Les Incroyables comestibles est un mouvement né en Angleterre dans les années 1970 pour pallier le manque de nourriture et l’inflation, encourageant toutes celles et ceux qui le souhaitent à cultiver des potagers dans l’espace public. Désormais bien installé dans l’hexagone, le mouvement s’est structuré à Villeurbanne sous la forme d’une association, que Thibaud Rouyre a rejoint en 2019. « Le principe des Incroyables comestibles, c’est de faire naître des potagers urbains n’importe où, pour permettre à tout le monde, jardiniers ou non, de cueillir librement les fruits et légumes, de se servir en plantes aromatiques », explique Thibaud Rouyre. À Villeurbanne, l’association, qui regroupe une cinquantaine de membres, compte dix jardins prenant la forme de bacs de culture installés dans des squares, des parcs ou sur des places publiques. « Chaque jardin est géré par un membre référent de l’association, qui organise les sessions de jardinage, d’arrosage et d’entretien. Et la dimension sociale et pédagogique est vraiment importante, on crée surtout du lien social autour des jardins ».

^{Thibaud Rouyre, bénévole et membre du bureau des Incroyables comestibles Villeurbanne.}

Retraités, sportifs, jeunes ou moins jeunes, personnes en recherche d’emploi, tous les profils se croisent devant les bacs du Rize et du parc Jacob-Hugentobler : « On échange, on profite d’un moment en plein air où l’on peut vraiment décompresser, ne penser à rien d’autre qu’à ce que l’on fait sur le moment », souligne Thibaud. Lui a rejoint le mouvement et l’association dès son installation à Villeurbanne, pour pouvoir continuer à jardiner en ville. Désormais, c’est avec son fils de 4 ans qu’il partage ce loisir et se plaît à expérimenter : « On essaie de faire pousser des choses qui sortent de l’ordinaire, des cacahuètes, des piments, ou différentes variétés de menthe ». Le plus souvent, on retrouve dans les bacs des Incroyables comestibles des herbes aromatiques, de la moutarde et autres engrais verts en hiver, des courgettes et des fruits rouges en été, quelques fleurs pour les pollinisateurs. Avec les Incroyables comestibles, l’agriculture urbaine et raisonnée n’a jamais été aussi facile d’accès. Et si vous rejoigniez le mouvement ?

Marché aux plantes et balades comestibles

Le grand événement de l’année pour les Incroyables comestibles Villeurbanne, c’est le marché aux plantes, qui inaugure le festival Côté jardins, dimanche 21 avril sur l’avenue Henri-Barbusse. « Chaque année, on tient un stand pour échanger avec les habitantes et les habitants, et on organise des petits ateliers pour les enfants ». Au programme cette année : bombes à graines, préparation de semis, ateliers de “micro-pousse” pour faire germer chez soi des graines à consommer en salade. « On en profite aussi pour faire de la sensibilisation sur l’alimentation et rappeler ce qu’il se passe de la graine à l’assiette ». Un volet pédagogique que l’association aspire d’ailleurs à développer toute l’année, à travers des ateliers organisés avec Unis-Cité et, bientôt, des balades urbaines autour des jardins des Incroyables comestibles. 

^{L'installation de barrières autour d'un jardin Incroyables Comestibles en décembre dernier, place Balland, avec Unis Cité. @Incroyables Comestibles}

Une ville d’initiatives citoyennes

Thibaud Rouyre : « Villeurbanne est une ville qui mise sur l’écologie, pas seulement à travers de grands projets, mais aussi en accompagnant et en valorisant les initiatives citoyennes, et c’est très appréciable. Grâce au dispositif "plantations citoyennes", nous avons pu signer des conventions avec la mairie pour installer les bacs des Incroyables comestibles dans l’espace public et nous faire livrer de la terre et du paillage. Tout ce qui se passe autour du Rize est formidable aussi ! L’équipe nous fait confiance et nous laisse un accès permanent aux bacs installés dans leur jardin, ainsi qu’à du petit matériel. Évidemment, on retrouve aussi les aspects négatifs de l’espace urbain : la chaleur du bitume en été, par exemple, et le manque de civisme dans certains parcs et jardins. C’est frustrant de retrouver des bacs délabrés ou remplis de déchets quand on a pris du temps pour semer, planter, entretenir la terre… Mais on sait que ça fait partie du jeu et de notre mission de pédagogie ».