Tribunes des partis politiques - Viva n°340 (mars 2021)

Note de la rédaction : ces textes sont des tribunes libres, émanant des groupes politiques et publiées sous leur responsabilité. Nous les publions dans Viva et Viva Interactif, in extenso.

Maintenir un dialogue vivant

En temps de crise sanitaire, définir l’essentiel est un exercice difficile.
Alors que de nombreuses activités sociales ou culturelles sont encore suspendues, les rangeant de façon discutable dans le « secondaire », qu’en est-il de notre capacité collective à co-créer avec les habitant•es les politiques publiques qui les concernent ? Le dossier de ce Viva illustre à quel point la transition démocratique, malgré la crise, est un pilier de notre mandat. La prochaine naissance de l’Assemblée Citoyenne marquera un temps fort et concret de la vivacité démocratique de la ville.
Sans attendre, trois adjointes de notre groupe ont affirmé, dans leurs délégations (éducation, déplacements, quartier), la nécessaire prise en compte de la diversité des opinions pour travailler le sujet particulier de la sécurisation et de l’apaisement des abords des écoles dans le quartier Buers Croix-Luizet. L’école maternelle Château-Gaillard a ainsi été la première (et la démarche sera reproduite) à faire l’objet de discussions entre équipe pédagogique, parents d’élèves et riverains. Même en « visio », chacun•e a pu partager ses préoccupations, mais aussi prendre en considération les différents scénarii et contraintes techniques.
Les occasions d’expressions citoyennes ne manqueront pas : piétonisation de l’avenue Henri- Barbusse (consultation en cours sur le site de la ville), projets d’aménagements urbains… Cela concerne aussi l’ambitieux plan d’investissement du Sytral dont bénéficiera Villeurbanne lors des 6 prochaines années, pour des déplacements plus faciles et une ville plus apaisée. Dès le 15 mars s’ouvrira la concertation sur le futur tracé du tramway T6-Nord entre Hôpitaux Est et La Doua, via Grandclément et Gratte-Ciel. Cette obligation réglementaire permettra à chaque Villeurbannais•e de faire valoir ses arguments, d’apporter son expertise d’usage, pour que ces riches échanges fassent émerger une vision partagée de la desserte de notre ville dans l’intérêt du plus grand nombre.
Groupe Les écologistes

Covid 19, préférons la lutte contre les inégalités à celle des générations

Pour sortir de la crise, calculons les années de vie plutôt que les profits ! Voilà le raisonnement spécieux auquel certains intellectuels nous invitent ces derniers temps.  Le déploiement lent et confus de la vaccination par le gouvernement, les « menaces »de restrictions plus sévères, la détresse des étudiant•e•s, les plans sociaux nous plongent dans un désarroi profond. Au point de devoir arbitrer entre
« les années de vie gagnées » des plus âgé•e•s les « années de vie gâchées » des plus jeunes pour s’en sortir enfin ? Non. Ces tentatives de mise en concurrence des victimes, détestables et inopérantes par ailleurs,  occultent les réelles fractures, avant tout sociales, de nos sociétés. Rappelons que selon Oxfam, les milliardaires français ont reconstitué leur fortune à hauteur de 175 milliards d’euros, soit 2 fois le budget de l’hôpital public français, entre mars et décembre 2020. Faisons plutôt front commun pour donner de sérieuses garanties aux jeunes, pour obtenir une fiscalité plus redistributive capable d'asseoir nos services publics comme des politiques ambitieuses de transition écologique. Les parlementaires socialistes se sont saisis de ces questions, en proposant l’extension du RSA aux jeunes de 18 ans, ou encore un revenu de base inconditionnel pour tous les majeurs comme en soutenant la campagne « Un emploi vert pour tous ».
Pour résister aux divisions, il nous faut recréer du commun et du lien : le rôle de la Culture sera ici fondamental. Villeurbanne, forte de son héritage en la matière, a choisi de placer les jeunes au centre de ses ambitions. Leur parole est précieuse à la vie de la cité, leur expression doit être vigoureusement encouragée. Ce projet solidaire et participatif a été sélectionné comme finaliste de la première opération « Capitale française de la culture » 2022. Il incarne cet horizon positif commun et cet idéal de cohésion entre les habitant•e•s que nous souhaitons donner à notre action municipale.
Groupe Socialistes et citoyen•ne•s villeurbannais•e•s


Vite, une démocratie féministe !

La journée internationale des droits des femmes est l'occasion de partager notre expérience sur ce qu'est être une femme en politique. Les élections municipales nous ont amenées à interroger la direction que nous voulions donner à notre implication citoyenne et militante. Fallait-il nous présenter ?
La loi sur la parité a eu deux effets dans notre groupe. Les places sur la liste ne sont plus confisquées par des hommes, et celles d'entre nous qui se projetaient en tant qu'élues avaient désormais toute leur place pour se porter candidates. Comme les femmes volontaires ne sont souvent pas assez nombreuses pour former une liste paritaire complète, alors plusieurs d'entre nous ont été sollicitées pour s'inscrire sur la liste et, finalement, se faire élire. La loi nous a donné la possibilité d'obtenir un mandat, de faire valoir nos idées, pour six années à Villeurbanne.
Il a fallu une loi pour qu'un accès égal aux mandats électoraux existe, même si les rôles les plus décisionnaires sont encore détenus par des hommes (Président de la République, du Sénat, de l'Assemblée Nationale, 1er ministre…). Comme il a fallu une loi aux femmes pour le droit d’étudier (1881), de voter (1945), de n'être plus considérées comme une personne mineure sous l’autorité d'un père ou d'un mari (1965), de choisir si et quand avoir des enfants (1975).
La parité en politique est nécessaire. Chausser les lunettes du genre permet de voir les angles morts dans la réflexion et le ciblage des politiques publiques.
Les rôles politiques devraient pouvoir être exercés par tous et toutes, peu importe le milieu social, le genre ou le niveau d'études. La mixité permet de diversifier les points de vue, d'éviter l'entre-soi, de renouveler les pratiques, de recréer du conflit d'opinion. Elle permet l'inclusion, la coopération et la responsabilité collective.
La loi devrait permettre à toutes et tous de se projeter dans un rôle d'élu•e et découvrir être à la hauteur des tâches attendues, et de gagner en légitimité.
Groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble !


Politique pénale territoriale de proximité : Quid de la prévention ?

Sous l’égide du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD), la ville de Villeurbanne adhère à un nouveau dispositif de politique pénale territorialisé de proximité. Cet accord vise à permettre une réponse plus rapide de la justice aux infractions ; le dispositif prévoit l’association d’un représentant du Maire et d’un représentant du Parquet (spécialisé dans les questions de tranquillité publique) pour le prononcer d’un rappel à la loi et aux obligations citoyennes lors d’une audience au Tribunal de proximité. Cette politique pénale de proximité est forte de sens et à même de répondre à une demande citoyenne face à la problématique de l’allongement des délais de jugement.
Pour autant, il est intéressant d’appréhender la politique pénale territoriale de proximité d’une manière plus globale et de la lier à une actualité bruyante ; le projet de loi « Sécurité globale ». Ce projet de loi est fortement décrié, notamment parce qu’il judiciarise la police municipale en la faisant participer au travail de la police nationale. L’indispensable et nécessaire relation de proximité entre la population et sa police municipale pourrait avoir à en souffrir.
Ainsi, le renforcement du travail répressif de la police municipale par le projet de loi « Sécurité Globale » en parallèle à l’association entre mairie et parquet peut faire craindre la naissance d’une approche répressive des institutions municipales dans leur ensemble.
La sécurité et la tranquillité publique est, tant au niveau le plus local qu’au niveau national, un élément du contrat social. Le développement d’actions d’accompagnement préventives et éducatives est l’indispensable corollaire de la mise en œuvre de politiques répressives.
Groupe Génération.s


Soutenons et défendons les Réseaux d’Éducation Prioritaire !

Le concept d’éducation prioritaire connait aujourd’hui un tournant : la fin des établissements REP. Les mesures gouvernementales prévoient une suppression des aides pour ces derniers, dans des écoles où le nombre d’élèves par classe ne cesse de croître depuis 2015 dans l’académie. L’objectif du gouvernement est de modifier en profondeur la carte scolaire pour tendre à la disparition des classes REP (en ne laissant que les REP+) et pour transférer des moyens financiers des quartiers populaires vers les zones rurales.
Ces classes REP regroupent pourtant les établissements scolaires rencontrant des difficultés sociales significatives : elles sont généralement situées dans des quartiers ou secteurs isolés avec une population pauvre, qui n’a pas nécessairement accès à la diversité culturelle. Ces élèves pouvaient jusqu’alors bénéficier de moyens supplémentaires, qui permettaient notamment la mise en place des activités culturelles, sportives ou d’aide aux devoirs périscolaires gratuites ainsi que des classes à effectif réduit.
On peut par exemple voir au collège Lamartine, un parcours d’excellence qui permet à certains élèves d’avoir accès à de riches ouvertures culturelles telles que la visite du musée des Confluences, de bibliothèques ou encore la possibilité d’assister à des pièces de théâtre.
Ainsi, cette réforme diluera l’enjeu de lutte contre les inégalités sociales, d’autant plus que cette période de crise sanitaire les accentue particulièrement dans ces zones prioritaires.
A Villeurbanne, nous soutenons les mouvements de grève qui ont eu lieu le mardi 26 janvier, dans plusieurs établissements scolaires, comme le collège Lamartine, ou les lycées Brossolette et Faÿs, dans le but de revendiquer un système scolaire qui offre à chacun de ses élèves une véritable chance de réussir.
Le système d’éducation prioritaire a plus que jamais besoin de soutien, de moyens et de mesures adaptées pour offrir aux élèves de meilleures conditions de travail.
Marwa Abdelli
Groupe Cercle Radical et Place Publique

“L'Art, expression de la société”

Il y a donc un an que la Covid-19 s'est imposée sur la planète Terre, nous laissant saisis, déstabilisés, inquiets. Et nos pensées vont aux
80 000 morts qui en sont à ce jour les victimes.
En quelques mots, dans cette chronique mensuelle, nous proposons de nous attarder sur ce domaine dit ”non essentiel” et qui habite chacun de nous tout au long de nos vies. Il s'agit de la Culture, en tant que valeur fondatrice et non marchande.
Le Conseil National de la Résistance qui avait intitulé son Programme ”Les jours heureux” tout de suite après la Seconde guerre mondiale, avait créé le Secrétariat d'État à la Culture, le mettant ainsi face à la responsabilité publique. Depuis, des artistes ont donné forme à cette initiative et nous espérons qu'avec eux et leurs représentants, l'État réfléchit à un plan à moyen terme et adaptable pour la réouverture des lieux voués à la création artistique.
Si - comme il se dit - les perspectives sanitaires sont plus qu'incertaines et que ”la vie d'avant” mettra du temps à revenir, se projeter est vital. Pourquoi ? Parce que nous sommes des êtres sensibles et qu'en dehors des obligations de vie quotidienne, faire société quel que soit notre âge, est notre socle. Le supplément d'âme que nous offre la Culture nous ressource, nous nourrit, nous accompagne.
Jack Ralite, journaliste à l'Humanité et fondateur avec Michel Piccoli des Etats généraux de la Culture en 1987, avait repris dans l'un de ses ouvrages une citation de Gabriel-Désiré Laverdant (de la mission de l'art et du rôle des artistes, 1845) : ”L'Art - expression de la société - exprime son essor le plus élevé, les tendances sociales les plus avancées ; il est précurseur et révélateur. Or, pour savoir si l'art rempli dignement son rôle d'initiateur, si l'artiste est bien à l'avant-garde, il est nécessaire de savoir où va l'Humanité”.
Christine Goyard-Gudefin
Groupe Communistes et Républicains


Villeurbanne, ville de culture et bientôt capitale culturelle ?

C’est à la fin du mois de mars que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, doit annoncer la ville lauréate de la première édition du label « Capitale française de la culture 2022 ».
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous vivons dans l’espoir que Villeurbanne soit la gagnante parmi les neuf finalistes, sur un total de 29 villes concurrentes.
Ce nouveau label initié par le ministère de la Culture s’inspire du programme des « capitales européennes de la culture » créé en 1985 et pour lequel Paris, Avignon, Lille et Marseille ont déjà été primées. Le Ministère précise que ce label distinguera tous les deux ans une commune ou intercommunalité de 20 000 à 200 000 habitants se démarquant par la transmission artistique et culturelle, la mobilisation des habitants, ainsi que l'implication des artistes et acteurs culturels implantés sur le territoire. Le label s’accompagnera d’une subvention d’1 million d'euros.
Nous saluons cette heureuse initiative gouvernementale, d’autant plus importante dans le contexte actuel qui impacte si durement le monde de la culture et ses acteurs. Ce label n’est pas seulement un titre honorifique, puisqu’il participe de l’effort public pour accompagner la relance dans les territoires et contribuera à les faire rayonner par la culture, comme l’a souligné la ministre.
Que Villeurbanne soit parmi les neuf finalistes est déjà une belle récompense. Voir notre ville labellisée capitale française de la culture pour cette première édition 2022 serait le couronnement de nombreuses années d’un engagement  au service de la création artistique et pour l’accès à la culture aux publics les plus divers et nombreux.
Depuis l’époque de Charles Hernu, les différentes équipes municipales ont su porter la dimension culturelle dans l’identité de la ville. Nous nous réjouissons de voir le nouveau maire et son équipe s’inscrire dans cette continuité en valorisant cet héritage, incarné notamment par la présence sur le territoire de lieux culturels prestigieux de renommée nationale.
Groupe Villeurbanne progressiste

 

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