Abanilla-Villeurbanne - 40 ans d’un pacte d’amitié pas comme les autres
14 juin 2020
Elle est la plus Espagnole des Villeurbannais, et la plus Villeurbannaise des Espagnoles ! Elle est née à Abanilla, dans la région de Murcia, située dans le sud-est de l’Espagne… Maria Padilla, 69 ans, est présidente de l’association Maison culturelle de Murcia qui rassemble aujourd’hui environ 300 familles, et qui en a compté jusqu’à 700. « Le Pacte d’amitié Abanilla-Villeurbanne a été signé en 1980, par les deux maires de l’époque Alvaro Gaona et Charles Hernu. Pourquoi ce pacte ? Parce qu’il y avait, et qu'il y a encore, une importante communauté d’Abanilla à Villeurbanne ! Une partie des familles de ce village espagnol de 5000 habitants, resté rural, est venue ici pour trouver du travail et vivre dans la solidarité », explique cette incontournable figure locale. Avec son mari, José, « On est du même village, mais on s’est rencontrés à Villeurbanne, il y a 48 ans ».
Maria, ainsi qu’une vingtaine de bénévoles assidus, n’ont eu de cesse de créer des rapprochements entre les deux villes et des liens entre leurs habitants. Au fil des années et des décennies : solidarités familiales avec des accueils durant les vacances scolaires, échanges de collège à collège, partages culturels avec des groupes de flamenco, rencontres gastronomiques, avec des paellas généreuses, etc. « Chaque année, un car part de Villeurbanne pour rejoindre une grande fête espagnole de la région de Murcia qui s’appelle Moros y Cristianos. Une tradition qui rassemble jusqu’à 20 000 personnes, durant une dizaine de jours ! C’est fondamental dans le Pacte ». Le Pacte d’amitié vit également grâce aux nombreuses activités conduites à La casa cultural de Murcia, créée en 1991, dont les locaux sont à proximité du parc de la Feyssine. Une ruche de 300 m2 dans un écrin de verdure : on y parle plusieurs langues, on coud, on cuisine, on parle des enfants et des petits-enfants, on suit des cours de gymnastique et de flamenco… En ces 40 ans du Pacte d’amitié, sur fond de pandémie mondiale, l’heure est au renouvellement et aux adaptations. « Les jeunes sont les bienvenus pour imaginer de nouvelles activités, en lien avec les anciens », lance Maria Padilla qui croit plus que jamais aux vertus de la solidarité et de la curiosité.
>> Voir la page facebook de la Casa Cultural De Mucia
DANS LE SECRET DU « SALON MAROCAIN »
Djalil Djezzar a publié en 2019 « Le salon marocain », un témoignage sur son parcours, celui d’un enfant non désiré, abusé par son père, avant, adolescent, d’être mis à la porte. Au fil de rencontres, à force de détermination et de travail, le jeune Villeurbannais se réalise dans une brillante carrière. Jusqu’au jour où il apprend que son neveu est à son tour victime d’abus sexuels. « Mon parcours m’a donné la rage pour réussir. On ne choisit pas son passé mais on peut construire son avenir. Croire en ce futur meilleur m’a sauvé. J’ai la chance d’être né en France, grâce à l’école de la République, j’ai pu m’en sortir », témoigne Djalil Djezzar. « J’ai écrit ce livre pour aider les autres. Oui, on peut aller chercher une vie meilleure », affirme cet hyperactif, qui travaille aujourd’hui comme responsable RH d’un grand groupe américain. En filigrane, l’auteur évoque sa propre homosexualité, la difficulté d’en parler, avec toujours l’ombre de ce père violent et agresseur sexuel. Le salon marocain a obtenu le prix Découverte du Prix du roman gay 2019.
« Le salon marocain », aux éditions Textes Gais (220 pages, 12€).