En amont du troisième contrat local de santé^*, signé par la Ville et l'Agence régionale de santé mardi 10 octobre pour une durée de cinq ans, Villeurbanne a sorti les stéthoscopes.

Le diagnostic local de santé livré par l’observatoire régional en juillet 2023 a fait ressortir plusieurs problématiques persistantes malgré les dispositifs mis en œuvre depuis le premier contrat local de santé, en 2014.

État de santé des Villeurbannais et Villeurbannaises

> En premier lieu, il apparaît que la ville souffre d’un manque de médecins généralistes et spécialisés, notamment de chirurgiens-dentistes.

> Les dépistages de certaines pathologies, notamment du cancer du sein, sont en augmentation mais restent relativement faibles et inférieurs à la moyenne régionale.

> Les taux d’affections longue durée, particulièrement le diabète et les maladies respiratoires comme l’asthme, sont plus élevés que dans la région et la métropole, tant chez les hommes que chez les femmes.

> L’obésité infantile augmente depuis le confinement, touchant toutes les catégories socioprofessionnelles, avec cependant des inégalités marquées dans certaines populations défavorisées.

> La santé mentale, elle, se dégrade dans toute la population, et plus particulièrement chez les plus jeunes.

Ces données viennent confirmer l'importance de mesures lancées, notamment, à travers les deux premiers contrats locaux de santé. Villeurbanne est en effet déjà forte d'un certain nombre de ressources de soin - comme le Médipôle Lyon-Villeurbanne ou la Maison médicale de garde -, d'un service municipal de santé scolaire et de dispositifs de prévention, tels que les programmes En forme à Villeurbanne, dont le Pass'Sport Santé, qui donne accès à des séances gratuites d'activité physique adaptée et des conseils nutrition pour prévenir le surpoids et l'obésité chez les enfants.

Pour renforcer les actions existantes, en lancer de nouvelles et continuer de lutter contre les inégalités d'accès aux soins ou d'éducation à la santé, la Ville et ses partenaires vont désormais mettre à contribution tous les acteurs de la politique locale. L'objectif : agir ensemble sur tous les déterminants de santé.

Un environnement favorable à la santé

Si nos pratiques individuelles jouent un rôle déterminant sur notre santé, d’autres facteurs, qui ne dépendent pas de nous, jouent aussi le leur. Le contrat local de santé vise donc à construire un cadre de vie favorable à la santé, pour appuyer les initiatives en matière d’activité physique, de prévention, d’alimentation ou encore de lutte contre l’habitat indigne.

"Nous allons continuer le travail engagé contre les perturbateurs endocriniens dans nos crèches par exemple, mais aussi mener de nouvelles actions pour lutter contre le harcèlement scolaire et les inégalités de genre, parce que tout cela à un impact sur la santé", détaille Agathe Fort, adjointe en charge de la lutte contre les discriminations et de la santé.

Prendre en compte tous les aspects du vivant

L'approche proposée est transversale et mobilise tous les champs d'action de la Ville. "Nous avons rencontré toutes les directions des services de la Ville pour élaborer ce contrat local de santé, explique Julien Barthod-Malat, pharmacien de formation et responsable du service promotion de la santé publique, par exemple, nous allons systématiquement intégrer un volet santé aux projets urbains, notamment en favorisant les mobilités actives et donc l'activité physique. Nous allons aussi expérimenter des zones sans tabac aux abords des écoles et continuer à travailler à réduire la chaleur en ville".

Inégalités et prévention

Comme le dépistage du cancer du sein, celui des maladies cardiovasculaire est faible chez les
Villeurbannaises. Pour pallier ce retard préventif, la Ville en lien avec le Médipôle étudient la possibilité de faire intervenir en 2024 ou en 2025 le bus du cœur des femmes sur une place publique à Villeurbanne pour proposer des dépistages cardio-vasculaires, de la prévention gynécologique, et orienter les personnes concernées vers des professionnels de santé.

Poursuivre les actions de santé scolaire

Le nouveau contrat local de santé va aussi poursuivre les actions de prévention du service de santé scolaire municipal, dans les écoles et notamment dans les quartiers les plus touchés par l’obésité infantile ou par les affections de longue durée, comme le diabète. L’objectif : sensibiliser les enfants et les parents à l’importance de l’alimentation et de la pratique sportive pour la santé physique et mentale, mais aussi prévenir l’addiction aux écrans.

_{^{La question de l'alimentation passe aussi par des actions de sensibilisation dans les écoles}}

Santé mentale et lien social

Enjeu majeur de santé globale, la santé mentale, au même titre que la santé physique, est déterminée par un ensemble de facteurs, sociaux, économiques, environnementaux, en interaction les uns avec les autres. Si tout le plan d’action de la Ville tend donc à répondre, aussi, à cette problématique, un des axes développés par le nouveau Contrat local de Santé en la matière est celui de la « santé communautaire », qui encourage la participation des habitants et des habitantes.

De premières expérimentations ont été menées au Tonkin, avec la création d’un groupe de parole citoyen réuni autour d’une psychologue municipale, pour aborder des thématiques choisies par les participants et les participantes – éco-anxiété, événement marquant, perte, deuil, etc.

Participation citoyenne

Une autre expérimentation est menée dans le quartier des Buers pour former des citoyens, bénévoles d’associations locales et professionnels, aux gestes de premiers secours en santé mentale.

Un programme en trois axes

En partant du diagnostic local de santé, la Ville a ainsi établi un programme d’action sur cinq ans (les précédents contrats
locaux de santé étaient pensés sur trois ans). Ce programme traduit les trois axes du plan de mandat : la transition écologique, en faisant de l’environnement un axe de santé publique, la transition démocratique, en intégrant davantage les citoyens et les associations aux actions, et enfin la lutte contre les inégalités de santé, raison d’être du contrat local de santé.