C’est l’aboutissement de plus d’un an de travail ayant mobilisé les habitantes et les habitants bénévoles du quartier, les acteurs économiques, les services de la Ville et de la Métropole de Lyon. Mercredi 14 décembre, le quartier des Brosses a été retenu par le ministère du Travail, du plein emploi et de l’insertion pour intégrer l’expérimentation nationale « Territoire zéro chômeur longue durée ». C’est la deuxième candidature villeurbannaise retenue, après Saint-Jean en 2016, pour ce projet visant à proposer un emploi durable à toute personne habitant le quartier et au chômage depuis plus d’un an.

Des activités pour tous et toutes

Suite à la décision du ministère, le maire Cédric Van Styvendael et Matthieu Garabedian, adjoint délégué à l’innovation, au développement social, aux biens communs et aux solidarités, ont salué l’investissement des habitantes et habitants du quartier, membres du groupe pilote, et de tous les partenaires sociaux, entreprises et services municipaux réunis pour porter cette candidature. « Nous sommes la seule ville avec Paris à obtenir une deuxième habilitation, qui nous permet de décupler notre action sur le terrain pour lutter contre le chômage de longue durée à Villeurbanne », a rappelé le maire.

L’expérimentation Territoire zéro chômeur consiste en effet à créer une entreprise proposant des emplois durables à tous les volontaires. Seuls deux critères comptent pour le recrutement : habiter le quartier et être au chômage depuis plus d’un an. Les activités de l’entreprise sont développées sur la base des compétences de ses salariés et des besoins identifiés sur le territoire. Marilyn Henri, habitante membre du groupe pilote, explique : « L’idée est de trouver des activités et des services qui manquent dans le quartier, en s’appuyant sur les demandes des habitants, mais aussi des salariés des entreprises partenaires. On a déjà pu mettre en place des services de couture, un atelier de réparation de vélo, une conciergerie d’entreprise, et on a encore plein de projets pour la suite. Pour le moment, nous sommes bénévoles mais cette habilitation va permettre de créer l’entreprise à but d’emploi Bross’Up et de proposer des CDI à temps choisi. »

Pour Fatima Beddar, la notion de temps choisi est un des éléments essentiels du projet : « Je suis maman de trois enfants, aussi, comme beaucoup d’autres mères dans le quartier, j’ai besoin d’un emploi de temps adapté. Je suis couturière depuis que j’ai 18 ans, alors j’ai participé à monter l’atelier de couture. Pour le moment on propose essentiellement des retouches et de la réparation mais avec Bross’Up et les locaux dont on va disposer, nous pourrons aussi confectionner des vêtements ».

^{©  Alexandre Boissot}

Un nouveau souffle pour le quartier

L’entreprise Bross’Up, présidée par Jean-Paul Veyrat, est entourée de partenaires comme le CCO, la maison sociale Cyprian Les Brosses, les entreprises Safran, Emerjean ou encore Supergrid. Elle va ainsi développer, dans les cinq ans à venir, une laverie solidaire, une conciergerie d’entreprise, un atelier de retouche et de confection couture, un atelier de réparation vélo, des services aux personnes âgées et/ou à mobilité réduite, un atelier de réparation et de recyclage de mobilier. L’entreprise disposera d’un local de production rue de la Poudrette et d’un espace au sein de la résidence Saint-André, dans lequel sera installé un tiers-lieu solidaire avec un pôle « conciergerie » et « multiservices ».

Pour Bénédicte Lescure, qui s’est retrouvée au chômage pendant le premier confinement alors qu’elle venait tout juste de s’installer dans le quartier des Brosses, « c’est un projet qui crée du lien et qui va redonner vie à ce quartier plein de potentiel. C’est avant tout une expérience collective très riche, qui montre que quand on est motivé et qu’on s’investit ensemble on peut faire de belles choses et qu’on peut sortir les invisibles de la précarité ».