Portrait | Abdel Manie : champion d'altruisme
1 décembre 2022
Abdel Manie, directeur de l'Usep Villeurbanne, au cross "contrat" de la Feyssine
Petit, il rêvait d’être médecin ou vétérinaire pour, déjà, prendre soin des autres. De son enfance dans une fratrie de quatre et de sa mère assistante maternelle, Abdel Manie acquiert une sensibilité affirmée en faveur de la solidarité et du collectif. À 17 ans, il passe le BAFA et travaille à la Maison de l’enfance de Croix-Rousse en parallèle de ses études de biologie. « Le problème c’est que je préférais aller travailler plutôt que réviser mes cours » plaisante-t-il. Abdel Manie se réoriente donc dans l’animation et la gestion des activités physiques, sportives et culturelles : « Je rêvais d’ouvrir un centre de loisirs accueillant avec les autres des enfants en situation de handicap ». Il a d’ailleurs été éducateur dans un institut médico-éducatif, auprès d’enfants et jeunes adultes atteints de cécité, avant de devenir coordinateur périscolaire dans les écoles villeurbannaises, en charge pendant sept ans des activités du midi et du soir : « Ma priorité c’était que les enfants mangent dans de bonnes conditions et qu’ils aient accès à une offre de loisirs qui leur convienne », deux fondamentaux qu’il défend toujours.
Envisageant un temps une reconversion dans l’événementiel, Abdel Manie devient finalement directeur de l’USEP Villeurbanne à 32 ans. Un rôle qu’il embrasse 70 heures par semaine avec passion et modestie, ne tarissant pas d'éloges quant au travail des éducateurs, des bénévoles, du bureau de l’association. Ancien « allergique au sport », il est désormais le premier à aller sur le terrain, où il conçoit les activités physiques et culturelles comme un moyen de sensibiliser les enfants à prendre soin d’eux et un outil au service de la transmission des valeurs qu’il partage avec l’USEP : « Le vivre ensemble, l’égalité des sexes, l’inclusion notamment de personnes en situation de handicap et la citoyenneté, pour que tout le monde puisse débattre librement ».
Le “cross contrat” de l’USEP a réuni en octobre 4 200 enfants scolarisés dans les écoles de la Ville. Ici, pas de premier, l’objectif des élèves est de parcourir la distance qu’ils ont choisie au préalable. Tout le monde sort gagnant !
Des enfants sportifs ET citoyens
Abdel Manie croit en « l’effet colibri » de l’USEP, soit l’impact que chaque animateur et animatrice peut avoir sur le devenir des enfants. « Il me paraît primordial de mettre les enfants au centre des décisions et de les accompagner dans leurs choix plutôt que de leur imposer les choses ».
En pratique, cela se traduit par des projets tels que l’assemblée citoyenne de l’USEP, qui a regroupé fin novembre une trentaine d’enfants de 6 à 12 ans pour leur permettre d’exprimer leurs idées et débattre de leurs envies d’activités. Poursuivant ses engagements en faveur de l’égalité des chances, l’USEP s'investit cette année dans le projet national Savoir rouler à vélo. Après 12 heures de formation sur 3 mois, 72 élèves de CM1 et CM2 des écoles Louis-Armand et Saint-Exupéry passent leur « permis vélo » en décembre. En 2023, Abdel Manie espère aussi pouvoir sensibiliser les enfants sur l’importance d’une alimentation adaptée à la pratique sportive.
Son regard sur Villeurbanne : « une ville qui a du culot »« Je me suis installé à Villeurbanne à 17 ans et je suis tombé amoureux de cette ville que je n’ai plus quittée. Non seulement la culture y est hyper développée, le sport également avec de nombreuses installations mais surtout c’est une ville riche en associations et qui fait de l’éducation une priorité. Tout ça compte beaucoup pour moi parce que ça fédère, ça réunit une grande diversité de personnes. Cette mixité, on la retrouve au quotidien dans les vies de quartiers dont certains fonctionnent presque comme des villages, tout en étant liés les uns les autres. Les étudiants côtoient les séniors, des personnes issues de différents groupes sociaux se croisent, et l’alchimie fonctionne. Et puis la Ville a le culot de porter franchement certaines valeurs en abordant des sujets comme l’égalité femmes-hommes dans ses campagnes de communication, ou en invitant les gens à se renseigner sur certains sujets comme l’alimentation locale et de saison ; c’est aussi ce qui fait que je m’y sens bien. » |