Swann Meralli : porteur d'histoires

Scénariste de bandes dessinées, d’albums jeunesse et de courts-métrages, le prolifique auteur villeurbannais fait rire petits et grands en questionnant le monde avec bienveillance.
Swann Meralli auteur villeurbannais

Swann Meralli avec son ouvrage Appelés d'Algérie, publié après Algériennes 1954-1962

Tombé dans les livres au fil des histoires que ses parents lui lisaient quand il était enfant, les récits sont pour Swann Meralli des moments à partager et des manières de voyager. Un sentiment renforcé à l’adolescence, alors qu’il se passionne pour le cinéma, s’évade avec Les Goonies ou Willow, et découvre le jeu de rôle, pour lequel il écrit ses premiers scénarios.

Autodidacte et polymathe, il commence toutefois par emprunter la voie scientifique, étudiant le génie civil et l’urbanisme, “pas par passion mais pas par dépit non plus”. Loin de l’éloigner de sa passion pour l’écriture, cette expérience lui apprend une certaine lecture du monde, qu’il observe avec recul et méthode. N’ayant jamais cessé d’écrire, notamment pour ses tout jeunes frères, il abandonne finalement l'ingénierie pour se consacrer à son “véritable métier” et publie ses premiers albums jeunesse en 2015.

Les histoires en partage

Un livre, c’est un message que l’on porte à quelqu’un d’autre, donc le vrai travail pour moi, ce n’est pas tant d’imaginer des histoires que de les écrire pour les autres”. Doué d’une empathie colossale, Swann Meralli se fond donc dans la peau de ces autres pour les comprendre et parler leur langage. Quand il écrit pour les plus jeunes, il adopte leur référentiel et leurs expressions afin de les faire rire à gorge déployée, loin des considérations des “grandes personnes” ; pour ce faire il n’hésite d’ailleurs pas à se remettre en question : “J’ai voulu faire une histoire sur une maman qui se transforme en chanteuse d’opéra sous la douche. Mais en fait, la peur de chanter en public, c’est plus une appréhension d’adulte, donc ça ne va pas forcément faire rire les enfants”. Dans Screute cherche Scroute, il joue avec les mots pour faire bégayer les parents, rire les enfants et renforcer la convivialité de la lecture du soir.

En 2018, il fait sensation avec Algériennes 1954-1962, roman graphique réalisé avec Zac Deloupy dans lequel il revient avec finesse sur la guerre d’Algérie, du point de vue des femmes impliquées de près ou de loin dans le conflit en recueillant de nombreux témoignages. "En tant que citoyen, c'est l’œuvre dont je suis le plus fier", confie-t-il alors que vient de sortir Appelés d'Algérie, qui raconte cette fois l'expérience des jeunes appelés français.

Lire le monde à travers les yeux de l'Autre

 “Plus les gens paraissent différents de moi, plus je m’y intéresse”, explique Swann Meralli. Cette curiosité sociale, doublée d’un important travail de recherche, lui permet d’écrire des œuvres à plusieurs niveaux de lecture. Dans Al Capone, publié en août, il retrace la vie du célèbre gangster mais interroge aussi les mécanismes de la mythomanie qui se jouent dans l’édification du personnage. Il s’apprête désormais à publier Tu sais faire, avec l’illustratrice villeurbannaise Anjale, pour aborder la notion des différences et des handicaps, à destination des 5-7 ans. En parallèle, il recherche des financements et des partenaires pour réaliser son premier long-métrage d’animation, dont il a terminé le scénario, et reviendra sur la déconstruction des mythes avec un nouveau livre jeunesse, Elizabeth et Diego, dont la sortie est prévue en janvier.

Une actualité chargée pour un auteur prolifique et profondément humain, qui se saisit du mot de la fin pour inciter tout un chacun à suivre ses rêves : “L’imaginaire n’est pas réservé à une caste. L’écriture d’invention n’est certes pas facile, mais elle est accessible si on se lance. Tout le monde commence par quelque chose de nul… et ce n’est pas grave ! Au contraire, c’est en faisant des erreurs qu’on construit le reste”.

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