Saint-Jean : des projets d’habitants pour entretenir la flamme

Ils le disent eux-mêmes, c’est « une équipe incongrue », faite d’habitants et de professionnels. Avec tous une même envie : faire en sorte que les générations de Saint-Jean se rencontrent et pouvoir soutenir leurs projets « afin de donner de la visibilité à ce qui se fait de bien dans le quartier ».
Samira, Wahid et Gaëlle en train d'échanger avec des mamans du quartier Saint-Jean.

« On se connait depuis 3 ou 4 ans et on aime le quartier Saint-Jean et ses habitants. Avec eux, on discute beaucoup et ils nous ont fait part de leurs demandes. Alors on a voulu soutenir leurs projets », explique d’emblée Gaëlle Frebillot. Côté professionnel, elle travaille dans le social pour le bailleur Est Métropole Habitat. Mais c’est sur son temps libre, elle participe à un groupe d’habitants et de professionnels. Il y a Wahid Chaïb, du centre d’animation Saint-Jean (mais aussi membre du groupe ZenZile et réalisateur de documentaires), et Samira Yousfi, habitante membre du conseil de quartier.

« Cet été, on a poussé pour la construction d’une pergola, des bancs et des bacs à fleurs, place des Enfants du Monde. Les mamans et les mamies voulaient un lieu pour se retrouver », raconte Samira Yousfi. « On a obtenu un financement d’Est Métropole Habitat et on a discuté avec le centre d’animation Saint-Jean. On a travaillé avec cinq jeunes du quartier, des jeunes qui posent problèmes. Les jeunes ont travaillé avec les Compagnons d’Emmaüs. Ce n’était pas juste un atelier bois mais un vrai atelier menuiserie où ils ont appris  », complète Wahid Chaïb.

« Lutter contre le sentiment d’abandon »

« Les jeunes ont travaillé sous les encouragements des habitants. Quand ils ont fini le chantier, ils ont été applaudis par les mamans. Puis les anciens ont pris possession du lieu et aujourd’hui cet espace est respecté par tous », poursuit Gaëlle Frebillot. Cette approche humaine, qui part des demandes des habitants et impliquent ensemble toutes les générations, donne « de la visibilité au quartier et de l’espoir, ça permet de lutter contre le sentiment d’abandon », glisse Samira Yousfi. Elle ajoute : « Les premiers à pouvoir poser un diagnostic sur leur quartier, ce sont les habitants. Avec ce premier chantier, on a d’autres demandes : les gens veulent d’autres pergolas et une balançoire en bois. On a donc déposé un dossier au budget participatif de Villeurbanne pour continuer à agir ensemble ».

Wahid, Gaëlle et Samira sur les bancs créés cet été par les jeunes du quartier avec les compagnons d'Emmaüs.

Gaëlle estime que cette expérience lui a « fait prendre un nouveau souffle professionnel » et qu’elle a pris « du plaisir à se retrouver et à faire ensemble ». Wahid en tire la conclusion que « soit on voit des gens avec des problèmes, soit on voit des gens avec du potentiel ». Il a clairement choisi la deuxième option et veut continuer à tisser « une relation de confiance effective : créer du lien et en même temps avoir du recul ». Samira a été « touché par ces jeunes : pour les mamans et les mamies, ils sont prêts à refaire un chantier, même sans contrepartie. Ils ont montré ce qu’ils valent vraiment, ont découvert leurs possibilités et gagné en maturité ».

Les femmes du quartier ont investi la pergola tout l’été et planté les jardinières. Elles aimeraient bien une table en plus. Quant aux jeunes, ils se sont dit qu’il faudrait coudre des coussins pour améliorer le confort de leurs bancs en bois. Peut-être une nouvelle idée d’atelier intergénérationnel ? « Tout ça, c’est l’essence même de notre travail : entretenir la flamme ! »
 

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