Performances sportives : quand les règles faussent le jeu

Comment le cycle menstruel influence-t-il les performances des sportives ? C’est ce que cherche à comprendre Jérémie Bouvier, doctorant en sciences du sport au laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM) de Villeurbanne, rattaché à l’Université Claude Bernard Lyon 1.
Asvel Villeurbanne Basket Féminin

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Les études sur le sport féminin restent très peu nombreuses, pourtant les premiers résultats de recherche tendent à montrer que les blessures musculaires sont plus fréquentes à certains moments du cycle hormonal. Jérémie Bouvier, doctorant en sciences du sport sur le campus de la Doua à Villeurbanne, étudie justement les liens entre cycle menstruel et propriétés des muscles, pour comprendre comment les hormones sécrétées pendant les menstruations agissent sur le corps et les performances sportives. 

La recherche au service des performances sportives

L’objectif, à terme, serait de pouvoir adapter les entraînements des sportives pour pallier le risque de blessure, mettre à profit les périodes favorisant la récupération musculaire, et augmenter ainsi les performances des athlètes.

Mais pour Jérémie Bouvier, au delà du sport, il s’agit également de participer à combler le manque de connaissances en la matière : “Le cycle menstruel est un facteur excluant les femmes des études sur les pratiques sportives et les propriétés musculaires, notamment du fait de la complexité des protocoles scientifiques à mettre en place. Résultat, il y a une très grande majorité d’études qui portent sur des populations uniquement masculines et un vrai manque de connaissances sur les spécificités féminines dans le domaine des sciences du sport”. 

Protocole expérimental

Pour sa thèse, le doctorant doit mener, jusqu’en 2024, une expérience auprès de 130 volontaires : il recherche ainsi “des sportives avec un objectif de compétition, âgées de 18 à 35 ans, avec un cycle menstruel régulier sans contraception hormonale, ou prenant un contraceptif oral [pilule]”. Pour connaître exactement le moment du cycle au moment des tests, il faut que les volontaires fassent une prise de sang avant chaque rendez-vous. Trois rendez-vous sont programmés pour chaque sportive au laboratoire de la Doua, pour étudier les réactions des muscles en étirement, en contraction, pendant et après un exercice physique, et ce, à trois moments différents du cycle menstruel donc. “Le protocole est assez lourd, regrette-t-il, mais ce type de recherche est primordial pour mieux comprendre ce sujet. Aujourd’hui seule une étude sur 10 porte sur des populations féminines alors que cela pourrait aboutir à des applications directes et aider concrètement les sportives”.

Plus d'informations

>Caractérisation des propriétés mécaniques du complexe muscle-tendon chez les sportives : impact du cycle menstruel et adaptation aux dommages musculaires induits par l’exercice”, une thèse de Jérémie Bouvier pour le LIBM, université Claude Bernard Lyon 1. 

>> Vous êtes sportive, compétitrice, entre 18 et 35 ans et volontaire pour participer à l’expérience ? Vous pouvez contacter Jérémie Bouvier : jeremie.bouvier@univ-lyon1.fr

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