[LA PAUZE] - Archipel au TNP

  • Archipel au TNP
Archipel est une pièce de théâtre qui s’est jouée au TNP du 6 au 14 Novembre. Elle fait partie des événements proposés par le Théâtre National Populaire qui ont été labellisés Capital Française de la Culture. Cette pièce audacieuse mêle théâtre, skate, free ride, chant, … Une rencontre entre les cultures urbaines et le théâtre, orchestrée par le chorégraphe Nicolas Musin.
Archipel au TNP

Tout au long de la pièce 8 rideurs, 3 traceurs et 2 danseurs de hip-hop viennent ponctuer les tirades de trois comédiens à la diction remarquable. Le tout en nous offrant un ballet urbain sur les rampes qui constituent le décor. Des extraits des Villes invisibles d’Italo Calvino viennent faire écho à cette réinterprétation de la vie urbaine et ajoutent encore à la poésie de ce spectacle.

En entrant dans la salle, le décor nous met immédiatement dans l’ambiance. Les nombreuses courbes et rampes offrent tout autant de praticables pour les riders, les skateurs et les traceurs qui participent à la pièce. Les différents jeux de lumière rappellent les nuances de gris, les lignes géométriques les irrégularités et les fissures de la ville, afin de nous immerger encore plus dans l’univers urbain de la pièce.

Le texte d’Italo Calvino, livré par extraits au cours de la pièce, raconte les dérives et les défauts des villes modernes sous un regard sombre et pessimiste. Ces villes sont parfois mal pensées et le piéton lambda ne le remarque même plus à force de marcher aux mêmes endroits. Les riders et les traceurs cherchent de leur côté à sublimer les problèmes urbains. Un obstacle qui bloque le passage devient un lieu d’expression de la personnalité de chacun. La grande liberté qui leur est laissée dans la pièce laisse donc voir chez eux une identité différente, une partie d’eux-mêmes au sein de la pièce.

Cette pièce est donc réellement une lueur d’espoir pour l’avenir qui montre que même si les villes vont de plus en plus se bétonner, on peut toujours en tirer quelque chose de bien. Il est possible de prendre dans l’enfer ce qu’il y a de mieux, de le faire fructifier et lui faire de la place.

Les trois comédiens de la pièce, en dehors des riders et des traceurs, ont su s’intégrer parfaitement parmi eux. Les mondes du théâtre et de la rue sont ici parfaitement compatibles. A la manière du texte, le jeu montre qu’effectivement tout le monde peut vivre dans la coopération et qu’aucun des mondes ne veut faire disparaître celui de l’autre.

Lorsque skateurs, traceurs et rideurs envahissent la scène, c’est une multitude de mouvements qui occupe le regard du spectateur. Néanmoins, si les déplacements omniprésents sont d’une très grande beauté visuelle, on peut rester un peu sur sa faim quant aux idées de mises en scène que semblent promettre le terrain lorsqu’on rentre dans la salle. Au-delà de quelques très bonnes initiatives, comme un jeu de symétrie dans les allers-retours des rideurs, ou des skateurs qui s’envolent en prenant appui sur leurs partenaires, l’absence de situations mêlant l’utilisation purement théâtrale de la scène au skate et autres sports représentés peut se faire ressentir comme un manque. La pièce et les prouesses physiques exécutées sur scène restent particulièrement impressionnantes, mais on aurait aimé voir plus d’idées jouant avec la présence de skates, trottinettes et riders sur la scène théâtrale.

Archipel en tant que pièce labellisée Capitale Française de la Culture met en avant la jeunesse à travers le skate et les cultures urbaines, mais marie également pop culture et sensibilité théâtrale. Lors du temps d’échange, une spectatrice a fait remarquer que la moyenne d’âge était certainement moins élevée que d’habitude au théâtre.

Dans l’idée d’inviter les jeunes au théâtre, La Troupe Éphémère rassemble 34 jeunes villeurbannais.es de 12 à 20 ans qui préparent sous la direction du chorégraphe Thierry Thieû Niang et en collaboration avec la comédienne Marie Vialle le spectacle C’est tout à voir du 2 au 4 Mai au TNP.

La Pauze
Article à 3 voix : Erwan, Théo, Sarah.

 

A lire aussi