La Ville lance une mission humanitaire et de solidarité avec le Haut-Karabagh

Villeurbanne entretient, depuis de nombreuses décennies, un lien particulier avec la communauté arménienne et avec les villes du Haut-Karabagh, Stepanakert et Chouchi, ravagées par la guerre. Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, confie à Jean-Paul Bret, ancien maire, une mission humanitaire et de solidarité avec le Haut-Karabagh. Il sera chargé d’œuvrer auprès des différentes autorités nationales et internationales pour contribuer à la protection et à l’accompagnement des populations civiles, notamment des familles déplacées par les combats. Un vœu pour « une paix juste et durable dans le Haut-Karabagh » est, dans ce cadre, présenté par l’exécutif villeurbannais au Conseil municipal du 17 décembre 2020.
Jeudi 17 novembre 2020 - Le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael annonce avoir confié à Jean-Paul Bret une mission de solidarité avec le Haut-Karabagh, en présence d'Hovannes Gevorkian, représentant en France du Haut-Karabagh, et du sénateur Gilbert-Luc Devinaz, président du groupe d'amitié inter-parlementaires France-Arménie.

Depuis des décennies, la position stratégique du Haut-Karabagh lui vaut de subir les dominations et attaques successives d’une coalition turco-azerbaidjanaise. Les combats qui se sont déroulés sur le territoire pendant six semaines, d’octobre à novembre 2020, ont été redoutablement, dramatiquement inégaux et ont conduit à des assassinats effroyables. Des milliers de soldats mais aussi des civils sont morts sous les bombardements azéris, appuyés par les drones turcs. 90 000 des 150 000 résidents du Haut-Karabagh ont été déplacés par ces combats, contraints de se réfugier en Arménie. 

Le cessez-le-feu du 9 novembre 2020 est fragile et provisoire. Les puissances régionales observent une diplomatie mouvante, qui fait peser un risque permanent de nouvel embrasement de la région. 

Les autorités arméniennes ont exprimé le souhait de voir les travaux du groupe de Minsk reprendre. Pour rappel, la France co-préside, avec la Russie et les Etats-Unis, ce groupe chargé par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de trouver une solution diplomatique à ce conflit. Les principes de Madrid que le groupe a élaborés prévoient plusieurs mesures pour parvenir à une paix juste et durable dans la région : la rétrocession à l’Azerbaïdjan de certains districts entourant le Haut-Karabagh, actée de fait par l’accord de cessez-le-feu ; la consultation des habitants du Haut-Karabagh sur le statut qu’ils souhaitent donner à leur territoire ; le déploiement d’une force multinationale d’interposition pour assurer la sécurité des populations civiles.

Une mission confiée à l'ancien maire

Compte tenu du lien indéfectible que la Ville entretient avec la communauté arménienne et avec le Haut-Karabagh, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, a décidé de nommer son prédécesseur, Jean-Paul Bret, « représentant de la ville de Villeurbanne pour le Haut-Karabagh ». Ce dernier, au cours de ses mandats de maire et de parlementaire, s’est toujours fortement engagé pour la reconnaissance par la France du génocide des Arméniens et pour la reconnaissance internationale du Haut-Karabagh.

Jean-Paul Bret sera chargé d’œuvrer, dans une visée humanitaire et de solidartié, auprès des différentes autorités nationales et internationales, pour contribuer notamment à la protection des populations déplacées par les combats. L’objectif est de les accompagner et de les aider – via l’intervention d’ONG – à se réinstaller dans leur région d’origine. 

Il s’agit par ailleurs de mobiliser des fonds et aides en matériels médicaux pour les hôpitaux de Erevan, où des centaines de soldats sont pris en charge, estropiés par des mines ou roquettes à sous munition, défigurés ou brûlés par des bombes au phosphore…

La Ville souhaite aussi mobiliser la solidarité et l’aide des habitantes et habitants de Villeurbanne qui pourraient prendre part, via des parrainages financiers ou matériels, à l’assistance de familles déplacées.

Il s’agit enfin de lever des fonds et aides à plus long terme pour que cette république puisse se relever et se reconstruire. En dépit du peu de ressources dont il dispose, le Haut-Karabagh a toujours donné une priorité à l’éducation et à la culture, placées au cœur de son dispositif institutionnel. La ville de Villeurbanne souhaite réaffirmer son soutien au centre culturel Paul-Eluard, dédié à la francophonie. Pour qu’il puisse poursuivre ses actions et continuer à offrir aux habitantes et habitants du Haut-Karabagh une ouverture sur l’Europe. 

Cédric Van Styvendael et Jean-Paul Bret se rendront ensemble, au printemps 2021, dans le Haut-Karabagh pour évaluer, sur place, les besoins des populations et définir les actions prioritaires à mettre en place pour soutenir, accompagner les habitants et tenter d’atténuer les stigmates.

Le vœu pour « une paix juste et durable dans le Haut-Karabagh » présenté par l’exécutif villeurbannais

* Que la France, co-présidente du Groupe de Minsk, relance les discussions pour une application effective des principes de Madrid encore d’actualité, notamment la tenue d’un référendum qui permettrait aux populations concernées de décider du statut final des territoires où elles résident, dans le strict respect du principe du droit des peuples à l’autodétermination, 
* que la France œuvre en faveur de la protection durable des populations civiles de la région, en demandant le déploiement d’une force d’interposition multinationale, sous égide de l’ONU,
* que le droit au retour des civils ayant dû fuir la région à la suite des combats soit assuré, 
* que la France encourage l’Arménie et l’Azerbaïdjan à ratifier la Convention sur les armes à sous-munitions, afin de protéger les populations civiles, 
* que la France encourage l’Arménie et l’Azerbaïdjan à ratifier le Statut de Rome, afin que la Cour Pénale Internationale puisse, à l’avenir, enquêter sur d’éventuels crimes de guerre ou crimes d’agression que l’une ou l’autre partie pourrait perpétrer si le cessez-le-feu venait à ne pas être durablement respecté,
* qu’à défaut, une mission d’enquête indépendante soit diligentée dans la région pour faire la lumière sur les éventuelles exactions commises, et notamment l’utilisation d’armes non-conventionnelles pendant les combat, 
* qu’un mécanisme international assurant la protection du patrimoine historique et culturel arménien dans les territoires sous contrôle azerbaïdjanais soit déployé, 
* que l’action de la France au sein des instances internationales aboutisse à une solution de paix juste et durable, négociée avec les différentes parties, et dans laquelle la République du Haut-Karabagh pourrait être reconnue selon le souhait des populations. 
 

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