LA PAUZE - A 19 ans, je suis allé en Suède à vélo
25 mai 2022
Je m'appelle Arthur Pougnet, et il y a quelques mois j'ai parcouru plus de 2 400 kilomètres, traversé 7 pays et j'ai rencontré sur le chemin près d'une centaine de personnes, le tout, sur un vélo et sans argent.
Pourquoi ?
J'aurais du mal à expliquer ce qui m'a poussé à faire tout ça. Je pourrais me contenter de dire qu’admirant des personnes comme Nans Thomassey et Guillaume Tisserand-Mouton (de l'émission "nus et culotté") traversant des pays en stop en partant complètement à poil, ou d'Edward Pratt (de la chaîne Youtube Ed Pratt) ayant fait le tour du monde sur un monocycle à 19 ans lui aussi, je n'ai tenté que de vivre pleinement l'expérience qu'ils essayent de nous transmettre en vidéos. Ce serait en partie vrai, mais ce serait aussi négliger la raison la plus importante de mon départ : L'envie de me mettre en danger, de plonger dans l'inconnu, sortir de l'angoisse du confinement et du sentiment d'être perdu dans mes études.
De cette angoisse est née une plaisanterie au sein de mon groupe d'amies. À la fac, je ne suivais que les cours de suédois. Où je m'étais inscrit un peu par hasard d'ailleurs et en plus, j'y allais à vélo. Un jour, au détour d'une conversation, un de mes amis me dit : «Arthur, lui il va en suède à vélo toutes les semaines !".
Bon ! Vous connaissez la suite.
Le départ !
Après avoir définitivement lâché la fac et une fois le confinement levé, j'ai travaillé en tant qu'animateur pour me payer un vélo et du matériel de "trekking"(le nom donné aux randonnées à vélo de longue distance). Le 27 septembre, je suis parti avant que le soleil ne se lève. Le guidon tourné vers Stockholm, la blague n'en était plus une.
Les premiers jours furent éprouvants : 8 heures de vélos par jour, sans toujours avoir la garantie de trouver un endroit où dormir la nuit. J'ai dormi deux fois à la belle étoile et en quelques jours, j'ai atteint Paris. Une fois sur la capitale, une amie m'a hébergé et je suis tombé malade ! Horrible ! Je devais attendre quelque jours avant de repartir et ce n'est qu'au bout de dix jours, deux tests PCR et une visite médicale que j'ai pu le faire ! Enfin !
Trois jours plus tard, Bruxelles. Une semaine et c'est Amsterdam, puis Bremen, Hambourg, Copenhague… J'arrive à Helsingborg ! En Suède ! Les jours et les villes me semblaient défiler de plus en plus vite et pour cause on était en novembre, un mois et demi avait passé depuis le premier coup de pédale.
Coup de blues
J'ai un peu mal au cœur d'abréger autant le trajet jusqu'ici, quand j'arrive en Suède mon carnet de voyage est déjà bien rempli, j'ai des dizaines et dizaines d'anecdotes et d'histoires qui mériteraient d'être racontées. Mais en plus de ne pas pouvoir faire un choix parmi toutes, ce que j'aimerais vous partager dans ce texte, c'est l'état dans lequel je me suis retrouvé, en ce mois de novembre, sur les routes suédoises où la nuit tombe à 16h.
Après plus de 40 jours sur les routes, la frontière entre être l'original ou un marginal est devenue floue. Pour tout dire, je m'étais habitué à ma situation. Ne pesaient même plus sur mes jambes les 30 kilos de bagages et le pire dans tout ça, je ne m'émerveille plus devant les paysages et la bienveillance des gens qui m'accueillent chez eux. Ajoutez à ça le coup au moral qu'administre des journées de 5 heures et le fait que j'avais trouvé une offre d'emploi qui me permettait un retour en Suède au printemps si je l'accepte.
Un retour difficile
J'ai fini par me résigner à rentrer, j'ai été pris en pickup stop jusqu'au sud de l'Allemagne et j'ai traversé la suisse en quelques jours. Enfin, j’ai fini par un 165 kilomètre en 10h, Genève- Lyon. Je retrouve ma famille et mes amies avec une petite barbe de 2 mois, des jambes en acier et le moral dans les chaussettes. Je m'occupais comme je pouvais pendant que tout le monde avait cours ou était au travail. J’en ai profité pour reprendre le dessin, dans le but d'intégrer une école d'Art en septembre, mais dans quelques mois, je serai de retour en Suède, puisque j'ai alors accepté l'offre.
Et maintenant
J’écris depuis Åsljunga, où je travaille depuis le 20 avril, au sud de la Suède (cette fois j'y suis allé en avion). J'ai aussi été pris dans l'École Emile Cohl à Lyon pour la rentrée et j'essaie de continuer à m'investir dans la vie de Villeurbanne depuis où je suis en écrivant pour la Pauze que j'avais rejoint avant mon voyage.
Malgré la petite touche de mélancolie, ce fut l'aventure la plus incroyable de ma vie. J'y ai appris beaucoup, j'ai rencontré des personnes formidables, vécu des moments inoubliables et sans doute qu'un jour je partirais pour d'autres destinations. En attendant un sauna m'attend !
Un peu de philosophie pour terminer !
Pour conclure, je citerai un marin qui m'a accueilli dans son voilier à Amsterdam:
"Il faut avoir plus peur que le vent ne s'arrête que de la mort pour vivre".
Voyagez !
Arthur Pougnet