La PAUZE - Alice Guy : la première faiseuse de cinéma

Le cinéma n’avait même pas encore 20 ans qu’une jeune réalisatrice lui donnait déjà ses futures lettres de noblesse.
Alice Guy

Avant d’être nommée directrice générale, elle était secrétaire auprès de Léon Gaumont. Quand lui priorisait la seule vente des cinématographes, elle décida de les utiliser pour raconter bien plus : des histoires. La première d’entre elles dura très peu de temps, une minute et quarante-une secondes seulement, mais assez suffisant pour la première fiction du 7ème art. Après cette Fée aux choux, née en 1896, elle s’essaya à de nombreux genres. Avec des scènes dramatiques, réalistes mais aussi comiques, elle mit en images cette vie de tous les jours grâce à laquelle les spectateurs pouvaient s’identifier. Alice Guy était alors cette créatrice d’un cinéma qui ne demandait qu’à émerveiller. C’est pour montrer cet impact et bien plus que le Zola a organisé un ciné-concert. Pour cela, deux choses simples : un accordéon et de la passion. 

Avant toute chose, l’accordéon, joué par Jacques Cambra, prenait toujours sa respiration. Quelques explications et éléments de contexte et c’était parti. L’accordéoniste « traduisait », comme il le dit, les images en musique. Et nous spectateurs, nous désinhibions le dramatique du Matelas Alcoolique avec des rires. On découvrait le thème familial avec La Marâtre, tout droit sortie des livres de contes. Puis, une parenthèse sans instrument, mais seulement Félix Mayol, chantant des Questions indiscrètes. Mais le cinéma d’Alice Guy osa aussi adapter un poème de Victor Hugo, avec Sur la barricade, où on découvrait la poésie muette mais filmée, avec un engagement propre à la cinéaste. 

Grâce à la vie qu’insufflait le musicien à son accordéon, on ressentait l’importance artistique et politique de cette « directrice de prise de vue » comme elle se considérait elle-même. Et en sortant, on prenait conscience d’avoir vécu un petit écrin de cinéma sur un grand écran. 


Mathis et Judith
 

A lire aussi