Pour fuir la chaleur des bureaux, Nawel Cazalis et Anaïs Moura se sont réfugiées sur la terrasse ombragée des locaux partagés de la rue Louis Becker, où la compagnie Ariadne s’est installée en 2015. Les deux jeunes chargées de mission planchent sur l’organisation du festival « Les inaperçu.e.s », qui aura lieu du 2 au 4 juillet prochain à Chamagnieu, dans le Nord-Isère, dans le cadre de Villeurbanne 2022, capitale française de la culture. « La compagnie Ariadne, fondée en 1991 par Anne Courel, s’est tournée vers les ados depuis plusieurs années, un public à qui on proposait peu de théâtre. C’est ainsi qu’est né le Lab/Ado, un laboratoire de création dans le quartier du Tonkin », résume Nawel Cazalis, en charge de la communication et des actions culturelles. Partenaire du collège, de la médiathèque et de l’espace Tonkin, le Lab/Ado réunit jeunes et auteurs professionnels lors d’ateliers extrascolaires. L’envie d’aller voir ailleurs permet à l’équipe de rencontrer d’autres troupes d’adolescents lors d’un stage en Belgique, et en 2019 un premier festival international de théâtre adolescent francophone est organisé à Chamagnieu. « Cette deuxième édition proposera à une centaine d’ados de toute la francophonie des ateliers d’écriture, de théâtre, de danse. Le projet, le nom, le choix des auteurs : tout vient des ados, notamment des dix organisateurs de la troupe du Tonkin, qui mettent en avant un théâtre plus inclusif », précise Anaïs Moura, chargée de la coordination du festival.

Le programme complet : https://villeurbanne2022.fr/calendar/villeurbanne2022/un-festival-international-de-theatre-adolescent-francophone-a-chamagnieu/?fbclid=IwAR3SLeDYIafUHj8UNHuhPvkN7Uv53oqwkLoC06LRr7PcqJvWV8ghjgf6Tw8

Amine Kesouar, 15 ans, en seconde au lycée Pierre Brossolette

Lorsque j’étais en 4^ème, des anciens adolescents de la troupe de théâtre sont venus faire une présentation de la compagnie Ariadne. Je suis allé voir un atelier, puis j’ai rejoint la troupe à mon tour. C’était la première fois que je faisais du théâtre. J’ai appris des nouvelles choses, comme les italiennes, qui consistent à lire le texte sans le jouer, pour le mémoriser. Dans un des spectacles, je sautais sur la table et je criais comme pas possible. Il y a une forme de liberté et d’audace, on fait ce que l’on aime. J’ai aussi rencontré des personnes incroyables, que je n’aurais jamais pu rencontrer ailleurs. Aux vacances de Pâques, on a fait un voyage en Belgique avec les autres troupes. On a désormais un groupe sur Instagram entre tous les ados. Pour moi, l’objectif du festival, au-delà des messages que l’on fait passer, c’est que les gens s’amusent, qu’ils passent un bon moment. Cela voudra dire qu’on a réussi.

Élodie Grumelart, metteuse en scène

Suite à la première édition du festival, les ados ont très vite eu l’envie de récidiver. Je me suis retrouvée responsable de la troupe, qui présentera à Chamagnieu son spectacle, Storytime, écrit par Leila Cassar. Mon rôle consiste à faire le lien entre les ados et l’autrice, puis de les mettre en scène de façon professionnelle, en restant au plus proche de ce qu’ils ont envie de raconter. Ces ados ont des choses à dire, en général on ne leur donne pas beaucoup la parole, or le théâtre est un outil qui permet cela. Le nom du festival, Les inaperçu/e.s, est révélateur : ils ne veulent plus être dans l’ombre, mais dans la lumière.