[LA PAUZE] - Festival “Sens interdits” épisode 1
21 octobre 2021
Des artistes d’Amérique latine, du Canada, de Russie, de Belgique, du Kosovo, de Grèce, du Liban, de France et encore bien d’autres pays investissent les planches lyonnaises pour vous offrir un panel de spectacles aux thèmes et mises en scène divers et variés.
Pour vous donner un aperçu, les membres de La Pauze ont assisté à deux représentations la première semaine, Space Invaders et Fuck me, on vous raconte.
Space Invaders
“Space Invaders” est une pièce chilienne qui aborde avec beaucoup de profondeur les traces qu’a laissé la dictature de Pinochet dans la mémoire de quatre femmes. C’est une pièce qui mêle l’intime au politique. Elles dévoilent leurs rêves en tentant de retracer leur enfance quand elles avaient 12 ans et ne comprenaient pas encore tous les enjeux de ce monde d’adultes qu’elles voyaient pourtant changer sous leurs yeux.
Un cinquième personnage est également omniprésent dans cette pièce et se manifeste à travers des lettres. C’est Estrella, probable référence à l’étoile du drapeau chilien, qui était une camarade de classe des quatres filles mais aussi la fille d’un gradé de l’Etat qui assassinera trois militants communistes. Nous traversons différents chapitres de la vie de ces filles illsutrés par une voix robotique qui énonce une série d’instructions à chaque étape de leur vie. Cette voix couplée au grand écran qui sert de toile de fond sur lequel sont projetés les extraterrestres verts du jeu vidéo Space Invaders permettent une mise en abîme forte entre le jeu vidéo auquel elles jouaient enfant chez Estrella et leur vie comme une succession de niveaux de plus en plus difficiles.
Fuck me
Dans un tout autre style “Fuck me” aborde aussi la thématique de la mémoire mais parle surtout de la mémoire que garde le corps des étapes qu’il traverse. Marina Otero, la metteuse en scène, se livre à nous, elle se raconte, elle nous retrace son histoire depuis que son corps ne peut plus être son outil de création.
Trop abîmé par tout ce qu’elle lui a imposé en tant que danseuse elle se retrouve enfermée dans son propre corps qui doit être opéré de la colonne vertébrale. Pendant sa convalescence elle rassemblera ses forces pour écire “Fuck me”. Ecrire le spectacle c’est une chose, maintenant il faut l’incarner. Elle, elle en est incapable alors elle va faire appel à cinq comédiens.
Des hommes. Entièrement nus sur scène ils dansent, chantent,bougent et suivent à la lettre les ordres de Marina Otero. Ils sont son corps, elle les dirige. En fond, un écran sur lequel sont projetées des vidéos de Marina à différents moments de sa vie, quand elle voit sa grand-mère, quand elle danse étant plus jeune, quand elle s’entraîne en tant que danseuse et répète inlassablement les mêmes figures qui ont détruit son dos. Ces moments de vie, ses Pablo, comme elle les appelle, les incarnent sur scène pour elle, essayant d’imiter au mieux les mouvements de Marina.
“Fuck me” c’est une performance artistique, c’est une pièce qui nous raconte une histoire mais surtout qui nous fait ressentir. Grâce aux musiques et aux jeux de lumière, on assiste parfois à des scènes dont on ne saisit pas nécessairement le sens mais qui touchent nos sens et notre imaginaire.
C’est une pièce que l’on a vraiment aimé grâce à la mise en scène, absolument magnifique de certains passages ; notamment celui sur la musique “Requiem for a dream”, qui était à la fois époustouflant et terrifiant, mais aussi de par le thème abordé et la manière dont il a été traité.
La pièce parlait du rapport plutôt sombre que l’on a avec notre corps en mettant en scène plusieurs discours sur les pensées les plus profondes et presque haineuses , que certains ont sur leur physique.
Enfin, on ne pouvait pas finir sans mentionner les musiques sublimes choisies pour “Fuck me”. Voici le titre de celle qui a ouvert et clos la pièce : Yo te amo de Sandro que Louise écoute en boucle depuis.
Ces deux pièces, chacune à leur manière nous font entrer dans l’intimité des personnages. On a pour eux une forme d’empathie mêlée d’admiration. Après deux pièces comme celles-ci, on n’a qu’une hâte, découvrir le reste de la programmation de Sens interdits pour vivre encore des moments d’émotions.
A très vite pour l’épisode 2 !
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Sarah & Louise