Retour sur le ciné O’Clock

Du 7 au 9 octobre s’est déroulé le Ciné O’Clock, le festival du cinéma britannique et irlandais, au cinéma Le Zola. La Pauze a assisté à plusieurs de ces projections et vous fait aujourd’hui un retour sur ces films !
Retour sur le ciné O’Clock

Wildfire

Wildfire est un film Irlandais où l’on suit les retrouvailles de deux sœurs nord-irlandaises, Lauren et Kelly, après que cette dernière ait disparue pendant un an. Les sœurs sont liées par un passé difficile et la mort inexpliquée de leur mère. Le retour de Kelly va faire émerger de nombreux souvenirs et émotions, mais également beaucoup de rumeurs dans leur ville natale, qui vont les pousser à leurs limites. Les deux femmes vont essayer de s’en sortir et de se reconstruire, entre dispute et solidarités.

Ce film s'ancre dans l’histoire difficile de l’Irlande du Nord, avec un père tué par l’IRA. Une perte qui explique de nombreuses choses quant au fonctionnement de la famille. Le film évoque également le Brexit avec le retour d’une “hard border”, une vraie frontière entre Irlande du Nord et Irlande du Sud. Cette séparation fait émerger à nouveau des conflits dans le pays, qui vont impacter plus d’une fois les jeunes femmes tout au long du film.
Un film fort en émotion et très difficile, avec un jeu d’acteur troublant de réalisme. La relation de Lauren et Kelly nous montre bien la complexité des rapports familiaux, où prône quand même une vraie solidarité fraternelle plus que présente dans le film. Solidarité qui s’oppose aux conflits et à la séparation du pays.

Wildfire


Une image du film dans une scène simple et joyeuse où l’on voit bien cette relation entre deux soeurs (Kelly à gauche et Lauren à droite), mais aussi l’aspect politique avec le “United Ireland Now” écrit en fond

Arracht

Arracht est également un film irlandais mais les acteurs ne parlent qu’en gaélique car le film se déroule en 1845. Le personnage principal, Colmán Sharkey et sa famille, vont connaître plusieurs drames causés par l’arrivée d’un ancien soldat, Patsy, qu’il va accueillir chez lui. Mais également par le “mildiou”, la maladie qui a touché les récoltes de pommes de terre en Irlande et a entraîné la Grande Famine. Cette famine a poussé des millions d’Irlandais à émigrer, notamment aux Etats-Unis, mais a aussi causé la mort des moins chanceux, qui n’ont pas pu partir.
Ce film montre de manière très crue la misère et la souffrance des victimes de cette période terrible de l’histoire. Il nous offre également une lueur d’espoir via les relations qui se créent entre les personnages. On notera également l'entraide qu’ils développent les uns envers les autres alors qu’ils ont du mal à trouver de quoi vivre pour eux-même.

La langue gaélique, la musique celte et les magnifiques paysages irlandais de la région du Connemara, nous plongent entièrement dans l’ambiance de l’Irlande profonde du XIXème siècle.

Arracht

Ce plan est assez récurent dans le film, il illustre bien la solitude du personnage de Còlman, mais aussi sa volonté de survivre, ce bras de mer menant à la grotte où il a trouvé refuge pour échapper à la famine.

She Will

She Will est un film britannique qui raconte l’histoire d’une ancienne actrice, Veronica Ghent, qui vient de subir une mammectomie et qui part en convalescence dans un chalet en forêt avec sa jeune infirmière. Des siècles plus tôt, la terre sur laquelle elles se trouvent abritait des sorcières, brûlées sur des bûchers, mais qui semblent encore en partie habiter la forêt.

Alors que Veronica tente de se remettre de son opération, des souvenirs du passé, du temps où elle était actrice, reviennent la hanter. Desi, son infirmière, fait de son mieux pour la soutenir et va naître entre les deux femmes une relation forte, l’amitié de deux êtres qui comprennent la douleur de l’autre.

L’esthétisme de ce film est féérique, hors du temps. Alors qu’il se déroule dans notre époque actuelle, en regardant les paysages dans lesquels évoluent les personnages, on n’a pas l’impression de se trouver au XXIème siècle. On peut également noter que She Will accorde une grande place à la douleur, qu’elle soit physique ou mentale. Cela s’accompagne d’une dimension très sensorielle des images, presque charnelle. Par les sujets abordés mais également par les personnages et la place qui leur est accordée, on perçoit bien la dimension extrêmement féministe que la réalisatrice Charlotte Colbert a souhaité donner à son long-métrage.

She will

Cette image est une bonne image du côté mystique de la forêt. Desi voit s'envoler des oiseaux après que Veronica ne soir tombée un peu plus loin dans la forêt.

Les hauts de Hurlevent et Emily

Bien que de réalisatrices totalement différentes, les deux films de clôture du Ciné O’clock sont très liés l’un à l’autre. En effet, tandis que le premier, Les hauts de Hurlevent, est une adaptation du roman du même nom, le second, Emily, raconte la vie d’Emily Brontë, l’autrice dudit livre.

Dans Les hauts de Hurlevent, on suit une histoire d’amour platonique entre Cathy, jeune fille issue de l’arrière-pays britannique et de Heathcliff, garçon noir de son âge que son père a pris sous son aile. De l’enfance à l’âge adulte, des éléments vont se dresser en travers de leur chemin et ils vont se trouver séparés par des gens qui en veulent à leur idylle. Emily nous raconte pour sa part l’histoire d’Emily, une jeune fille renfermée et hors des normes habitant le même environnement sauvage que Cathy. Au milieu de ses relations familiales pas toujours évidentes, elle va faire la connaissance d’un charmant homme d'Église de son village, William. Malheureusement, comme pour Cathy et Heathcliff, Emily et William ne sont pas au bout de leurs épreuves.

Les deux films ont une approche très naturaliste et nous offrent de magnifiques images des paysages de la Grande-Bretagne au XIXème siècle. Nous sommes plongés, notamment dans Les hauts de Hurlevent, au plus près des personnages. Nous avons même parfois l’impression d’être Heathcliff, de ressentir ce qu’il ressent, de toucher ce qu’il touche… Les émotions que nous ressentons au visionnage de ces deux films sont très intenses et l’on perçoit de façon poignante la douleur des personnages, qui souffrent de trop aimer. Emily nous apporte également une représentation des relations fraternelles telles qu’elles sont vraiment, c’est-à-dire nuancées et conflictuelles. Les similitudes que l’on retrouve entre la vie d’Emily et les aventures que traversent les personnages de son roman nous permettent de comprendre plus profondément à la fois l’histoire de Cathy et Heathcliff, mais aussi les sentiments qui ont fait vibrer Emily à la fin de sa vie. Les hauts de Hurlevent sont une sorte de purgatoire de toutes les péripéties qu’elle a dû traverser.

 

Les hauts de Hurlevent et Emily

Le regard de Cathy enfant est braqué sur Heathcliff. Une image issue d'une scène très forte entre les deux personnages qui n'ont pas besoin de se le dire pour s'aimer. Leurs sentiments passent presque uniquement par leurs regards.

Les hauts de Hurlevent et Emily

Une image du film sûrement dans la scène la plus inquiétante du film, celle où Emily enfile un masque et effraye ses amis. Ces derniers la regardent avec un regard à la fois effrayé et inquiet, ce qui est bien représentatif de la façon dont ils la perçoivent durant toute l'histoire.

 

Alice et Camille, rédacteurs à LA PAUZE

 

 

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