PLAN SOCIAL A GENERAL ELECTRIC - Le maire de Villeurbanne alerte le premier ministre sur les suppressions de poste

Dans une lettre co-écrite avec le sénateur du Rhône Gilbert-Luc Devinaz, Cédric Van Styvendael a appelé le ministre de l'Economie à faire respecter les engagements pris en 2015 par Général Electric, qui vient d'annoncer un plan de restructuration.
Céric Van Styvendael et des membres de l'intersyndical du site General Electric Grid Solutions le 30 septembre 2020

Cédric Van Styvendael et des membres de l'intersyndical du site General Electric Grid Solutions le 30 septembre 2020

Le groupe General Electric a annoncé jeudi 15 octobre un plan de restructuration de ses filières Hydro et Grid Solutions au niveau européen, menaçant 753 emplois en France, notamment à Villeurbanne et à Saint Priest. Dès la fin du mois de juillet, le maire de Villeurbanne avait déjà fait part de ses inquiétudes au ministre de l'économie. Le 30 septembre, le maire de Villeurbanne avait reçu l'intersyndical du site General Electric Grid Solutions pour affirmer son soutien aux salariés et son opposition aux suppressions de postes.


La lettre de Cédric Van Styvendael et Gilbert-Luc Devinaz

Villeurbanne, le 15 octobre 2020

« Monsieur le Ministre,
Une crise économique et sociale d’une ampleur inédite est en train de frapper la France. Vous le savez, de nombreux plans sociaux sont annoncés entraînant une augmentation des licenciements.
Une alerte vous avait été adressée en juillet dernier concernant nos craintes au sujet du groupe General Electric dont plusieurs sites sont présents dans notre département. Malheureusement, le groupe annonce aujourd’hui un plan de restructuration de ses filières Hydro et Grid Solutions au niveau européen, menaçant 753 emplois en France, notamment à Villeurbanne et à Saint Priest. Malgré la promesse de créer 1000 emplois en France dans la foulée du rachat d’Alstom Energie en 2015, le groupe a multiplié les plans de licenciements depuis 2016. A ce jour, General Electric a déjà supprimé plus d’un millier d’emplois en France et ne fait plus de mystère de sa volonté de recentrer ses activités vers des pays à bas coût de production. Quant au SuperGrid Institute, inauguré sur le site Villeurbannais en avril 2019, il sera fragilisé et son activité de recherche sera aussi à terme délocalisée.
General Electric est dans une logique purement financière. Pourquoi remettre à flot financièrement une entreprise qui sera vidée de sa substance ? L’entreprise devient une coquille vide industrielle, démantelée secteur par secteur dans l’indifférence totale. Il est envisagé :
-    Le transfert de la production des disjoncteurs de Villeurbanne vers l’Italie et la Chine
-    Le transfert de l’unité de Services de Saint-Priest à Aix-Les-Bains et en Allemagne
-    Le transfert d’une partie des activités de Recherche et Développement vers l’Inde
-    L’arrêt de l’activité des transformateurs de mesure non conventionnels
-    La baisse des investissements de recherche et développement
Cette destruction progressive des outils de production et des savoir-faire menace directement notre capacité à relever les défis de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique. A quoi bon installer des panneaux solaires, si nous ne disposons plus du savoir-faire de la distribution du courant continu ? Nous avons développé les outils technologiques, formé les meilleurs ingénieurs, investi largement dans des équipements derniers cris encore salués par notre Président lors de sa visite à Villeurbanne en juillet 2019. Et pourtant, nous laissons aujourd’hui toutes ces activités quitter le territoire. A l’heure de l’hyper-dépendance au système productif mondialisé, quelle autonomie stratégique dans le secteur de l’énergie souhaitons-nous développer ?
Sans oublier l’indépendance nationale des secteurs stratégiques comme le secteur militaire. Aujourd’hui, le matériel est construit sur place pour des ressources clés tel le porte-avion Charles-De-Gaulle.
L’Etat doit aujourd’hui prendre toute mesure conservatoire pour protéger les outils productifs et les savoir-faire indispensables à la maîtrise par la France de sa filière électrique.
Comment l’Etat va-t’il faire respecter les engagements consentis par General Electric et figurant dans l’accord du 4 novembre 2014 ?
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de notre haute considération.
»

Cédric Van Styvendael, mairie de Villeurbanne, et Gilbert-Luc Devinaz, Sénateur du Rhône

 

 

 

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