C’était un après-midi, dans la salle où une union venait de se promettre, que l’organiste nous a ouvert son monde. Sage cheminot qui nous a transmis, au bout de quelques questions, toute sa passion. Nous étions là, subjugués par l’aisance avec laquelle il maniait ses doigts et ses pieds, sur cette architecture qui ne paraissait alors plus du tout compliqué. 

Une tour de bois et de métal dans laquelle les mélodies se suivaient, soufflant jusqu’au ciel. Elles s’entremêlaient et étaient à l’honneur de partitions qui, sous ses doigts, laissaient leurs lignes flirter avec la terre et son contraire. Elles étaient respectées et l’on reconnaissait une passion certaine dans la voix de ce grand artiste. 

Cet homme était aussi un magicien, transformant toutes nos envies en de parfaites secondes. Tout semblait facile et aucune mauvaise jalousie n’était à déplorer, seule l’admiration pouvait rejoindre ce qui se jouait. Une musique, aussi solennelle qu’accessible se libérait au-dessus de nous, nous tendant ses notes sans timidité. 

C’était un après-midi, et dans la grande salle fermée, Frédéric Lamantia avait ouvert quelque chose. Une voie plus grande encore, de nouvelles pensées de cet instrument peu connu. A chaque note, il tentait de nous le faire apprécier, sincèrement, simplement. Alors, lorsqu’il a caché à nouveau les secrets de l’orgue, lorsqu’il est parti, refermant la porte derrière lui, cet organiste à la passion bavarde nous offrit bien plus que ce que nous étions venus chercher : une histoire qui jamais ne pourrait s’épuiser.  

- Mathis TOUATI