LA PAUZE : Halloween à Villeurbanne

Aujourd’hui, mardi 31 octobre, a lieu la visite annuelle de l’appartement témoin de Villeurbanne, situé au 15 avenue Henri Barbusse. Quatre élèves de Première, Lina, Clémence, Mehdi et Amélie, ravis d’échapper à deux heures d’histoire-géo avec le sévère monsieur Goberam, profitent d’un instant d'inattention de leur guide pour prendre de l’avance sur la visite.
Halloween à Villeurbanne

Tandis que leurs camarades écoutent un commentaire sur les sanitaires, les quatre jeunes entrent donc en chahutant dans la chambre à coucher. Les voix de leur guide et de monsieur Goberam, qui l'inonde de questions, se font plus ténues. Les adolescents n’y prêtent très vite plus attention, à tel point qu’ils ne réalisent pas tout de suite qu’il n’y a plus aucun bruit dans l’appartement. Lorsque Lina se rend compte de ce silence, elle commence à s’inquiéter des conséquences que leur absence pourrait avoir sur leurs notes de cours. Les quatre amis décident de rejoindre le groupe pour la rassurer.

  Hélas, il n’y a plus aucune trace de leur classe, que ce soit dans l’appartement, ou dans les couloirs de l’immeuble des Gratte-Ciel. Ils décident de sortir, mais voilà qu’une ambiance spéciale se fait ressentir dans la rue Henri Barbusse. Aucune joie d’enfant, aucune discussion pour animer les rues. On aurait dit que la vie avait quitté chaque parcelle de l’avenue. “Les gars, venez on retourne au lycée” propose Clémence, prise par la peur dans tout son corps. Devant l’état de leur amie, tout le monde acquiesce et se dirige vers le lycée.

  En arrivant, ils croisent miraculeusement d’autres lycéens. Clémence, plus que rassurée, cours sans hésiter vers eux mais se fait stopper nette par Mehdi : “Attends, y' a un truc bizarre avec eux.” Et c’était vrai, ils avaient quelque chose de vide, d'absent dans leur démarche. Amélie, à qui la peur commençait à prendre le pas sur sa raison, décide malgré tout de se diriger, timidement, vers le groupe de silhouettes. Cette fois-ci, Mehdi n'est pas assez rapide pour la stopper. Après quelques instants, un cri sourd tonne dans les oreilles de Mehdi, Clémence et Lina. Terrorisés, les deux premiers tournent les talons pour s'enfuir, mais Lina reste sans bouger, tétanisée. Ses yeux sont rivés en direction du groupe de silhouette, et d'Amélie qui semble avoir disparu dans l'ombre. Mehdi et Clémence finissent par rebrousser chemin à contre-cœur en voyant que leur amie ne suit pas le mouvement. "Lina, il faut qu'on s'en aille ou on va finir comme Amélie", tente de la raisonner Clémence. Lina lui répond par un long silence. Clémence pose sa main sur l'épaule de son amie, inquiète. C'est alors que celle-ci se tourne brusquement vers elle, les yeux emplis de terreur. "C'est trop tard" lâche-t-elle dans un souffle.

Comme pour lui donner raison, les silhouettes sortent de l'ombre. Il s'agit bien de lycéens, mais aucun visage ne semble familier aux trois compères, excepté celui d'Amélie, éplorée. Lina, Clémence et Mehdi ont un mouvement de recul, mais l'un des lycéens les rassure d'un geste. "Ne vous en faites pas, nous ne vous ferons aucun mal" leur promet-il d'une voix aussi vide d'émotion que son regard. "Pourquoi notre amie est-elle en larmes alors ?" crache Mehdi. "Elle est en larmes parce qu'elle sait". Mehdi et Clémence échangent un regard. Ils ne comprennent pas vraiment ce qui est en train de se passer mais sentent qu'ils s'apprêtent à apprendre quelque chose qui ne va pas leur plaire du tout. Clémence ose tout de même demander d'une toute petite voix ce à quoi il fait allusion. Les lèvres du lycéen s'étirent alors en un sourire triste à en faire pleurer un bourreau. "Nous fêtons aujourd'hui nos 37 ans dans cet enfer. Et les 37 ans d'enseignement de monsieur Goberam. Bienvenue dans votre nouveau chez vous les amis".


Camille, Mathis, Louise et Alice

 

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