Maurice Nouchi, citoyen combattant

Un club civique, social, et ouvert au plus grand nombre, c'est ce qu'a créé Maurice Nouchi en fondant le Taekwondo club Villeurbanne, qui est aujourd'hui encore sa « raison de vivre ».
Maurice Nouchi, fondateur du Taekwondo club Villeurbanne.

Maurice Nouchi, fondateur du Taekwondo club Villeurbanne.

Certains athlètes sont motivés par les médailles, d'autres par les records, et d'autres encore, courent après quelque chose de plus grand : Maurice Nouchi est de ceux-là. « Notre devise, c'est l'insertion par le sport. Je voulais faire quelque chose pour la jeunesse villeurbannaise, alors j'ai créé ce club pour transmettre la citoyenneté aux enfants », raconte le président et fondateur du Taekwondo club Villeurbanne. Né à Oujda au Maroc en 1937, le jeune Maurice pratique d'abord le rugby, avant d'être séduit par le karaté à l'âge de 10 ans. « Cela a changé ma vie, j'avais trouvé ma voie, dit-il. A l'école, j'étais un élève très dissipé et seul l'art martial a permis de me stabiliser : le sport, c'est l'assurance de soi, la "zénitude" et surtout la liberté ».

Ayant embrassé une carrière postale, il est muté en métropole en 1962 et pose ses valises dans le quartier des Gratte-Ciel (qu'il ne quittera jamais plus), non sans oublier son kimono, ni sa ceinture noire. Il fait alors la connaissance de Dominique Valera, légende nationale de la discipline (champion du monde par équipes 1972), un « mentor » qui l'entraîne et le prend sous son aile : « J'étais postier le jour et agent de sécurité la nuit, surtout dans les foires, les salons, les boîtes... J'ai escorté Johnny, Enrico Macias, Tina Turner... », se remémore-t-il.

Diplomatie et inclusivité

Dans les années 1980, il scrute avec intérêt l'arrivée en France d'une nouvelle sensation venue de Corée : le taekwondo. « J'ai tout de suite trouvé qu'il se distinguait du karaté. C'est bien plus qu'un sport de combat : il porte dans son ADN des valeurs de citoyenneté, de laïcité, d'égalité entre les sexes et même de défense de l'environnement », commente celui qui patientera jusqu'à l'âge de la retraite pour monter son propre club, en 1995, d'abord dans le quartier Saint-Jean, puis au gymnase Jules-Ferry, à la Perralière. 

Les enfants du Taekwondo club Villeurbanne, grande fierté de Maurice Nouchi.

Très vite, l'association de taekwondo villeurbannaise est adoubée par la fédération nationale ; plus localement, elle est soutenue par l'Office du sport de Villeurbanne et se fait une réputation de club social, où chacun est le bienvenu. Maurice Nouchi se souvient d'avoir accueilli des réfugiés des guerres des Balkans, de Tchétchénie et d'Afghanistan ; aujourd'hui, on peut s'y inscrire dès l'âge de trois ans et demi et le club est conventionné handisport. A l'âge de 86 ans, et alors qu'il songe à passer la main « d'ici un an ou deux » après encore quelques cérémonies de remises de ceintures, le président du club peut l'avouer aujourd'hui : « Même lorsque je me suis retrouvé en mauvaise posture, je ne me suis jamais servi de mon savoir en arts martiaux. J'ai toujours réussi à désamorcer les problèmes sans en venir aux mains. C'est ce qu'on enseigne dans mon club : toujours favoriser la diplomatie. »
 

A lire aussi