Interview | Agathe Fort : "La santé doit être appréhendée comme un état de complet bien-être physique, mental et social"

La Ville et l'agence régionale de santé ont signé, mardi 10 octobre, un nouveau contrat local de santé, dont les mesures vont guider les politiques municipales des cinq prochaines années, en faisant de la santé un enjeu prioritaire. Agathe Fort, adjointe déléguée à la santé, à la ville inclusive et à la lutte contre les discrimination, a répondu aux questions de Viva sur le sujet.
Agathe Fort,  adjointe déléguée à la santé, à la ville inclusive et à la lutte contre les discrimination

Agathe Fort

À l'occasion de la signature du troisième contrat local de santé, Agathe Fort,  adjointe déléguée à la santé, à la ville inclusive et à la lutte contre les discrimination, a répondu aux questions de Viva.

Viva - Quel bilan dressez-vous de la situation à l’issue du diagnostic local de santé ? 

Agathe Fort - Le premier constat, c’est que Villeurbanne ressemble aux villes populaires de sa catégorie. Il persiste des inégalités, c’est d’ailleurs tout l’objet du contrat local de santé. Elles sont liées à des inégalités d’accès aux soins, elles-mêmes conséquence des inégalités économiques, de la pénurie de médecins, notamment dans les quartiers populaires, mais aussi des méconnaissances en termes de santé, ou d’un système de soin encore parfois discriminatoire - je pense notamment à certains médecins qui refusent de soigner des personnes disposant de la complémentaire santé solidaire par exemple.

Comment répondre aux attentes de la population ?

Le diagnostic nous a permis de soulever les enjeux prioritaires sur lesquels il nous faut agir. Pour répondre aux besoins exprimés par les habitant.es et par le corps professionnel, nous allons aborder la santé de manière globale, avec des actions transversales. Le concept retenu est appelé "One health" : nous partons du principe qu’on ne peut pas prendre soin des humains sans considérer l’environnement et la biodiversité au sens large du terme. La santé doit être appréhendée comme un état de complet bien-être physique, mental et social. C’est un des plus gros changements apportés par ce contrat local de santé et c’est assez novateur à l’échelle locale.

Nous allons mobiliser toutes les politiques publiques et les instances de participation citoyenne pour construire un environnement favorable à la santé, en tenant compte des relations sociales, de l’habitat, des discriminations, des transports, de l’éducation, du rapport à la nature, et ainsi construire des actions concrètes… Le nouveau contrat local de santé inclut aussi la santé mentale dans toutes les actions, sans en faire un axe indépendant, parce qu’il est primordial de traiter ce sujet au même titre que la santé corporelle, et de le déstigmatiser.

Que peut faire la Ville pour pallier la pénurie de médecins ? 

Pour être honnête, à ce niveau-là, les moyens d’action de la Ville sont assez réduits. Pour autant, on a bien conscience du problème, aussi nous allons travailler avec l’ensemble des acteurs de la filière pour rendre la ville plus attrayante pour les professionnels de santé. Cela passe par un accompagnement des professionnels à l’installation, en lien avec l’Agence régionale de santé et la CPAM, et par le soutien à la création de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) qui permettra aux professionnels libéraux de Villeurbanne de s’organiser pour répondre aux problèmes de terrain.

Certes ça ne permet pas l’augmentation immédiate du nombre de médecins mais ça permet une meilleure coordination, donc une amélioration de la prise en charge. On se positionne en soutien par le prêt de salle, l’aide au montage de dossier ou à la recherche de subventions, etc. Ce n’est pas révolutionnaire, mais en additionnant les dispositifs, on espère pouvoir faire venir des médecins généralistes, des spécialistes et des auxiliaires médicaux.

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