LA PAUZE - « Jamais Sans Toit » : Une lutte pour les familles qui dorment dans la rue.

« Un toit, c’est un droit ! », « Des papiers pour tous ! » C’est ce que l’on entendait, vendredi 18 novembre 2022, à côté de la Préfecture de Lyon. C’est ici qu’étaient réuni•es les manifestant•es du collectif Jamais Sans Toit, un collectif né dans les écoles, qui se bat pour donner un toit aux familles qui dorment dehors.
« Jamais Sans Toit » : Une lutte pour les familles qui dorment dans la rue.

Jamais sans toit un est collectif horizontal, tout le monde participe selon ses envies, son temps libre. C’est un collectif citoyen, ce sont les parents et les enseigant.es qui s’organisent dans les écoles, avec d’autres associations, comme la FCPE (la fédération des parents d’élèves), ou le CAU (collectif des associations unies) qui réunit plus de 39 associations pour le logement, notamment la fondation Abbé Pierre.

Judith pour La Pauze

« J'ai l'impression de participer à un réseau et c'est très réconfortant de voir cette solidarité de parents, de voisins, d'enseignants et de personnels, non seulement dans l'école et le collège de mes filles, mais aussi dans les autres établissements scolaires. », nous raconte une membre du collectif. « Un jour, je croise une maman que je vois tous les matins à l'école, nos filles sont dans la même classe de maternelle. La maman est en pleurs, elle me dit : "on n'a plus de maison", et je me rends compte qu'avec la petite de 4 ans, les parents dorment dans une voiture. Moi aussi j'ai une fille de 4 ans, et cette situation me fend le cœur. À partir de ce moment-là, je ne peux pas ne rien faire, alors j'en parle autour de moi, à d'autres parents, et je découvre Jamais Sans Toit. »

Quand on lui demande ce qu’il faudrait faire, elle rigole: « Dans mes rêves, j'installerais bien les enfants sans-abri au chaud, à la Préfecture, ou pourquoi pas au Palais de l’Elysée, il doit y avoir de la place là-bas, non ? En vrai, je serais heureuse de ne plus avoir d'actions à mener, si l'Etat appliquait la loi et mettait à l'abri les enfants sans toit. En-tout-cas, tant qu'il y aura des enfants dehors, nous on aura des idées d'actions. »

Judith pour La Pauze

 

Pour cette enseignante, le déclic a été ses élèves, celles et ceux qu’elle voit partir, mais qu’elle sait qu’iels ne dormiront pas au chaud le soir : « Dans ma classe j’ai des enfants sans toit. Donc le soir, lorsque l’école est terminée, on leur dit au revoir, mais ces enfants dorment à la rue, iels sont dans une cabane ou dans une voiture, et n’ont pas de solution d’hébergement. Quand l’élève que l’on a dans sa classe, dans son école, ou les parents d’élèves, le copain, la copine de son enfant n’a pas de maison, n’a pas d’endroit où dormir, quand ses droits élémentaires sont bafoués, on est obligé•es de se mobiliser, c’est compliqué de rester indifférent•e. C’est de là que naissent les mobilisations. »

Marie-Charlotte Garin, députée Nupes de la 3ème circonscription du Rhône, nous raconte pourquoi elle est à la manifestation ce soir : « On est là pour soutenir les collectifs et les associations qui sont mobilisé•es contre le sans-abrisme. Nous avons essayé de notre mieux, en tant qu’élu•es, de relayer la cause des enfants sans toit, et donc c’est dans la continuité, c’est normal que l’on soit aussi à leurs côtés, sur le terrain, en manifestation. » Elle ajoute : « C’est quand même lunaire de se dire qu’aujourd’hui, en France, sur la métropole de Lyon, on a 249 enfants à la rue. De manière générale, les enfants sont la face émergée de l’iceberg, mais le nombre de sans-abris dans ce pays, en 2022, est indigne du développement de notre société. »

Judith pour La Pauze

 

Aujourd’hui, il y a plus de places d’hébergement d’urgence, mais il est évident que ce n’est pas assez : « L’étape deux, c’est d’aller vers du droit au logement : comment on loge les gens, et comment on sort des personnes qui sont dans un éloignement et une grande précarité, pour qu’iels retournent vers l’emploi, et qu’iels puissent avoir un logement décent, une activité salariale, qui leur permettrait d’être indépendant•e financièrement. Et qu’à la fin, iels soient pleinement inséré•es dans notre société, car finalement, les personnes sans-abris ce sont les personnes à la marge, qu’on ne veut parfois pas regarder dans la rue, et je trouve ça extrêmement choquant. »

Un père de famille sans toit qui vit actuellement dans un hébergement d’urgence, dans une seule chambre pour toute sa famille, nous raconte la situation dans laquelle il est : « Lorsque l’on est en situation irrégulière ou sans-papiers, on dépend de l’hébergement d’urgence. Pour le moment, je suis logé avec l’Armée du Salut, avec un contrat qui prend fin au mois de février, et après, iels me transféreront peut-être dans un autre foyer. » Les démarches sont longues et éprouvantes, y compris pour obtenir des papiers. « Ce qui me donne la force de tenir debout, c’est surtout l’avenir de mes enfants. Je veux que mes enfants vivent bien, qu’iels puissent avoir la meilleure scolarisation possible. Oui, c’est surtout l’avenir des enfants. ».

D’après la loi, « Toute personne en situation de détresse a accès, sans aucune condition de régularité de situation, à tout moment à un hébergement d’urgence ». Il reste encore du chemin à parcourir avant d’atteindre le droit au logement, qui est un droit humain, mais qui n’est pas assez respecté. Les citoyen•nes sont mobilisé•es et le resteront !

Judith

Source : Rassemblement collectif « Jamais Sans Toit » le 18 novembre 2022 devant la Préfecture du Rhône

 

 

 

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