Remettre la question de l’habitat et de l’hospitalité au cœur d’un projet d’urbanisme transitoire, telle est la volonté de Villeurbanne avec le Château. Initié par la Ville et la métropole de Lyon, et porté par Est métropole habitat avec le soutien du GIE la ville autrement, le Château a ouvert ses portes à l’automne 2021.

180 personnes vivent désormais dans les 139 appartements du site. Sur place, quatre associations proposent des accompagnements à ces personnes en situation d’exil, de précarité ou de fragilité : Alynéa, Forum réfugiés, Acolea et Asvel Villeurbanne basket féminin. Le site, imaginé comme un lieu de vie et de passage ouvert sur l’extérieur, accueille par ailleurs le restaurant Chez Maguy. 

Donner les clés du château

“Trop souvent, l’accueil se fait dans des conditions très précaires, pas assez dignes", regrette Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne. "Ici on essaie de proposer plus : avoir ses clés, un espace à soi, une intimité, du temps, des liens d’attachement, pour essayer de vivre normalement.”

_{^{Une grande fête a été organisée le 30 mai pour célébrer le projet avec les habitants du Château, du quartier, les élus de la Ville et de la métropole © Julien Roche}}

À la différence d’un simple lieu d’accueil, le Château propose ainsi de véritables appartements de 30 m², dotés d’un espace à vivre (chambre/salon), d’une cuisine et d’une salle de bain, à ses résidents. Leur donner les clés d’un appartement, c’est proposer une intimité et une autonomie que ces personnes ne trouveraient pas dans d’autres lieux d’hébergement temporaire. “C’est une réponse alternative à la mise à l’abri, qui met l’accent sur l’habitat”, explique Etienne Fabris, directeur du GIE La ville autrement. “Il nous reste encore beaucoup de choses à faire bien sûr mais après un an et demi on constate que ça fonctionne, même si ça n’a pas toujours été simple au début”. 

Un lieu d'aide et de vie quotidienne

Réfugiés politiques, sans-abris, personnes en situation d’exil, jeunes sortant de la protection de l’enfance, Français, Syriens, Kurdes, Albanais, Monténégrins… Des identités plurielles cohabitent au Château, dans les couloirs des bâtiments ou à l’occasion d’ateliers, à l’image de Nino, réfugiée, qui vit ici avec sa fille, ou de Fatouma, mère elle aussi d’une petite fille de 4 mois, qui adore pratiquer le basket avec l’Asvel, une fois par semaine. “J’ai aussi participé aux ateliers bricolage, j’ai fabriqué les poubelles en bois pour les espaces extérieurs. Je ne savais pas faire, j’ai tout appris ici”, raconte-t-elle avec le sourire.

“On accompagne les résidents mais ce sont eux qui sont à l’initiative des projets qu’on réalise pour améliorer l’espace de vie”, explique Moussa Amirat, du Forum réfugié, qui anime différents ateliers au Château. 

^{Présentation des actions du Forum réfugiés au Château lors de la visite presse du 30 mai © Julien Roche}

En plus des activités, ouvertes aux résidents comme aux personnes de passage, les associations partenaires du projet proposent un accompagnement social, psychologique, juridique ou sanitaire aux habitants du Château. Acolea vient en soutien à des jeunes de 18 à 25 ans sortant de la protection de l’enfance, dont 18 sont logés ici dans le cadre du projet Logis Jeunes, “pour qu’ils et elles deviennent acteurs, actrices de leur projet de vie”. Le Forum réfugiés accompagne, protège et défend, sur place, 50 personnes issues du dispositif d’hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile.

De son côté, Alynéa, qui propose un accueil aux personnes issues de la résorption des bidonvilles, aux femmes en pré ou post maternité, victimes de violences ou sorties des réseaux de prostitution, va prochainement ouvrir un espace puériculture, pour répondre aux besoins des résidents et habitants du quartier, en lien avec des partenaires locaux. 

^{Présentation des actions de l'association Acolea au Château, lors de la visite presse du 30 mai © Julien Roche}

Un cœur de quartier pour tous et toutes

Ouvert sur l'extérieur, le projet est ainsi fort d’une grande diversité de services et d’activités profitables au voisinage, assurant ainsi la mixité des publics. Au centre du Château, le restaurant Chez Maguy, présent depuis plus de dix ans dans le quartier, accueille chaque jour des habitants ou travailleurs villeurbannais ; plusieurs animations (danse, poterie, jardinage) réunissent aussi régulièrement un grand nombre de participants. “Les personnes âgées qui habitaient ici avant le projet reviennent régulièrement pour jardiner avec les nouveaux résidents. Même si les personnes ne parlent pas la même langue, elles arrivent à se comprendre et partagent des savoir-faire”, raconte Moussa Amirat.

_{^{Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, Céline Reynaud, directrice générale d'Est Métropole Habitat et Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, lors de la visite presse du Château le 30 mai © Julien Roche}}

“Le Château correspond à la politique de l’accueil à Villeurbanne : considérer les lieux d’hospitalité comme des lieux pour tous et toutes. Pas des lieux pour les pauvres ou pour les riches, mais des endroits où tout le monde peut, sinon cohabiter, au moins se croiser. Le Château, comme l’Archipel et le Phare, est un lieu emblématique de l’hospitalité à Villeurbanne. C’est aussi l’histoire de la ville : des gens qui viennent d’ailleurs, qu’on accueille et qui s’enracinent”, a précisé Cédric Van Styvendael lors d’une présentation à la presse. “Désormais, l’enjeu, c’est de développer des projets similaires sur tout le territoire.”

> Le Château, 65, rue de Chateau-Gaillard