Après 8 ans d’enseignement à l’école Berthelot de Villeurbanne, Pauline Janin fait un constat récurrent : ses élèves de CM1 - CM2 ne connaissent pas leur ville. « Ils me disent souvent "Je ne sors jamais, la ville est nulle" et quand on fait des sorties, ils sont évidemment toujours enthousiastes, aller à Fourvière, c’est l’aventure pour eux », explique l’enseignante.

De cette observation est née la « dictée des arts », co-construite avec son collègue Pierre Stermula de l’école Jules-Guesde, elle consiste à allier orthographe et histoire de l’art. Chaque semaine, les élèves découvrent une œuvre d’art présente à Villeurbanne, étudient son histoire et réalisent une dictée à son sujet. Au total, ce sont 36 œuvres qui seront étudiées, réparties en cinq quartiers pour coller aux cinq périodes de l’année scolaire. Avant chaque vacances, la classe part sur le terrain pour voir les œuvres étudiées en classe. « Même nous, enseignants, on redécouvre la ville », s’enthousiasme Pauline Janin. Et le projet mobilise aussi les familles : « Les parents refont souvent nos parcours avec leurs enfants. C’est un beau moment où les enfants partagent ce qu’ils ont retenu ».

^{Les élèves de l'école Berthelot travaillant sur la dictée des arts.}

Au-delà de l’apprentissage de la langue et de la pratique de l’histoire de l’art souvent mis de côté en classe par manque de temps, la démarche permet aux enfants de se sentir acteurs de leur territoire et de faire naître un sentiment d’appartenance pas toujours inné

Les élèves, eux, sont conquis et deviennent de vrais connaisseurs de leur ville. Parmi leurs œuvres favorites, on retrouve la Fontaine des Géants du quartier du Tonkin ou Le Regret des Oiseaux, sculpture méconnue cachée dans le parking souterrain de Gratte-Ciel qui reprend le poème éponyme de Marcel Béalu.

Pour prolonger l’expérience, ils apprennent également autour de jeux sur mesure : Monopoly, Code Name, Jeu de l’oie et rallye photo. « Ils sont enthousiastes, ils cherchent, ils s’émerveillent devant le côté majestueux de certaines œuvres », se réjouit l’institutrice. Le tout à deux pas de l’école.