Retour sur le festival des Reflets du cinéma Ibérique et Latino-Américain

Dans le cadre du festival des 36e Reflets du cinéma Ibérique & Latino-Américain, Théo, Alice et Loulou, membres du comité de rédaction "Jeunes à Villeurbanne", ont eu l’occasion de voir quatre films : Niña errante, Insoumises, Voy Por Ti et Pleins d’enfants, un singe et un château. Ils partagent avec vous leurs avis et critiques sur ces œuvres aux thématiques variées.
Retour sur le festival des Reflets du cinéma Ibérique et Latino-Américain

Les critiques de Théo :

Niña errante (Rubén Mendoza)

Sorti en 2018, Niña errante est un film colombien réalisé par Rubén Mendoza. On y suit Angela, une jeune fille qui va rencontrer ses trois demi-sœurs à la mort de leur père. Ensemble, elles partent pour un voyage à travers la Colombie pour amener Angela vivre chez une de ses tantes qu’elle ne connait pas.
Le long métrage aborde les sujets de la jeunesse, de l’adolescence, de la construction identitaire. Une construction complexe pour Angela puisqu’elle oscille entre un deuil familial et une rencontre avec ses sœurs. Identité et famille sont donc les deux aspects centraux du film. Et c’est brillant. La première partie du récit se veut surtout contemplative puisque Angela reste spectatrice durant une bonne partie du film, avant de devenir actrice de sa propre histoire. Son histoire, on la voit par ses questionnements au sujet de l’évolution de son corps. Ses sœurs occupent ici un rôle de guide, ce sont elles qui servent de passerelle entre le monde de la jeunesse et celui des adultes.
Mais ce qui ressort bien plus dans Niña errante, c’est sa photographie (portée par Sofia Oggioni) absolument remarquable. Sans s’imposer en permanence, le long métrage nous propose de très nombreux visuels brillants, prenant presque le rôle de tableaux incrustés dans le film. Le cadre et l’image en général ont donc une importance capitale puisqu’ils viennent faire ressortir tout ce que les personnages ne disent pas. Cela se ressent notamment dans la représentation des corps et des mouvements qui est extrêmement sublimée.
Niña errante est donc un film au discours très bien porté avec sa narration prenante et surtout son cadre travaillé et perfectionné. Cela en fait une œuvre très belle, aussi bien par son propos que par son image.

Niña errante (Rubén Mendoza)

 

Insoumises (Fernando Perez & Laura Cazador)

Réalisé par Fernando Perez et Laura Cazador, Insoumises est un film Cubain et Suisse paru en 2019. Le long métrage raconte l’histoire vraie d’Enrique Faber, médecin-chirurgien suisse qui part s’installer en 1819 à Cuba pour y retrouver sa tante. Il finit par s’y installer afin d’y ouvrir son cabinet.
Le film porte énormément de propos sur la société cubaine du début du XIXe, une société encore très sujette à l’esclavagisme et aux inégalités sociales. On s’identifie très facilement au personnage d’Enrique Faber qui semble se détacher de cet univers avec son grand altruisme et ses idées anti-esclavagistes. On le suit donc, durant une bonne première moitié du film, dans sa lutte contre les inégalités (auxquelles il semble miraculeusement échapper), jusqu’à une révélation majeure (que je ne dévoilerais pas ici !), qui va drastiquement changer le cours du film.
Le sujet des inégalités est au cœur d’Insoumises, qui ne se contente pas juste de dire “ohlala l’esclavagisme c’est pas sympa”, mais va plutôt chercher à montrer la réalité de la société de cette époque, et par quels moyens les individus peuvent lutter contre. Le titre Insoumises au féminin ne vous aura pas échappé. La question de la place de la femme dans la société cubaine ultra-patriarcale est également au centre du récit, bien que je ne puisse pas en dévoiler d’avantage afin d’éviter tout spoil…
Esthétiquement le film propose des décors, costumes et autres éléments visuels très travaillés pour retranscrire une époque et des mœurs drastiquement différentes des nôtres. On y retrouve également un travail important sur les couleurs et les textures qui donne à l'œuvre une patte visuelle très particulière.
Insoumises est donc définitivement un très bon film qui sait raconter un triste récit parfaitement retranscrit et abordable tout en ayant un excellent discours historique.
Insoumises est donc définitivement un très bon film qui retranscrit un drame de manière abordable tout en ayant un excellent discours historique.

Insoumises

 

Voy Por Ti (Carmen La Roche)

Film Vénézuélien de Carmen La Roche, Voy Por Ti, sorti en 2019 nous fait suivre Marcos, adolescent un peu perdu, qui cherche désespérément à trouver sa place dans son lycée. Les thèmes de la jeunesse et de la construction identitaire sont donc au centre du récit, puisque Marcos va chercher à se créer des relations et à se rapprocher des autres, dans un établissement et un cadre qui ne semblent pas l’aider. Il commence à trouver sa place grâce à Maryuri, une jeune fille dont il tombe amoureux.

Malgré des idées qui semblent très intéressantes à aborder, Voy Por Ti fait plutôt office de long métrage grotesque nous racontant le quotidien d’un adolescent en peine de cœur. En effet, le film porte deux sujets importants de l’adolescence : la sexualité et les réseaux sociaux. On comprend vite qu’en réalité Marco semble être bien plus à la recherche de sexualité que de véritables relations sentimentales. Et le thème de la sexualité n’est pas simplement brièvement abordé pour évoquer la place que cette dernière occupe dans la vie adolescente. Il est au centre du récit en quasi-permanence. Tout semble tourner autour des relations sexuelles de jeunes adolescents dans lesquelles la femme n’occupe qu’un rôle passif. Le film pourrait aborder la question des relations sexuelles sous l’angle de l’éducation, ou bien ouvrir la réflexion sur leur normalisation culturelle. Au lieu de ça, le récit s’articule uniquement autour du désir de se construire dans le cadre d'une hiérarchie sociale basée sur sa capacité à séduire et à avoir des relations avec des individus.

Par ailleurs le thème des réseaux sociaux et de la place qu’ils occupent dans le quotidien de la jeunesse ne semble porter qu’un unique message : les réseaux sociaux, c’est dangereux ! Jamais le film ne vient proposer un regard différent sur ces médias, autre que celui d’un instrument servant à répandre des mauvaises choses. Les téléphones portables sont par exemple majoritairement utilisés durant le film par les lycéens pour filmer leurs camarades de classe se faisant lyncher ou pour relayer des vidéos de violence. Et même les bonnes idées qui auraient pu être développées de manière intelligente sont complètement ratées. Par exemple Marcos a une passion pour les insectes, et au lieu de s’en faire une force qui le distinguerait des autres, celui-ci se contente de subir les moqueries de ses camarades sans jamais répliquer.

Il semble évident que la volonté de la réalisatrice n’était certainement pas de dire avec son film “Si tu veux réussir socialement, il faut être supérieur, se moquer des autres, et ne pas utiliser les réseaux sociaux”. Mais les enjeux du film sont portés de manière tellement maladroite que c’est presque ce que l’on comprendrait. Et l’image que le film donne de la jeunesse n’est certainement pas la plus pertinente. Définitivement Voy Por Ti est un film qui voulait raconter quelque chose, mais qui a échoué dans la façon de le faire.

Théo

Voy Por Ti (Carmen La Roche)


La critique d’Alice et Loulou qui sont allées voir un documentaire qui leur a beaucoup plu...

Plein d’enfants un singe et un château est le titre de ce documentaire espagnol sorti en 2017 ou l’on suit une grand-mère très atypique, du nom de Julita Salmerón. Elle est filmée par son fils, Gustavo, durant une période de sa vie, le tout mêlé avec des vidéos d’archives qui nous présentent peu à peu sa vie d’avant.
Le titre représente les trois grands rêves qu’elle a réalisés au cours de sa vie. Elle a eu 7 enfants, puis un singe et finalement un château. Ce dernier est un élément important du documentaire puisqu’il a longuement été habité par la grande famille et est rempli d’objets, parfois étranges, que Julita a accumulés durant les 80 années de sa vie.
Tout au long du film, Gustavo, sa mère et toute la famille recherchent dans tout ce farfouillis un objet très spécial et hors du commun que Julita a hérité de son arrière-grand-mère (nous vous laissons le plaisir de découvrir cet objet par vous-même !).
En plus d’être un film un peu inhabituel, Plein d’enfants un singe et un château est drôle et accessible à tous. C’est un feel good movie notamment grâce à Julita qui est très attachante avec  son caractère assez marqué et aigri, ce qui l’a rend drôle et pleine de vie.

Alice & Loulou

Plein d’enfants un singe et un château


 

 

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