Interview | Hubert Jannon : « J’ai pensé que l’histoire de la rafle méritait un livre à elle seule »
16 février 2023
Hubert Jannon devant le monument des déportés, rue Léon-Blum.
Le 1er mars 1943, à Grandclément, plus de 130 civils étaient déportés par l’armée allemande dans le camp de Mauthausen. C’est à la mémoire de ces Villeurbannais que la Ville, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, l’union des anciens combattants et l’Amicale de Mauthausen organisent, dimanche 5 mars, les cérémonies commémoratives de la rafle qui a eu lieu il y a 80 ans.
Viva - Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la rafle du 1er mars 1943 ?
Hubert Jannon - Mon intérêt pour ma commune a commencé au début des années 1980, grâce à diverses collections : cartes postales anciennes, livres, cachets postaux, etc. Quand j’ai pris ma retraite, j’ai pensé qu’il était dommage de ne rien faire de toute cette documentation. Je me suis donc mis à écrire sur des sujets totalement inédits de l’histoire de Villeurbanne. Après un premier livre sur l’aviation villeurbannaise, je me suis intéressé à la seconde Guerre mondiale, et j’ai pensé que l’histoire de la rafle méritait un livre à elle seule.
Que s’est-il passé ce jour-là ?
H.J. - La rafle a eu lieu le lundi 1er mars 1943 au petit matin et a mobilisé l’armée allemande, la Feldgendarmerie, la Gestapo et même la milice. La Wehrmacht avait connu ses premiers revers en janvier et le STO obligatoire avait été créé en février. La rafle se réalise aussi en représailles aux nombreux attentats commis dans la région lyonnaise, et notamment à Villeurbanne, où le mouvement de résistance Carmagnole opérait.
Environ 300 personnes ont été interrogées au café Jacob, sur l’actuelle place Grandclément, et 180 ont été sélectionnées pour être déportées le soir même. Les hommes étaient parqués dans la cour de l’école de l’Immaculée Conception, d’où certains ont réussi à s’échapper. Onze se sont aussi évadés en cour de route, dans le train à bestiaux entre Lyon et le camp de Compiègne. En tout, 139 personnes ont été transférées dans les camps et 74 en sont revenues vivantes.
Comment avez-vous mené votre travail de recherche ?
H.J. - J’ai fouillé dans les archives départementales et municipales, dans celles du Rize, sur des sites de déportés, auprès d’associations. J’ai surtout passé des centaines de coups de fil pour retrouver les familles des déportés. Alors que la rumeur disait qu’il n’y avait qu’un seul survivant, j’en ai retrouvé quatre, dont deux à Villeurbanne. J’ai aussi découvert que six déportés n’avaient pas été arrêtés le 1er mars, mais le samedi 27 février aux Charpennes, suite à l’explosion d’une bombe vers l’actuelle place Wilson.
Après la sortie de mon livre en 2015, le petit-fils d’un déporté m’a encouragé à faire une réédition, avec des informations et témoignages complémentaires. Elle est sortie en octobre 2022.
Vous pouvez vous procurer la nouvelle édition du livre Villeurbanne, la rafle du 01 mars 1943 auprès de l'auteur :
> 06 87 91 12 44
Commémorations des 80 ans de la rafle du 1er mars
>> Dimanche 5 mars, à partir de 11 h 30 : dépôts de gerbes sur les plaques commémoratives rues Léon-Blum et du 1er-mars.
> À 11 h 50 : cérémonie commémorative devant le monument des déportés, 3, rue Léon-Blum
> À 12 h 30 : vin d’honneur à la Maison Berty-Albrecht, 14, place Grandclément.