Villeurbanne s’engage pour prévenir l’entrée des jeunes dans les trafics de stupéfiants

Face à la montée du trafic de stupéfiants dans le quartier Charpennes-Tonkin et l’implication précoce de jeunes, Villeurbanne lance à la rentrée un ambitieux programme de prévention alliant éducation, accompagnement et mobilisation collective.
La préfète du Rhône et le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael lors de la signature de la convention Mildeca.

La préfète du Rhône et le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael lors de la signature de la convention Mildeca.

La problématique des trafics de stupéfiants aux abords des écoles et au cœur du quartier Charpennes-Tonkin appelle une réponse sans précédent. Villeurbanne, lauréate d’un appel à projets national de la MILDECA, mettra en œuvre dès l’automne un plan d’action de grande ampleur pour prévenir la participation des jeunes à ces trafics et soutenir les familles.

« À l’échelle nationale, nous constatons une présence croissante de mineurs dans les trafics de stupéfiants. L’idée de ce projet [...] est de limiter leur implication, de proposer des alternatives à ces jeunes et de reconquérir l’espace public », souligne Anne Laybourne, sous-préfète en charge de la politique de la ville.

Au cœur du dispositif, le développement des compétences psychosociales (CPS) chez les enfants de 9 à 12 ans dans trois écoles et au collège Bertrand-Tavernier, avec l’appui de Promotion Santé et Addictions France : affirmation de soi, esprit critique, résistance à l’effet de bande… Les enseignants et professionnels suivent des formations dédiées ; les parents bénéficient d’un « Café des Parents » mensuel animé par le Centre social et les médiateurs scolaires.

Le projet compte aussi sur des actions culturelles fortes : théâtre forum pour casser l’image séduisante du dealer, procès fictifs pour comprendre les conséquences réelles d’un engagement dans le trafic, témoignages d’anciens condamnés pour donner à voir l’envers du décor. Ces initiatives s’appuient sur la constitution d’un « réseau de vigilance réunissant institutions, associations, éducateurs et enseignants » qui joueront le rôle de sentinelles auprès de la jeunesse.

Accompagner 1000 enfants du quartier en deux ans

« Il faut empêcher les réseaux de faire main basse sur ces jeunes, et démontrer à la jeunesse que dealer, ce n’est pas un projet de vie », insiste le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael. « L'objectif est que ces enfants ne soient pas les proies des prédateurs du narco trafic qui veulent faire rentrer dès le plus jeune âge des jeunes dans le trafic [...] qui conduit systématiquement à la prison, voire même à être blessé ou tué ».

Un comité de suivi réunira acteurs locaux et dispositifs d’insertion pour un accompagnement individualisé des jeunes repérés. Enfin, l’association Robin des Villes travaillera avec les habitants pour rendre les espaces publics plus sûrs et vivants.

Pour Jérémy Flauraud, coordinateur du programme, « On veut outiller un maximum ces jeunes pour ne pas sombrer dans l’effet de bande, lutter contre l’attractivité de ces réseaux criminels, mais aussi repérer ceux qui seraient à risque de tomber dedans. On tient aussi à accompagner les familles ». Et de conclure : « On essaime des graines. Peut-être qu’on va en sauver seulement deux ou trois, mais ce sera déjà une victoire ».

Près de 1 000 enfants du quartier devraient être accompagnés sur deux ans. Avec cette action collective, Villeurbanne affirme sa volonté de protéger la jeunesse, de soutenir les familles et de redonner confiance à tout un quartier.

 

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