L'ouvre-porte : accueil citoyen à Villeurbanne
28 novembre 2024
Isabelle Rabeyron, référente de l'accueil citoyen à l'Ouvre-Porte, et Mélanie, accueillante depuis deux ans.
Accueillir une personne inconnue chez soi ne se fait pas sur un coup de tête. « Mais une fois que la décision est prise, on s’aperçoit que c’est simple », assure Isabelle Rabeyron, référente de l’accueil citoyen à l’Ouvre-porte, association créée en 2017.
Il faut dire que rien n’est laissé au hasard et que des médiateurs et bénévoles veillent au bon déroulement des choses. Malgré ce cadre qui rassure, depuis le covid, le nombre d’accueillants a baissé. Aujourd’hui une cinquantaine d’entre eux participent à « la boucle ». Le principe est simple : quatre accueillants hébergent à tour de rôle une personne, une semaine par mois, jusqu’à une solution pérenne. Familles, célibataires, retraités, colocataires… Les profils sont divers, comme les statuts des hommes et des femmes accueillis, jeunes, en majorité venus d’Afrique. Une convention passée entre les deux parties permet de poser le cadre et les règles de vie. « En général, la cohabitation se passe bien. On se respecte et on s’adapte. Et si cela ne convient pas, on peut stopper quand on veut ». Bien sûr, l’accueil est inconditionnel, quelles que soient l’origine, la langue, la religion, etc.
Témoignage
Mélanie, accueillante à l'Ouvre-Porte
Dans l’appartement de Mélanie, du côté de Ferrandière, il y a une chambre libre. Enfin, il y avait. Car aujourd’hui, elle est occupée par des personnes qui étaient à la rue. L’histoire remonte à il y a deux ans, lorsque la jeune femme, hydrogéologue au Département, entend parler de l’association l’Ouvre porte et rencontre ses bénévoles. Elle raconte.
« Je voulais faire quelque chose en lien avec mes valeurs, sans trop m’investir, notamment parce que je n’ai pas beaucoup de temps. L’accueil citoyen m’a tout de suite correspondu. J’ai posé des questions sur le fonctionnement et compris que le cadre était sérieux. Je n’ai pas eu d’appréhensions ou alors je les ai mises de côté parce qu’elles n’étaient pas rationnelles. Je me suis lancée rapidement. Je vis seule et pour mon premier accueil, j’ai demandé à ce que ce soit une femme. Une jeune Guinéenne s’est installée chez moi. Elle a obtenu ses papiers quelques mois plus tard et elle est partie. Venu du Nigéria, Brandon, 23 ans, a pris la suite. C’est compliqué de nouer une relation en se côtoyant une semaine par mois. Avec lui ça s’est fait facilement. Il parle bien français et évoque volontiers sa vie, son parcours, ses projets. On a une relation sympa. Côté intendance c’est simple, il se sert dans le frigo, parfois on prend nos repas ensemble mais chacun est libre. Je ne change pas mon planning quand Brandon est à la maison. Il a la clé et va et vient comme ça l’arrange, en fonction de ses occupations, il donne des cours de français au Secours populaire par exemple. La semaine passe vite. Il n’y a jamais eu de souci, mais je sais qu’en cas de besoin l’association est présente, je ne me sens pas seule. Cette expérience m’apporte beaucoup. Je découvre la vie d’êtres humains a priori éloignés de moi. Je découvre les épreuves qu’ils ont traversées et celles qui ne sont pas finies. Tant que je reste ici et que je vis seule, je continuerai à les accueillir. C’est ma petite façon d’agir, même si je trouve que c’est peu... »
L’Ouvre-porte – louvreporte.org