Nathalie Pernette : danse avec les âmes
27 février 2023
Nathalie Pernette © Sophie Faguer
Tombée dans la danse dès son plus jeune âge, Nathalie Pernette est passée par le classique, le hip-hop ou encore le modern jazz, mais c’est dans le contemporain qu’elle s’épanouit le plus. « C’est une danse où l’on invente ses propres mouvements et ses propres univers ».
Danser la vie
À 18 ans, elle quitte le foyer familial pour rejoindre une compagnie parisienne, et partage la scène avec Dominique Hervieu - directrice de la maison de la danse et de la Biennale de 2011 à 2022. Dans les années 1990, Nathalie Pernette se lance dans la création pour devenir au fil des pièces une « chorégraphe du dedans et du dehors, du solaire et de l’obscur ». Ces ambivalences, elle les doit à une curiosité sans limite et une liberté d’esprit qui la poussent à étudier toutes formes de cultures pour aborder des thématiques diverses et variées.
La virtuose du mouvement s’amuse surtout des sujets qui intriguent, qui dérangent, qui inquiètent, et qu’elle explore avec la compagnie Pernette depuis 2001. Après avoir dansé avec 50 souris vivantes dans Animale (2006), elle aborde le deuil et les fantômes dans La Figure du gisant (2015), une pièce qu’elle danse dans l’abbaye de Cluny, dans un cimetière et dans un musée vidé de ses œuvres. Un an plus tard, elle interroge les peurs et les croyances dans La peur du loup.
Désormais elle prépare Heyoka, un grand carnaval qui sera dansé avec des volontaires piochés dans chaque ville de la tournée, et dont le nom signifie « clown sacré fauteur de trouble » en Sioux. Sensible à la pensée animiste et férue d’ethnologie, elle a aussi analysé les danses sacrées du monde, dans lesquelles elle a identifié des permanences pour créer Wakan, une sorte de prière dansée occidentale qu’elle présentera également cette année. Mais avant cela, elle nous donne rendez-vous aux ateliers Frappaz pour « remettre de la danse dans la vie ».
Nathalie Pernette a improvisé une chorégraphie avec le public venu assisté à la présentation de la Biennale de la danse 2023, aux ateliers Frappaz.
Cap sur la Biennale
À un an des jeux olympiques, la Biennale de la danse 2023 célèbre le dialogue entre l’art et le sport. Invitée en tant que chorégraphe du défilé du 10 septembre pour le groupe villeurbannais, Nathalie Pernette a choisi de travailler sur les rituels qui animent les sportifs avant d’entrer en compétition. « Et quel est le rituel dansé le plus célèbre et le plus impressionnant dans le sport ? Le Haka bien sûr ! ».
Il n’en fallait pas davantage pour qu’elle s’intéresse à la culture maorie et appelle le projet Whakapapa (prononcez [Fakapapa], « généalogie ») : « L’idée c’est que l’on devienne la tribu de Villeurbanne, joyeuse, féroce et complice ». Plus de 350 habitants et habitantes, dès 10 ans, ont rejoint un des huit groupes de répétition pour préparer le défilé de septembre : « Il y aura une part de transmission mais aussi de la création avec chaque groupe et des temps d’improvisation ». Nathalie Pernette l’assure : « Tout le monde peut danser ! ».
Son regard sur Villeurbanne : une ville puissante et festive"J’ai une vision de confettis sur Villeurbanne, éparse mais festive : celle des ateliers Frappaz, de la place Lazare-Goujon, dont j’adore l’architecture, des parcs… J’aime le passé militant et l’identité forte de cette ville. Avec Whakapapa j’espère créer un Haka villeurbannais qui convoque les animaux emblématiques de la ville, qui rassemble et qui ressemble aux personnes qui l’habitent. Je l’imagine comme une démonstration à la fois de puissance, parce que Villeurbanne est puissante, mais surtout de lien et de spiritualité. Un moment d’échange et de partage entre danseurs, danseuses, costumiers, costumières, spectateurs, spectatrices… Un moment de joie et d’égalité !" |
>> Plus d’informations : mediation2@ateliers-frappaz.com