr.

 

La compagnie Le voyageur debout a imaginé des dizaines de saynètes à l'hôpital des Charpennes

Trois ans de résidence et des dizaines de saynètes

 

L’hôpital gomme les individualités, surtout quand vous y entrez pour un séjour prolongé voire pour ne plus en sortir. Une résidence comme celle du Voyageur debout permet de remettre chaque humain et ses particularités au centre de l’action, et on a constaté que ça aidait vraiment les patients au quotidien. On leur permet aussi de dire “non, je n’ai pas envie de ça maintenant”, or c’est leur seul vrai moment de libre arbitre dans une routine hospitalière où tout est cadré, de l’heure du lever à celle des repas ou de la prise de médicament”, explique Claude Palazzo. Membre de l’association Art en tête et médiatrice culturelle, c’est notamment elle qui a rendu possible les résidences artistiques à l’hôpital des Charpennes en trouvant des mécènes. “L’hôpital gériatrique n’est pas forcément le mouroir qu’on imagine : pour moi ça devrait être avant tout un lieu de vie où l’on peut être soigné dans les meilleures conditions possibles”.

Un livre en témoignage

En trois ans, la compagnie Le voyageur debout a imaginé des interventions aussi variées qu’inattendues. Théâtre d’improvisation, marionnettes, réinterprétation de comédies musicales à succès, détournements d’émissions télévisuelles, représentations d'œuvres classiques, ateliers de peintures d’autoportraits, création florale, concerts de flamenco et tant d’autres… “On est loin des clichés, jeux de cartes, crêpes et Edith Piaf”, plaisante Claude Palazzo.

 

Le livre Voyage en terre sensible retrace ces trois ans de résidence

Le livre Voyage en terre sensible retrace ces trois ans de résidence

 

Alors que la résidence se termine, la compagnie publie un livre pour raconter cette aventure, immortaliser leurs actions et les paroles des résidents. La publication de Voyage en terre sensible a été l’occasion de proposer une énième après-midi festive dans la salle d’animations de l’hôpital des Charpennes, jeudi 15 décembre, avec la participation de l’accordéoniste rock’n’roll Claudine Lebègue, du contrebassiste Laurent Petitguyot et du guitariste Olivier Lataste. Le sourire des résidents réunis ce jour-là laisse peu de place au doute : la culture à l’hôpital, c’est loin de n’être qu’un détail. 

 

Une après-midi festive à l'hôpital des Charpennes
Une après-midi festive à l'hôpital des Charpennes

 

La compagnie le voyageur debout en résidence à l'hôpital des Charpennes

 

 

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