Christian Cordier, aveugle : « Puisqu’il faut vivre cette expérience… »

Christian Cordier habite le centre-ville de Villeurbanne depuis une quarantaine d’années. Aveugle, il a pris la décision de se « sédentariser » très vite, selon son expression, avec pragmatisme et altruisme. Il nous raconte sa manière de vivre le confinement.
Christian Cordier

« Vous savez, j’aime beaucoup l’histoire. Celle des hommes, celle de la planète aussi… Peut-être que ma curiosité pour ces disciplines me permet aujourd’hui d’avoir une certaine distance avec ce qui nous arrive… Je ne suis indifférent à la situation, je suis frappé par la souffrance ou le mal être qu’elle génère, mais au fond, je me dis : puisqu’il faut vivre cette expérience, vivons-la. Ce n’est pas simple. Mais de toute cette crise, de cette sévère épidémie, il sort déjà des aspects positifs, comme la solidarité. Beaucoup de choses vont changer par la suite », raconte Christian Cordier, aveugle depuis l’âge de 12 ans.

Il a aujourd’hui 70 ans, et c’est avec sa femme, ses deux enfants, et ses quatre petits-enfants, qu’il communique au fil des jours… Via le téléphone, comme tout le monde, mais aussi via son ordinateur équipé d’une traduction sonore. « Il y a bien plus d’informations sur la toile qu’on ne saurait en lire ! C’est inépuisable… Donc à nous de trier, de découvrir, de chercher encore et toujours des sujets qui nous intéressent ! », souligne ce kinésithérapeute qui a été formé à Villeurbanne, rue Valentin-Haüy, il y a plus de quarante ans. « J’ai choisi de m’installer près des Gratte-Ciel où je trouve tout. J’aime ce quartier. Ma cécité n’est plus un handicap… j’ai résolu un certain nombre de choses, par moi-même et avec ma femme, malvoyante ». Côté culture, ce septuagénaire, apprécie le TNP, la Maison du livre, de l’image et du son ainsi que le musée des Beaux-Arts, à Lyon, où les personnes aveugles ont toute leur place… 

C’est donc doté de sa solide curiosité, « une chance », note-t-il, qu’il prône par ce temps de privation, « une évasion imaginaire, intellectuelle, qui va de pair avec un confinement qui doit être maximal, et responsable ».

 

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