Incendie et dégradations à Villeurbanne : le maire, Cédric Van Styvendael dresse un bilan de la situation
30 juin 2023
Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne
Viva - Depuis deux nuits, les habitants et habitantes de Villeurbanne ont pu entendre et voir des tirs de mortier et de feux sur la chaussée, un immeuble a été incendié… Pouvez-vous dresser le bilan de la situation ?
Cédric Van Styvendael - On a vécu deux nuits particulièrement difficiles de mercredi à jeudi et de jeudi à vendredi. Il y a eu un certain nombre de feux de poubelles, quelques véhicules ont brûlé, il y a eu aussi un incendie, déclenché dans un immeuble suite à un tir de mortier qui a mis le feu à quatre appartements, ce qui a conduit au relogement de 35 personnes et quatre blessés légers sont à déplorer. Ça c’est pour la nuit de mercredi à jeudi.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une vingtaine de véhicules ont été incendiés, des commerces ont également été vandalisés et nous avons eu un départ de feu dans une école suite à une intrusion de personnes qui souhaitaient la mettre à sac.
Viva - Cette école dont vous parlez, c’est le groupe scolaire provisoire Grandclément. Que s’est-il passé exactement ?
CVS - Des individus, aux alentours de minuit, ont voulu entrer dans l’école pour y mettre le feu. Ils ont réussi à entrer dans le bâtiment en cassant les portes d’entrée, ils ont ensuite saccagé la restauration scolaire mais, grâce à l’intervention des forces de police municipale notamment, on a pu les faire fuir et ils n’ont pas pu totalement mettre le feu à l’école. Pour autant, un local, celui des personnels qui travaillent dans l’école, a été endommagé et le restaurant scolaire a également subi beaucoup de dégradations.
Nos équipes sont au travail, la directrice de l’école a pris la responsabilité de fermer l’école aujourd’hui et c’était bien normal, mais nous faisons tout pour qu’elle rouvre lundi.
Viva - Avez-vous prévu des dispositifs particuliers pour ce soir ?
CVS - Comme pour chacune des nuits, nous travaillons avec le préfet délégué à la sécurité sur un dispositif particulier. Il y a la police municipale qui est mobilisée, mais je rappelle que le maintien de l’ordre n’est pas prévu dans ses fonctions. Pour autant elle l’a fait hier soir et le refera peut-être cette nuit, mais ce dont on a besoin c’est d’une parfaite articulation entre la police nationale, les pompiers et la police municipale. C’est à ça que nous travaillons avec le préfet délégué à la sécurité, qui m’a indiqué avoir prévu des moyens supplémentaires pour ce soir, afin d’être le plus présent possible en ville.
Nous avons par ailleurs notre centre de surveillance urbaine, c’est-à-dire des personnes qui sont derrière les caméras et qui sont mobilisées tout au long des évènements pour permettre l’intervention des forces de l’ordre, à la fois en termes de sécurité, mais aussi pour qu’elles soient réactives sur les endroits qui nous sont signalés ou sur lesquels les caméras identifient des troubles.
Viva - Que souhaitez-vous dire aux habitants et aux habitantes qui s’inquiètent ?
CVS - Je veux leur dire que je comprends complètement qu’ils aient peur, que cette situation est intolérable parce que les tirs de mortiers font beaucoup de bruit et suscitent beaucoup de peur aussi quand ça arrive sur les vitres, quand ça tombe sur les balcons… On a vu ce que cela pouvait donner avec l’incendie qu’il y a eu dans la nuit de mercredi à jeudi. Donc je veux dire que je comprends leur peur, que nous sommes mobilisés, que ce soient les forces de sécurité ou tous les services de la ville, pour anticiper ces débordements, pour faire en sorte que la police nationale puisse intervenir pour les limiter. Nous sommes à leurs côtés et je comprends leur inquiétude.
Je dis aussi qu’aucune de ces violences n’est acceptable ni légitime. La colère qui a saisi le pays suite à la mort de Nahel est compréhensible, mais elle ne justifie aucun des actes, aucune des actions, aucun des incidents qui ont lieu aujourd’hui dans notre ville. Donc nous travaillons au maintien de l’ordre et pour cela bien-sûr, il faut que la justice fasse son travail. Il faut que le sentiment de justice, dont on a pu avoir l’impression qu’il n’était pas rendu, puisse exister dans la tête de celles et ceux qui sont en colère. Mais être en colère ne justifie pas de brûler un appartement ni d’essayer de brûler une école, et nous serons extrêmement vigilants cette nuit. Il y a aussi des consignes de fermeté à tenir pour que les Villeurbannaises et les Villeurbannais retrouvent le calme dans leur ville, parce que ce n’est pas possible de tenir plusieurs nuits comme cela.
Viva - Merci pour vos réponses Cédric Van Styvendael.
CVS - Merci à vous.